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Philippines: coup d'envoi de la campagne présidentielle

8 février 2022, 09:49

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Philippines: coup d'envoi de la campagne présidentielle

 

Le coup d'envoi de la campagne présidentielle aux Philippines a été donné mardi, le fils de l'ancien dictateur et homonyme Ferdinand Marcos faisant figure de favori pour succéder au président autoritaire Rodrigo Duterte.

Contrairement aux précédents scrutins, les accolades, selfies et autres poignées de main qu'affectionnent tant les électeurs - plus intéressés, pour beaucoup, par la personnalité du candidat que par son programme politique - sont interdits en raison des restrictions sanitaires.

Plus de 35 ans après que les Philippines ont tourné la page de la dictature de Ferdinand Marcos, les sondages prédisent la victoire écrasante de son fils, Ferdinand "Bongbong" Marcos Jr, lors des élections du 9 mai.

Porté par sa tonitruante campagne sur les réseaux sociaux et son alliance avec Sara Duterte, la fille aînée du président et candidate à la vice-présidence, Marcos Jr, une des figures les plus populaires de l'archipel, entend "unifier le pays".

«Ce n'est ni le moment ni l'endroit de polémiquer autour de l'histoire des Philippines», a déclaré samedi Marcos Jr sur la chaîne GMA.

«Nous devons parler de ce que nous devons faire ces prochaines années afin d'offrir un emploi aux gens pour qu'ils aient de l'argent dans leurs poches».

L'actuelle vice-présidente Leni Robredo - une ancienne avocate au service des défavorisés et une ennemie jurée de Marcos Jr et de M. Duterte -- arrive loin derrière dans les sondages.

Lors du lancement de sa campagne dans la ville de Lupi, dans la province centrale de Camarines Sur, Mme Robredo a lancé à ses partisans que leur présence la remplissait "de courage".

Elle devance cependant le maire de Manille Francisco Domagoso, le champion de boxe à la retraite Manny Pacquiao et l'ancien responsable de la police Panfilo Lacson.

«Le grand favori reste Marcos», a souligné Peter Mumford, analyste d'Eurasia Group, qui estime que l'ancien sénateur a «70% de chances» de l'emporter.

«Dans la continuité» de Duterte 

 

«De nombreux partisans "pro-autoritaires" de M. Duterte considèrent M. Marcos comme étant l'+"homme fort+ qui s'inscrit dans la continuité» de l'actuel président, selon M. Mumford.

Une victoire de Marcos Jr marquerait l'ultime retour politique de sa famille, contrainte à l'exil aux États-Unis après la chute humiliante de son patriarche en 1986.

Le dictateur a été accusé de corruption massive avec son épouse Imelda lorsqu'ils étaient au pouvoir et s'est rendu responsable de milliers de crimes et de violations des droits de l'homme.

Les opposants Marcos Jr ont déposé des recours pour qu'il soit disqualifié en vertu d'une ancienne condamnation pour avoir omis de déclarer ses revenus.

Même s'il était exclu du scrutin, le code électoral autorise une personne portant le même nom de famille à le remplacer.

Marcos Jr a tenté de défendre le régime de son père en invoquant la croissance économique et en minimisant les exactions commises sous son régime.

Mais les questions relatives au passé de sa famille et à sa richesse soupçonnée d'être mal acquise sont devenues une source d'irritation pour le candidat.

Il a refusé les invitations à débattre avec ses adversaires et a déclaré à un journaliste qu'il refusait de «revenir sur des questions vieilles de 35 ans».

Mme Robredo, qui a battu de justesse Marcos Jr dans la course à la vice-présidence en 2016, s'est engagée à contrecoeur dans la présidentielle sous la pression de ses partisans et des groupes d'opposition.

Bien que sa campagne, menée par des bénévoles, ait touché une corde sensible chez les progressistes, sa personnalité policée est loin d'être un atout dans ce pays aux valeurs machistes.