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Espèce en danger: une tortue marine tombe sous des coups de harpon à Rodrigues

28 mars 2022, 18:51

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Espèce en danger: une tortue marine tombe sous des coups de harpon à Rodrigues

Deux trous béants dans la carapace dorsale. Des traces de coups sur la tête. Une tortue imbriquée n’a pas résisté à l’attaque sauvage. La carcasse a été retrouvée le samedi 19 mars au nord de Rodrigues, entre Anse-Goéland et Pointe-Diable.

C’est Jean Rex Pierre Louis, responsable de la South East Marine (SEMPA), qui a recueilli les restes avant d’en faire part à Aurèle André, directeur de la réserve François Leguat à Rodrigues, qui a conservé la tortue sans vie en attendant de plus amples analyses. C’est avec une sensation de «mal au ventre, mal au cœur» qu’il revient sur ce «massacre».

«Nous avions déjà vu des carapaces de tortues massacrées mais jamais une tortue entière», souligne Aurèle André. «C’est évident que cette tortue a été harponnée probablement par des piqueurs d’ourites.» Son hypothèse : «La tortue aurait été vue en mer, des pêcheurs l’auraient chassée. La tortue harponnée aurait alors été blessée, mais elle n’aurait pas été capturée à ce moment-là. Elle serait morte par la suite.»

Face à l’attaque de cette tortue marine, qui fait partie des espèces en danger, Aurèle André affirme qu’il compte non seulement alerter les autorités locales, mais aussi envoyer des photos à «des experts à La Réunion». Car, a priori, cette tortue retrouvée morte ne serait «pas baguée et répertoriée dans les bases de données»

Il explique que le responsable de la SEMPA s’est tourné vers lui et la Réserve François Leguat parce que cela fait plusieurs années qu’il a collaboré à la mise en place du Comité d’action rodriguais d’études et de protection des tortues marines. «Nous n’avons pas beaucoup de moyens. Mais à travers des réunions avec des plongeurs, des pêcheurs, nous faisons un travail de sensibilisation à la protection des tortues marines. Nous agissons comme un réseau pour signaler les tortues qui sont observées à Rodrigues. Avec toutes les photos, nous essayons de constituer une banque de données.»

Fin 2021, une autre instance – Anou sov nou torti de mer – avait vu le jour pour «conscientiser les gens par rapport aux tortues marines qui viennent pondre sur les plages». Avec la promesse que le signalement de la présence de tortues marines serait récompensé.

Aurèle André indique que, jusqu’à l’heure, seules des traces de tortues marines venues pondre sur une plage à Rodrigues ont été vues, «mais le nid n’a pas pu être identifié. Il n’y a aucune preuve que les œufs ont éclos et que les petites tortues ont pu rejoindre la mer».

N’empêche que la ponte des tortues de mer alimente «beaucoup d’histoires» à Rodrigues. Comme que ce serait des troupeaux de bœufs qui auraient dérangé des tortues marines venues pondre. Le dernier massacre de tortues marines rapporté à Rodrigues date de 2013. «Après tout ce temps, on n’aurait pas pensé voir ça encore. Malgré la conscientisation, l’Homme ne peut pas s’empêcher de la harponner.»