Publicité

Après l’échec d’Hinduja, MauBank recherche un nouveau partenaire stratégique

9 mars 2022, 20:03

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Après l’échec d’Hinduja, MauBank recherche un nouveau partenaire stratégique

Quatre ans après Hinduja, MauBank, deuxième banque d’État après la SBM, remet sur le tapis son projet de partenariat stratégique. Et pour preuve, l’appel à manifestation d’intérêt lancé par sa holding le 2 mars pour choisir un Transaction Adviser. Celui-ci aura la responsabilité d’effectuer un exercice de due diligence avec comme finalité d’identifier un partenaire stratégique qui reprendrait le contrôle de la banque après avoir acquis les investissements de l’État.

Les documents relatifs à cette expression of interest détaillent la feuille de route de l’éventuel Transaction Adviser, qui devra dresser le profil financier de MauBank par le biais d’une analyse financière comparative de ses opérations ces trois dernières années, en braquant les projecteurs sur l’état actuel de ses actifs et passifs et étudier l’évolution de sa profitabilité pour les prochaines années. Bref, établir la solidité financière du pôle bancaire par rapport au groupe et sa structure existante tout en sacrifiant les filiales dans le cadre d’un exercice de restructuration, voire de rationalisation de certaines activités.

La démarche de cet exercice vise à préparer le désengagement de l’État dans le capital de MauBank, qu’il contrôle à 100 % à travers MauBank Holdings Ltd, dont l’unique actionnaire est également le gouvernement. Outre MauBank Ltd, la société holding détient aussi EAMC Ltd, incorporée en 2018 pour reprendre le portefeuille de prêts toxiques et autres créances douteuses des ex-clients de la défunte MPCB, dont l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury. Mais aussi Manufacturing Ltd enregistrée en janvier 2021 auprès de la Financial Services Commission (FSC) et qui doit être opérationnelle sous peu. Alors que MauBank gère MauBank Investment Ltd, la filiale immobilière de la banque, propriétaire de l’immeuble abritant le siège social de la banque à la cybercité d’Ébène.

Après l’échec de Hinduja, puissant conglomérat indien basé à Londres et dont la famille dirigeante constitue une des plus grosses fortunes en Angleterre, dans le rachat de MauBank en 2018, en raison notamment du montant proposé pour le deal, considéré à l’époque comme étant trop bas, voire peanuts, par l’État, le Bâtiment du Trésor estime ces jours-ci, nous dit-on, que la troisième banque domestique du pays est prête financièrement pour un nouveau partenaire stratégique. Une décision qui ne doit étonner personne vu que le mandat de la MauBank, fruit de la fusion en 2015 entre l’ex-MPCB et la National Commercial Bank (NCB), ayant repris entre-temps la Bramer Banking Corporation, était le redressement financier de la banque avant de la vendre, avec l’État détenant probablement une part minoritaire.

En fait, l’idée du gouvernement du jour de se retirer de l’actionnariat de la MauBank, comme c’était le cas d’ailleurs en 2018, s’explique par une logique financière. À savoir qu’il a injecté à ce jour près de Rs 6 milliards en janvier 2016, lors de sa recapitalisation, lorsque l’exMPCB a fusionné avec la NCB mais aussi au sein du capital de l’ex-Bramer Banking Corporation au moment de sa reprise par l’État suivant l’écroulement de groupe BAI. Et qu’aujourd’hui, il souhaite récupérer ses investissements.

Nouveau virage
Et quid de la posture financière du pôle bancaire du groupe MauBank ? Est-ce que ses principaux fondamentaux économiques sont suffisamment solides pour attirer d’éventuels repreneurs ? Les avis sont évidemment partagés.

Si ses indicateurs ont viré au vert pour les six mois se terminant au 31 décembre 2021 avec des profits excluant la Net Impairment Loss de presque Rs 150 millions contre Rs 52,6 millions pour la même période en 2020, des revenus nets d’intérêts de Rs 427 millions (Rs 334 M en 2020) ou encore des revenus de commission nets de Rs 120 millions (Rs 77 M en 2020), encore faut-il attendre le prochain semestre pour s’assurer que ce début de redressement soit maintenu avec les comptes audités. «Il est clair que cette banque a enclenché un nouveau virage qui présuppose que le pire est derrière nous. Mais il faudra s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres squelettes dans le placard qui vont refaire surface», affirme un spécialiste financier opérant dans un cabinet du Big Four. Même si le Chief Executive Officer, Prem Mungur, qui signe le rapport des résultats semestriels, affirme que «the Bank’s financial ratios and performance throughout demonstrate… a fundamental strength, and unquestionably provides a solid foundation for future expansion while maintaining stakeholder trust». Attendons voir.

Pour le moment, il reviendra à MauBank Holdings de choisir le Transaction Adviser, probablement parmi un des Big Four, après qu’ils auront exprimé leur intérêt à cet exercice d’ici le 24 mars. Cela avant de passer à l’étape cruciale visant à préparer le programme de désinvestissement de l’État au sein de cette institution bancaire d’État

Reste, évidemment, la valeur marchande de la MauBank, soit le prix que l’État souhaite payer à un éventuel acquéreur en se basant sur le rapport d’évaluation du consultant. Selon les spécialistes, plusieurs critères sont pris en considération. «Il y a la qualité des actifs, du portefeuille de prêts, des bénéfices prévisionnels pour les trois prochaines années et des coûts opérationnels. Sur la base de ces variables, le potentiel acquéreur va décider ou pas de faire une offre concrète à la banque», explique un banquier professionnel.

Or, la valorisation de MauBank, en s’appuyant sur les derniers résultats audités au 30 juin 2021, était de Rs 3,1 milliards, alors que pour les six mois au 31 décembre de la même année, elle a légèrement progressé à Rs 3,2 milliards. «La norme dans l’industrie bancaire est de multiplier la valorisation de 1,5 à 2 fois ou d’analyser les ratios cours/bénéfice d’une banque d’une taille moyenne comme la MauBank», précise un spécialiste financier rompu à cet exercice. Ce qui revient à un prix comptable se situant entre Rs 4,5 milliards et Rs 6,2 milliards.

Il va de soi que le gouvernement forcera la note pour réaliser le meilleur deal en connaissant les pressions sur ses finances publiques actuellement avec les préparatifs enclenchés pour le prochain Budget, où le ministre des Finances se retrouvera visiblement sur la corde raide.

D’ailleurs, certains observateurs s’interrogent sur le timing de cette offre de vente de la MauBank. Est-ce pour renflouer la caisse du gouvernement à trois mois de l’échéance budgétaire ? Les spécialistes n’y croient pas, vu que le prochain exercice de restructuration de la MauBank, assorti d’un partenaire stratégique, prendra au moins une année avant que le deal ne soit finalisé, avec en plus l’approbation des instances régulatrices.

Pour autant, MauBank Holdings compte s’appuyer sur un éventuel partenariat stratégique pour raviver l’actuelle direction de son pôle bancaire, souvent inaudible et surfant sur un héritage technologique datant de plus de trois ans.