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Guerre en Ukraine: des chiffres et des êtres

2 mars 2022, 22:00

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Guerre en Ukraine: des chiffres et des êtres

L’armée russe continuait, hier, mardi 1 mars, de se déployer pour tenter de prendre le contrôle de Kiev. Or, de nombreux Ukrainiens n’hésitent pas une seconde à défendre leur patrie. C’est le cas d’Anton Kriuchkov, qui était en vacances à Maurice, mais a repris l’avion hier pour s’engager sur le front. Comme lui, d’autres ne peuvent pas rester les bras croisés. Les Mauriciens Fabrice Selvon, de Belgique, et Ashraf Jandoo, de Pologne, ouvrent grandes leurs portes pour accueillir ceux qui fuient la guerre.

Anton Kriuchkov: «Je n’ai jamais touché à une arme mais je suis prêt à le faire pour mon pays»

Anton Kriuchkov veut achever ses vacances chez nous pour défendre son pays contre l’invasion russe. Il a donc pris l’avion hier, mardi 1 mars, pour l’Ukraine.

Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, plusieurs Ukrainiens se sont engagés volontairement pour sauver leur pays. Politiciens, entrepreneurs, boulangers, et même retraités, n’hésitent pas à s’improviser soldats. C’est justement le cas d’Anton Kriuchkov. En vacances à Maurice, il a décidé de reprendre l’avion hier et de s’engager sur le front. Pour lui, le plus important est de défendre la mère patrie. 

Ses valises sont prêtes, mais elles sont nombreuses et lourdes. Pourtant, ce ne sont pas des souvenirs de Maurice qu’Anton Kriuchkov y a entassés. «J’apporte des médicaments, du lait pour bébé et même de la nourriture car mon peuple en a besoin actuellement», lance le jeune homme à qui nous avons parlé peu avant qu’il ne quitte le pays. 

Anton Kriuchkov a les yeux rivés sur les écrans pour savoir ce qui se passe dans son pays et surtout dans sa ville Marioupol, où se trouvent ses parents. Le stress et l’inquiétude le rongent. «Les attaques ont déjà commencé dans ma ville.» En effet, selon les médias, cette ville du sud-est de l’Ukraine s’est retrouvée sans électricité hier après une attaque russe. Pour la petite info relayée par lefigaro.fr, Marioupol, ville portuaire stratégique d’un demimillion d’habitants, a déjà connu la guerre. «Dernière grande cité du sud-est de l’Ukraine restée sous le contrôle de Kiev, elle a été brièvement occupée par les séparatistes pro-russes au début du conflit en 2014, avant d’être reprise par les troupes régulières ukrainiennes», décrivent nos confrères. 

De son côté, Anton Kriuchkov avance que toute sa famille se tient prête à combattre pour son pays. «Même ma mère est prête. Et je pense que tous les habitants ne vont pas hésiter à entrer dans le tank si on le leur demande pour sauver le pays», soutient notre interlocuteur. Il confie n’avoir pas fait son service militaire et n’avoir jamais attrapé une arme, mais l’adrénaline pourrait l’aider à le faire. «Pour le moment, je ne sais pas où je vais être posté mais j’interviendrai où l’on me demandera. Dans un premier temps, je dois délivrer les médicaments à l’armée ukrainienne.» Ensuite, il s’alignera sur le front. 

L’Ukrainien demande à la population mauricienne de soutenir son pays. «S’il vous plaît, soyez de notre côté. Parce que cette guerre risque de tourner à la troisième guerre mondiale, et personne ne veut en arriver là. Ce problème deviendra alors celui de tout le monde», indique-t-il. 

En tout cas, Anton Kriuchkov espère que ses parents sont en vie et en bonne santé. «Ma journée débute tous les jours à partir de 3 heures du matin depuis que le conflit à commencer. J’envoie un message à ma maman et à mon papa leur demandant s’ils vont bien. Et si ma mère ne me répond pas au bout de 15 minutes, je suis stressé. Et j’appelle mes autres amis et je leur demande ce qui se passe…»

Ces Mauriciens solidaires des réfugiés

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/fabrice_selvon_et_ashraf_jandoo.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>Les Mauriciens Fabrice Selvon et Ashraf Jandoo se proposent d&rsquo;accueillir ceux qui fuient la guerre en Ukraine.</strong></figcaption>
	</figure>
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<p>Leurs pays d&rsquo;adoption sont à des kilomètres de l&rsquo;Ukraine mais ils ne sont pas restés insensibles face aux images de désolation et de souffrance qui font le tour du monde. Les Mauriciens Fabrice Selvon et Ashraf Jandoo ouvrent leurs portes aux réfugiés qui ont fui les villes de l&rsquo;Ukraine.&nbsp;</p>

<p>Les Ukrainiens qui tentent de fuir leur pays sont nombreux. Ils seraient plus d&rsquo;un demi-million à chercher un abri à travers l&rsquo;Europe en attendant que la guerre s&rsquo;arrête. Fabrice Selvon a été touché par ce qui se passe à Kiev et dans les autres villes du pays. <em>&laquo;D&rsquo;autres personnes m&rsquo;ont contacté. Sur Facebook, j&rsquo;ai également reçu des messages de Mauriciens prêts à aider et qui sont en Allemagne, en France et en Belgique.&raquo; </em>Mais un problème de taille se pose. Comment ces réfugiés pourront-ils atteindre la frontière polonaise ou même celle de l&rsquo;Autriche ? <em>&laquo;S&rsquo;ils n&rsquo;ont pas de carte d&rsquo;identité ukrainienne, ils ne pourront pas sortir du pays.&raquo;</em> Fabrice Selvon espère que les responsables des ambassades de Maurice en Europe suivent cette situation de près pour aider les Mauriciens à entrer sur les différents territoires.&nbsp;</p>

<p><em>&laquo;La solidarité doit l&rsquo;emporter sur les conflits car ce sont les innocents qui sont souvent visés. C&rsquo;est une guerre d&rsquo;égo et c&rsquo;est le petit peuple qui en souffre.&raquo;</em> Souffrant d&rsquo;un handicap, le Mauricien explique qu&rsquo;il a reçu de l&rsquo;aide quand il en a eu besoin. Aujourd&rsquo;hui, il veut aider à son tour. <em>&laquo;Des étrangers m&rsquo;ont aidé sans que j&rsquo;aie eu à demander.&raquo;</em> Basé depuis 17 ans à Bruxelles, il ajoute qu&rsquo;il est également impliqué dans plusieurs autres combats. <em>&laquo;Je souffre de plusieurs comorbidités. C&rsquo;est l&rsquo;une des raisons qui me poussent à me battre pour améliorer la situation des autres.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>La Russie ayant menacé certains pays <em>&laquo;de graves répercussions&raquo;</em>, ceux frontaliers à l&rsquo;Ukraine craignent une insécurité. <em>&laquo;Nous sommes sur nos gardes. Le président russe n&rsquo;a aucun intérêt à menacer les pays européens. S&rsquo;il tente d&rsquo;envoyer un missile nucléaire sur l&rsquo;un d&rsquo;eux, il aura toute l&rsquo;Europe contre lui courant à sa perte. Une émission belge indiquait que Bruxelles est parmi les capitales à risque car la ville abrite le siège de l&rsquo;OTAN. Je n&rsquo;ai pas peur de ces menaces, mais avec Poutine, on ne sait jamais.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Et il n&rsquo;est pas le seul à s&rsquo;inquiéter de ce qui se passe en Ukraine. Ashraf Jandoo, qui vit en Pologne depuis huit ans, n&rsquo;est pas resté insensible aux menaces du président russe<em>. &laquo;La crainte est là. L&rsquo;atmosphère est lourde dans le pays.&raquo;</em> Il travaille dans le secteur financier. Le siège de l&rsquo;entreprise pour laquelle il exerce est basé en Angleterre. Il indique que par crainte des représailles, certains de ses collègues ont demandé à quitter la Pologne. <em>&laquo;Une décision sera prise sous peu.&raquo;</em> De nombreux Polonais n&rsquo;ont toutefois pas hésité à rejoindre la frontière pour accueillir les réfugiés ukrainiens.&nbsp;</p>

<p>Ashraf Jandoo vient de construire sa maison à Cracovie. <em>&laquo;Les chambres sont terminées. Il y a le chauffage et l&rsquo;électricité. Seule la cuisine n&rsquo;est pas encore finie. Mais je suis prêt à aider ceux qui sont dans le besoin. Si vous avez de la famille qui vit en Ukraine et qui a besoin de trouver un refuge, ma porte leur est ouverte.&raquo;</em> Il se dit également prêt à accueillir des ressortissants bangladais ou nigérians en quête d&rsquo;un abri.</p>

 

 

Peu de nouvelles de nos compatriotes

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/des_camions_se_dirigent_vers_lukraine.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>Des camions se dirigent vers l&rsquo;Ukraine.</strong></figcaption>
	</figure>
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<p>Trois Mauriciens se retrouvent en Ukraine, selon un consultant, qui en a fait part sur sa page Facebook pendant le week-end. Il en a profité pour donner des nouvelles de nos trois compatriotes. <em>&laquo;Kevin est coincé à Kharkiv et en sécurité dans un refuge. Nous, nous attendons que la situation s&rsquo;améliore là-bas. D&rsquo;autre part, un étudiant mauricien a marché et a déjà atteint la frontière de l&rsquo;Ukraine et il attend de passer par l&rsquo;immigration pour entrer en Pologne. Avec le grand nombre de personnes et la situation chaotique à la frontière, le délai de traitement est retardé du côté de l&rsquo;Ukraine.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>En outre, le consultant souligne qu&rsquo;un autre étudiant a décidé de rester sur le campus de l&rsquo;université. Hier, <em>l&rsquo;express</em> est entré en contact avec le consultant et il nous a fait comprendre qu&rsquo;il n&rsquo;est pas en mesure de nous donner plus d&rsquo;informations, car la situation est compliquée et qu&rsquo;il n&rsquo;a pas dormi pendant quatre jours. Il a également ajouté qu&rsquo;il est en compagnie d&rsquo;un autre Mauricien à la frontière polonaise. Lors de la communication avec lui, il y avait aussi des problèmes de connexion. Il précise également que là où se trouve Kevin, il est hors de danger.&nbsp;</p>

<p>Le consultant fait aussi ressortir qu&rsquo;ils sont tous en contact permanent avec l&rsquo;ambassadrice de Maurice en Allemagne, Christelle Sohun, et l&rsquo;ambassadeur de Maurice à Moscou, Chandan Jankee. En revanche, hier après-midi, <em>l&rsquo;express </em>a tenté de contacter l&rsquo;ambassadeur Jankee, pour faire le point sur la situation, mais sans succès.</p>