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518 cas de Covid-19 à Rodrigues: la «Domiciliary Monitoring Unit» a fort à faire

31 janvier 2022, 11:03

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518 cas de Covid-19 à Rodrigues: la «Domiciliary Monitoring Unit» a fort à faire

Les chiffres donnent quotidiennement froid dans le dos. Alors que Rodrigues jouissait jusqu’ici du statut de «Covid-free», le jeudi 27 janvier, la petite île a enregistré une première contamination locale au Covid-19. Depuis, les chiffres ont évolué drastiquement. Hier après-midi, 518 cas ont été recensés. La «Domiciliary Monitoring Unit» a été lancée samedi soir pour suivre les cas positifs et symptomatiques à domicile.

Depuis vendredi, Rodri­gues est passée en semi-confi­nement vu l’évolution rapide du virus. Le couvre-feu de 19 heures à 6 heures est en vigueur depuis samedi. Néan­moins, selon l’adjointe au chef commissaire et porte-parole du Rodrigues High Powered Committee (HPC), Franchette Gaspard-Pierre Louis, ven­dredi, une série d’activités est autorisée, comme l’agri­culture, l’élevage, la pêche en individuel et les constructions. Les pêcheurs d’ourite, 1 200 au total, ont été appelés à ne pas travailler aujourd’hui et seront compensés.

Toutefois, cela n’a pas em­pêché la hausse des contami­nations qui sont passées à 518 hier après-midi, contre 421 le matin. Vingt-neuf personnes sont admises à l’hôpital. De plus, la Domiciliary Moni­toring Unit a eu fort à faire, depuis samedi soir. Dans la nuit, elle a eu 45 appels et fait deux interventions. Selon la Dr Arlette Saint-Pierre-Drack, face à la presse, hier, les cas positifs sont sur toute l’île.

DOUBLE MENACE

Alors que l’île est frap­pée par le Covid-19, les Ro­driguais doivent aussi faire face au cyclone Batsirai. Une situation que ces der­niers tentent tant bien que mal de surmonter, à l’ins­tar de Johnson P., de Citron Donis. Lui, qui a pour habi­tude de «tras enn ti kari lamer» pour sa femme et ses deux filles, a vu la situation changer drastiquement.

«A krwar enn malédiksion. Covid ek siklonn ansam. Mo ti éna enn ti lar­zan monn rési asté enn de ti komision pou fami pou pas lockdown mé sa bann dimounn ki napa sa la ki pou fer.» Cet homme d’une cinquantaine d’années a eu fort à faire, entre mettre son bateau à l’abri et trouver le temps d’al­ler faire des achats. «Quand je ramenais mon bateau à terre, j’ai entendu dire que les super­marchés étaient pris d’assaut. Mes enfants sont partis faire des achats et je les ai rejoints sinon on n’aurait rien eu.»

Jessica, de Port-Mathurin, était préparée et n’a été nulle­ment surprise par la situation. «J’ai suivi la situation à Mau­rice et je savais que tôt ou tard on allait y passer bien que nous faisions très attention. Quand j’ai lu dans les journaux que le commissaire électoral est arrivé à Rodrigues sans quarantaine, j’ai eu un mauvais pressenti­ment», relate cette employée d’hôtel. Cette jeune femme indépendante a pris pour ha­bitude depuis un an de faire ses courses en y rajoutant toujours quelques provisions additionnelles. «Mo ti koné

Jean Danoel Jolicoeur, pour sa part, propose la dis­tribution d’oxymètres car la situation actuelle à Rodrigues se résume à l’incertitude. Il dé­plore n’avoir appris qu’hier matin que les boutiques n’al­laient pas travailler : une in­formation qui ne figurait pas, selon lui, dans les annonces du High Powered Committee, sa­medi.

«C’est problématique pour ceux qui rentrent chez eux après la quarantaine car on ne sait pas si leurs maisons sont adéquates pour l’auto-isolement ou pas. On ne sait pas quel traitement et quel médicament est prodi­gué à qui et comment. On ne sait pas s’il y a prévision d’oxy­mètres pour ceux en auto-isole­ment. Avec tout ce qu’on entend, ça fait peur de partir à l’hôpital pour des soins, surtout si on a des enfants qui présentent des signes de Covid.»

Danoel Joli­coeur, pour améliorer la situa­tion, propose que les centres communautaires affichent les foyers de Covid et de placer une surveillance stricte pour les personnes en auto-isole­ment. «Ici, nous n’avons pas de maison comme à Maurice, nous avons encore des familles élar­gies avec les personnes âgées qui vivent avec nous.» Il suggère aussi d’accentuer la campagne de vaccination avec la mise en place de caravanes mobiles, d’offrir les services de psy­chologues pour suivre les Ro­driguais en auto-isolement à travers des centres d’appels, le redéploiement des fonction­naires pour décongestionner le travail administratif des infir­miers afin que ces derniers se concentrent uniquement sur ce qu’ils sont censés faire.

Danoel est chez lui et se prépare pour les examens du 5 février, étant donné qu’il est enseignant. Il a pris toutes les mesures nécessaires pour sa famille et lui, impliquant une trousse de premier secours, le covid testing kit, des médi­caments et des herbes médi­cinales qu’il cultive. «J’ai pris un stock de bouteilles d’eau, du gaz ménager, des bougies. Com­ment sera la vie après ? On ne sait pas car on ne sait pas encore comment ça va se passer pour les écoles, si les frontières vont rouvrir car nous sommes dans “l’ancien normal”. Il nous fau­dra du temps pour nous adapter. Je souhaite bon courage à tous mes amis rodriguais. Nous res­tons solidaires.»

En ce qui concerne la te­nue des élections régionales, prévues pour le 13 février, une réponse est attendue.