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A Ryad, des Saoudiens dînent entre des fantômes et des zombies

28 janvier 2022, 07:12

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A Ryad, des Saoudiens dînent entre des fantômes et des zombies

Squelettes sur les murs et plateaux garnis de mains coupées, un restaurant d'épouvante a ouvert ses portes et attire des amateurs de films d'horreur à Ryad, la capitale de l'Arabie saoudite qui tente de se défaire de son image austère.

«J'aime l'horreur en général. Ici, c'est beau et amusant», dit à l'AFP Jawaher Abdallah, une médecin parmi les premiers clients de «Shadows», avant de prendre un selfie avec le mannequin d'une femme ensanglantée.

Dans une relative obscurité et sur une bande sonore de film d'épouvante, des serveurs s'activent à servir des tasses tâchées de sang et des plats présentés dans des crânes.

Jadis surtout connu pour ses lieux saints de l'islam et sa grande richesse pétrolière, l'Arabie saoudite cherche ces dernières années à rompre avec l'ultraconservatisme, renvoyant à sa jeunesse et au monde une image plus attrayante et ouverte.

Dirigeant de facto du ce royaume du Golfe, le prince héritier Mohammed ben Salmane a lancé depuis 2017 des réformes sociales et économiques destinées en particulier à diversifier l'économie du pays, ultra dépendante de l'or noir.

Premier exportateur de brut au monde et plus grande puissance économique du monde arabe, l'Arabie saoudite a ainsi multiplié les grands événements sportifs et de divertissement, mais son image reste ternie par une répression féroce de la société civile, des opposants politiques aux militantes féministes.

Expériences nouvelles

A l'entrée de «Shadows», dans le nord de Ryad, Suleïman Al-Omari a été attiré par des chauves-souris aux yeux rouges et des ombres obscures de fantômes aux fenêtres.

«On est en quête d'expériences nouvelles qui sont maintenant disponibles à Ryad», confie à l'AFP ce Saoudien de 45 ans, venu diner avec sa famille.

«Autrefois on allait au restaurant pour se rassasier mais aujourd'hui on vient aussi pour s'amuser et avoir peur», poursuit ce père de famille.

Pendant des décennies, les Saoudiens devaient se rendre dans des villes plus divertissantes d'Europe ou du Moyen-Orient, mais les autorités espèrent aujourd'hui alimenter davantage le tourisme local.

Employée dans les ressources humaines, Noura Al-Assaf, 26 ans, n'est toutefois pas convaincue pour le restaurant «Shadows»: les images d'horreur et les cris de terreur lui ont coupé l'appétit.

«Je suis venue m'amuser mais l'ambiance et le spectacle sont trop terrifiants. Je n'ai plus envie de manger», confie-t-elle nerveusement à l'AFP, pendant que le serveur lui sert une assiette de pâtes sur un plateau agrémenté d'un crâne noir tout sourire.