Publicité

Centenaire du monument aux morts: redonner des noms aux engagés méconnus

26 février 2022, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Centenaire du monument aux morts: redonner des noms aux engagés méconnus

Le monument aux morts situé devant le collège royal de Curepipe aura 100 ans le 15 avril prochain. L’association SOS Patrimoine en péril a envoyé une série de demandes aux autorités, dont le bureau du Premier ministre, pour marquer dignement l’occasion. Parmi les requêtes : que les noms de 64 recrues du Mauritius Labour Battalion soient inscrits sur le monument.

Branle-bas de combat. Le centenaire du monument aux morts, situé devant le collège Royal de Curepipe, approche. Il est prévu pour le 15 avril prochain. Pour que vive la mémoire des soldats qui ont combattu pour la justice et la liberté, l’association SOS Patrimoine en péril a formulé une série de demandes auprès de diverses autorités : le bureau du Premier ministre, le ministère des Arts et du patrimoine culturel. Cela par la voix de son président Arrmaan Shamachurn.

Apposer une plaque en langue créole sur le monument aux morts. Avec les noms de 64 combattants du Mauritius Labour Battalion (MLB). Cela, en mémoire des Mauriciens qui ont participé à la Première Guerre mondiale. C’est l’une des demandes phares du comité organisateur des commémorations du centenaire du monument aux morts.

Les Mauriciens dans la Grande Guerre 1914-1918 de Christine Chompton-Ahnee et Christine Renard (Editions Vizavi, 2018) nous renseigne sur le MLB, ces «hommes qui participent à l’efficacité militaire sans être soldats». L’ouvrage précise que c’est en janvier 1917 que le Royaume-Uni commence le recrutement des Mauriciens. Il sera envoyé en Mésopotamie, l’actuel Irak, où les Britanniques combat l’empire ottoman.

Le monument aux morts représente un soldat francais, le «poilu» et un soldat britannique, le «tommy»

Le MLB est aussi appelé le «‘bataillon doré’, rappelant la couleur de son uniforme kaki tirant sur le jaune ou encore le Coloured Labour Contingent dans les correspondances officielles entre Londres et Port-Louis».

Pour être enrôlés, les hommes doivent être âgés entre 19 et 40 ans et être «prioritairement ouvriers qualifiés ou artisans». Ceux qui s’engagent sont, «pour la grande majorité d’origine modeste, attirés par la promesse d’un salaire de 0,56 roupie par jour, des rations gratuites et une pension de séparation accordée à leur femme».

L’entraînement des nouvelles recrues se passe aux casernes de Vacoas pour tester leurs capacités physiques et leur résistance à l’effort. C’est le 9 mai 1917 qu’un contingent de 954 hommes et 10 officiers quitte Maurice à bord du Benefactor. Le bataillon arrive à Bassora en Irak, un mois plus tard. Les Mauriciens sont répartis sur les chantiers navals. Certains travaillent pour l’Inland Water Transport, qui achemine les troupes britanniques ainsi que le ravitaillement par bateau. «Plus de 200 hommes vont aussi être affectés en 1919 au Kurdistan dans la Mauritian Ford Van Company comme chauffeurs ou mécaniciens. Les autres sont par exemple dockers, charpentiers, cuisiniers ou ouvriers dans des usines d’armement». Un troisième et dernier bataillon d’environ 300 hommes embarque en juin 1918. «Les travailleurs mauriciens sont démobilisés fin 1919 et rapatriés en janvier 1920. Un tiers des hommes du MLB sera rapatrié avant la démobilisation».

Enfin, les auteures ont compilé un répertoire «d’environ 2400 Mauriciens», engagés durant la Première Guerre mondiale dans les armées britannique, australienne et néozélandaise, canadienne, indienne, sud-africaine, française, américaine, le Mauritius Labour Battalion, le Mauritius Volunteer Force entre autres. En précisant que les «noms manquants sont surtout ceux des hommes de Mauritius Volunteer Force dont aucune liste officielle n’a été retrouvée».

Remettre un canon devant le monument aux morts

Parmi les autres propositions de SOS Patrimoine : remettre un canon devant le monument aux morts. Il y en avait un à l’origine (voir photo), mais il s’est détérioré au fil du temps sous l’effet de la grisaille curepipienne.

Un monument, une histoire

Le monument aux morts est l’œuvre du sculpteur James Alexander Stevenson. C’est sir Hesketh Bell, alors gouverneur général, qui lui passe commande. Le monument réunit un soldat français, un «poilu» et un soldat britannique, un «tommy» portant une couronne de laurier et de rameaux d’olivier entrelacés. Le monument porte trois inscriptions ; les armoiries de Maurice et deux plaques avec les noms de 48 Mauriciens morts durant la Première Guerre mondiale.