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Pakistan: le Premier ministre demande la dissolution du parlement

3 avril 2022, 12:49

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Pakistan: le Premier ministre demande la dissolution du parlement

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a échappé ce dimanche 3 avril, à une motion de censure, que le vice-président de l'Assemblée nationale du pays a refusé de soumettre au vote, et a annoncé dans la foulée qu'il demandait la dissolution du parlement et des élections anticipées.

Ce coup de théâtre survient alors que M. Khan était en fort mauvaise posture. Il avait perdu il y a quelques jours la majorité parlementaire nécessaire pour échapper à la chute, exigée par ses opposants qui l'accusent de mauvaise gestion économique et de maladresses en politique étrangère.

Mais à l'ouverture de la séance, le vice-président de l'Assemblée nationale, Qasim Suri, un fidèle de M. Khan, a déclaré d'emblée qu'il refusait d'examiner la motion de censure, qu'il a jugée «contraire à la constitution» et inspirée par des «puissances étrangères», provoquant un tollé parmi les députés.

Dans un discours à la télévision d'Etat quelques minutes plus tard, M. Khan a annoncé qu'il demandait au président du Pakistan, Afir Alvi, de dissoudre l'Assemblée nationale. «Nous ferons appel au public, organiserons des élections et laisserons la nation décider», a-t-il déclaré.

Le parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), a perdu sa majorité parlementaire la semaine dernière, quand un parti allié a déclaré que ses sept députés allaient voter avec l'opposition.

Plus d'une douzaine de députés du PTI ont également changé de camp, bien que la direction du parti ait essayé de les empêcher de voter par des recours judiciaires.

La police avait bloqué dimanche à l'aide de conteneurs les rues menant vers l'Assemblée nationale, alors que M. Khan avait appelé la veille ses partisans à manifester pacifiquement contre ce qu'il a qualifié de «conspiration» organisée à l'étranger pour le chasser du pouvoir.

Il avait traité ses opposants de «voleurs», de «lâches» et de «manipulateurs», et laissé entendre qu'il avait encore une carte à jouer. «J'ai un plan pour demain, ne vous inquiétez pas. Je le leur montrerai et je les vaincrai devant l'assemblée», avait-il promis.

Accusations d'ingérence

Plus tôt cette semaine, il avait accusé les Etats-Unis d'ingérence dans les affaires pakistanaises. Selon les médias locaux, il a reçu un rapport de l'ambassadeur pakistanais à Washington, qui a enregistré un haut fonctionnaire américain lui disant que les relations entre les deux pays seraient meilleures si le Premier ministre quittait ses fonctions. Washington a nié.

M. Khan accuse les Etats-Unis de vouloir son départ parce qu'il refuse de s'aligner sur les positions américaines à l'égard de la Russie et de la Chine.

Accusé par ses opposants de mauvaise gestion économique -inflation galopante, roupie faible et dette écrasante-, et de maladresses en politique étrangère, Imran Khan, 69 ans et ancienne gloire nationale de cricket, est confronté à sa plus grave crise politique depuis son élection en 2018.

Le gouvernement doit aussi faire face à la menace accrue des talibans pakistanais du TTP (Tehreek-e-Taliban Pakistan), qui ont annoncé vouloir lancer une «offensive» contre les forces de sécurité pendant le ramadan.

Les deux principales formations de l'opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP) et la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), ont dominé la politique nationale pendant des décennies, avec des périodes de pouvoir ponctuées de coups d'Etat militaires, jusqu'à ce qu'Imran Khan forge une coalition en promettant notamment aux électeurs de balayer des décennies de corruption.

Certains analystes disent qu'Imran Khan a également perdu le soutien crucial de l'armée, clef du pouvoir politique pakistanais.

Depuis l'indépendance en 1947, le Pakistan a connu quatre putschs militaires réussis et au moins autant de tentatives de coups d'Etat, et le pays a passé plus de trois décennies sous le régime de l'armée.

Aucun Premier ministre pakistanais n'est jamais allé jusqu'au bout de son mandat.