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Marchands du bazar central: «Nou pé gagn malédiksion ar kliyan akoz pri légim»

10 février 2022, 19:00

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Marchands du bazar central: «Nou pé gagn malédiksion ar kliyan akoz pri légim»

La pomme d’amour joue au produit de luxe. Dans sa robe rouge, elle se vendait hier à Rs 70 – Rs 90 au marché central. Résultat : des marchands confient que les clients mécontents les accablent de reproches. Sauf que le pire est à venir. Une fois les stocks d’avant-cyclone épuisés, gare à la pénurie de légumes «made in Mauritius».

Pomdamour rant dan tou lasos. Ce n’est pas de la réclame mais la dure réalité de la tente bazar post-Batsirai. Les prix des légumes affichés au marché central font sourciller – quand ce n’est pas la soupe à la grimace – derrière les masques sanitaires.

Des Roma à Rs 60 parce qu’elles ne sont pas de première fraîcheur. Une tournée des étals du marché central, hier, montre que le prix des pommes d’amour varie entre Rs 70 à Rs 90 le demi-kilo.

Comparé au tarif d’avant le cyclone de classe 4, par combien le prix de la pomme d’amour a-til augmenté ? «Par 100 %», dit tout de go le marchand Sivom Govindasawmy.

Tant pis pour le portemonnaie réduit à l’état de satini. «La pomme d’amour était à Rs 35-40 le demi-kilo. Actuellement, le plus cher c’est Rs 90 le demi-kilo.» Combien de temps avant que le prix redescende à Rs 40 ? Le marchand lève les yeux au ciel. Une manière de dire que cela ne dépend pas de lui mais des planteurs.

Le marsan bazar estime qu’il faudra manz margoz, «encore trois à quatre mois». Là, encore, cela dépend des conditions climatiques et s’il n’y a pas d’autres périodes de mauvais temps d’ici là. Sachant que nous sommes en pleine saison cyclonique, le consommateur – énervé mais souvent résigné – ne peut que prendre son mal en patience. «Le prix pourrait revenir à Rs 40 vers le 15 mai», prédit le marchand.

Si vous lui faites remarquer que ce sont les stocks de légumes d’avant le cyclone qui sont vendus au prix d’après-rafales, Sivom Govindaswamy a un geste fataliste. «Pa nou sa. Ce sont les stocks des planteurs. Saki ti ena dan karo tou inn fini». Nous insistons : ce sont d’anciens stocks vendus aux nouveaux prix. Le marchand répond cette fois que c’est la faute à la demande. «Il y a beaucoup de demande mais peu de stocks.»

Est-ce que les jeûnes liés aux fêtes religieuses influent sur le prix des légumes ? «Sa li fos sa», soutient-il. «Dimounn inn gagn drwa dir ninport kwa», ajoute-t-il pour nous convaincre de ne pas prêter foi aux idées reçues.

Des prières, il en faudra. Parce que selon Sivom Govindasawmy, le pire est à venir. Quand tous les stocks «dan lakaz» des agriculteurs seront épuisés, viendra le moment fatidique où «pa pou trouv pom damour ditou lor marsé». Une pénurie qui durera «de 20 à 25 jours». Le temps de la prochaine récolte.

Boîtes en conserve

Pour éviter l’apocalypse – car comment cuisiner mauricien sans pommes d’amour ? – il faudra se tourner vers les boîtes de conserve. Question au marchand qui travaille au bazar central depuis qu’il a eu 10 ans, en 1975. Est-ce qu’il vendra des pommes d’amour en conserve ? Sa réponse est inquiétante : «Mo abitié vann bwat. Mo’nn pas komann, pann gagné.» Quoi ? Le pays fournisseur aurait-il lui aussi subi un cyclone de classe 4 ? Répartie d’un marchand qui a réponse à tout : «C’est à cause de la pandémie.»

Les pommes d’amour valaient entre Rs 70 et Rs 90.

Devant son panier d’épices fines (où les prix ne sont pas affichés), Jinesh Goburdhun se veut conciliant. «Enn ti pasians ankor. Tout dépend des planteurs.»

Avant le passage du cyclone c’était Rs 10 le paquet de thym, persil, cotomili, menthe ou alors trois paquets pour Rs 25. Hier, le prix était de «Rs 20 le paquet de cotomili, les autres épices à Rs 15 le paquet». Par contre, le petit paquet de légumes pour la soupe «sa li res so pri Rs 25. Nous n’avons pas le choix. Il y a beaucoup de clients qui en demandent».

Sur le ton de l’honnête travailleur plaidant sa cause, le marchand affirme : «La population ne le sait pas. Elle croit que ce sont les marchands qui augmentent les prix des légumes. Mais ce sont les planteurs qui font les prix. Zot pou gagn kas ar gouvernman zot apré siklonn. Nou marsan, nou pa gagn nanié.» Reçoit-il beaucoup de critiques au quotidien ? «Gagn malédiksion tou ar dimounn. Zot dir nou ki sa kas-la, nou pou fini li ar dokter.»

Petit tour d’horizon des prix pratiqués hier au marché de Port-Louis.

 

La mercuriale 

<p>&bull; Calebasse : Rs 20</p>

<p>&bull; Chouchou : Rs 60</p>

<p>&bull; Chou : entre Rs 50 à Rs 80 pièce</p>

<p>&bull; Carottes : Rs 50</p>

<p>&bull; Giraumon : Rs 40</p>

<p>&bull; Pistaches : Rs 80</p>

<p>&bull; Concombre : Rs 20 pièce</p>