Publicité

Violence et silence - Femmes battues et tuées: les coups et le coût

13 mars 2022, 18:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Violence et silence - Femmes battues et tuées: les coups et le coût

Nous sommes en 2022 certes mais plusieurs femmes, victimes de violence de leur conjoint, ont toujours peur de s’exprimer et de dénoncer leur bourreau. Dixitha Veerapen, tuée par son concubin, il y quelques jours, en faisait partie... Et, sous les coups, elle a fini par payer le prix fort.

Une violente bagarre a éclaté entre la victime et son concubin, Vidianand Beekharry, 28 ans, à leur domicile, à Bambous, lundi après-midi. Soupçonnant sa compagne d’infidélité, il s’est saisi d’une barre de fer pour l’agresser, devant leur enfant en bas âge. La jeune femme a malheureusement succombé à de multiples blessures. Si Vidianand Beekharry s’est tailladé les veines avec des ciseaux, dans un premier temps, pour se suicider, la police était rapidement intervenue et il a est rapidement intervenue et l’a placé en état d’arrestation. Cet énième féminicide vient mettre en avant la condition de plusieurs femmes, aujourd’hui encore, dans notre société. Pour rappel, Dixitha Veerapen avait souvent de grosses dis- putes et ne s’était jamais confiée sur son calvaire selon des proches.

Neha * (prénom d’emprunt), 34 ans, se fait régulièrement tabasser par son mari à qui elle est mariée depuis quatre ans. Ils se connaissent toutefois depuis plus d’une quinzaine d’années. «Si au début de notre relation, il ne montrait aucun signe de violence, il a toujours été un manipulateur émotionnel. Il me faisait du chantage, il me reprochait toujours des choses que je ne pouvais pas comprendre et me rabaissait à longeur de journée. Mé sa lepok-la pa ti pe koné ki se osi enn form violans mé psykolozik.»

Tendre, attentionné et parfait

Selon la trentenaire, son mari a commencé à la frapper peu de temps avant leur mariage, pour tout et rien. «Enn simp ti dispit, li fini ankoler, li tapé...» Mais devant leurs proches, il faisait tout pour donner une autre image de lui, celle de l’homme tendre, attentionné et parfait. La victime n’a pas voulu se confier sur son calvaire, car premièrement, elle dit avoir pensé que personne ne l’aurait crue mais aussi elle avait peur de la réaction et du regard de son entourage. «J’ai vite compris que le sujet était toujours tabou dans notre société actuelle. Beaucoup de femmes subissent le même sort mais n’osent pas parler par peur du qu’en dira-t-on. Mem ou bann prop fami kritik ou.»

Puis, à ce moment-là, ayant déjà tout préparé pour le mariage, elle avait peur de rompre. Elle s’est finalement mariée en espérant qu’après, tout rentre- rait dans l’ordre, que les coups disparaîtraient mais cela a été de mal en pis. «Les coups étaient plus violents. Et les violences morales et psychologiques aussi. So bann kozé vinn dé plizanpli blessan.» Si bien que Neha a eu le nez et la bouche fracturés, une fois.

Porter plainte n’est pas envisageable pour elle car elle peine toujours à se libérer par la prise de parole. Encore une fois, elle a peur de la réaction de ses proches. Mais c’est aussi en partie à cause de son travail. Elle est employée dans une firme privée et ne veut pas que ses collègues la voient comme une victime de violence conjugale. «Si zot koné, pou tou létan ena sa tag-la lor mwa.»

Chose qu’elle a du mal à accepter. Pour l’instant, elle ne songe pas non plus au divorce. Pourquoi ? Car le couple a des dettes et une maison ensemble et que le divorce compliquerait sa situation financière. Elle fait toutefois régulièrement le va-et-vient entre le domicile conjugal et celui de ses parents, pour avoir un moment de répit. «Zis pou sanz ler.»

La police, de son côté, encourage les femmes à dénoncer leur bourreau avant qu’il ne soit trop tard. «Les plaintes sont traitées en toute confidentialité, il n’y a pas à avoir peur. Les victimes bénéficient également d’une protection si besoin est», explique une source policière. Elle explique aussi que les femmes battues peuvent aussi se tourner vers différentes associations, dont SOS Femmes, qui peuvent les accueillir.

Au lieu de se réfugier dans le silence et de perdre la vie…