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Rodrigues: tractations pour une opposition réunie mais sans le MR

10 janvier 2022, 12:45

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Rodrigues: tractations pour une opposition réunie mais sans le MR

Ce lundi, les partis briguant les élections régionales à Rodrigues doivent s’enregistrer auprès de la Commission électorale. Les tractations se sont poursuivies ce week-end entre les partis de l’opposition. En attendant, le flou persiste sur une éventuelle candidature de Serge Clair.

Les négociations ont été intenses durant tout le week-end entre les partis de l’opposition à Rodrigues, plus particulièrement l’Union du peuple de Rodrigues (UPR) et le Parti mauricien social-démocrate de Rodrigues (PMSD Rodrigues), en vue d’une alliance électorale. Si les partis arrivent à s’entendre, le Front patriotique de Rodrigues écologique (FPRe) de Johnson Roussety devrait également être de la partie, mais pas le Mouvement Rodriguais (MR), dirigé par Nicolas Von-Mally.

D’après nos renseignements obtenus de diverses sources, l’UPR, le PMSD-Rodrigues et le FPRe ont la volonté de travailler ensemble pour contrecarrer le plan de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR), mais les négociations butent sur plusieurs points. Le leader de l’UPR, Franceau Grandcourt, n’est pas prêt à céder la moitié des 12 tickets au PMSD-Rodrigues.

Le poste de chef commissaire serait également un obstacle. «Nous voulons tousla réunification de l’opposition, mais il y a une demande du PMSD-Rodrigues qui va à l’encontre de l’esprit de l’autonomie et de la réalité du terrain. Nous sommes toujours en pourparlers», précise Franceau Grandcourt.

Il nous revient que le FPRe est pour une répartition des tickets selon un ratio 5-5-2avec deux investitures qui lui reviendraient. L’UPR aurait proposé cinq tickets au PMSD-Rodrigues qu’il devrait partager avec le parti de Johnson Roussety avec lequel il a signé un accord électoral.

Le partage du fauteuil a également été évoqué. Le FPRe ne serait également pas contre un partage du poste de chef commissaire. Au sein de l’opposition, quelques-uns évoquent une période de 20 mois entre les trois dirigeants, c’est-à-dire entre Franceau Grandcourt, Johnson Roussety et Vincent Perrine ou Louis-Ange Perrine, deux cadres du PMSD. Le partage du poste suprême n’est pas au goût du leader de l’UPR. «Le partage du poste de chef commissaire va à l’encontre de la Rodrigues Regional Assembly.»

Dans le camp du PMSD Rodrigues, on nous affirme qu’il y a toujours eu une volonté que l’opposition travaille ensemble. «Nous avons toujours été pour une réunification de l’opposition. Le PMSD-Rodrigues a fait une proposition, mais l’UPR a fait une contreproposition. C’est triste, mais si nous ne trouvons pas un accord, il y aura trois groupes de l’opposition qui affronteront l’OPR. Le PMSD-Rodrigues ira aux élections avec le FPRe. Avec une division des votes au sein de l’opposition, le parti au pouvoir remportera facilement les élections», nous déclare un haut cadre du PMSD. D’ailleurs, les membres de ce parti se sont rencontrés hier après-midi pour passer en revue la contreproposition de l’UPR.

Le MR est, lui, loin de toute négociation. Son leader, Nicolas Von Mally, a toujours rejeté toute association avec des dissidents de son parti. Johnson Roussety et Franceau Grandcourt ont été des élus du MR avant de faire bande à part. «Je présenterai une équipe solide aux élections. Nous représentons la stabilité. Dans l’autre camp de l’opposition, ils se battent pour être capitaine. Ils vont se battre entre eux. Au sein de l’OPR, il y a deux clans qui s’affrontent pour succéder à Serge Clair. Le MR représente un avenir stable.»

C’est ce matin que les partis rodriguais vont s’enregistrer au bureau de la Commission électorale à Port-Mathurin. Toutefois, des développements n’étaient pas à écarter hier soir.

Débats sur la candidature de Johnson Roussety

Johnson Roussety, en Australie pour des études, a réservé son billet pour rentrer à Maurice. Il embarquera à bord d’un vol d’Emirates ce mercredi pour rentrer à Maurice le 14 janvier. Il devra ensuite partir à Rodrigues pour passer sept jours en quarantaine afin d’être éligible pour l’enregistrement de candidatures du 22 janvier. «Si jamais il y a un imprévu, je me ferai enregistrer par procuration», prévient-il.

Toutefois, à Rodrigues, ils sont nombreux à se demander si le leader du FPRe est éligible à ses élections. D’après l’article 6 de la Rodrigues Regional Assembly Act, outre plusieurs autres critères, il faut aussi résider à Rodrigues pendant six mois avant les élections pour être qualifié comme membre de l’Assemblée régionale. Or, Johnson Roussety est en Australie depuis plus de six mois.

«Cet argument ne tient pas. Mes poules, mes canards, mon chien et ma maison sont à Rodrigues. Je paie toujours ma facture d’électricité à Rodrigues. Je suis venu en Australie pour étudier et en même temps, il y a eu le Covid-19 qui rend le voyage difficile. De toute façon, il y a eu un précédent dans l’affaire Francisco François contre Louis-Ange Perrine en Cour suprême», précise-t-il.

Francisco François, membre de l’OPR, avait contesté en cour l’élection de Louis-Ange Perrine en 2006, en arguant qu’il n’avait pas résidé à Rodrigues. Or, la Cour suprême avait rejeté cette contestation de Francisco François. Me Jacques Panglose, ayant défendu Louis-Ange Perrine, nous donne son point de vue sur le cas de Johnson Roussety. «Si jamais il y a une contestation visant Johnson Roussety, je crois que la Cour suprême ne retiendra pas cette contestation en se référant à l’affaire François contre Perrine. La notion de résidence ne veut pas dire qu’une personne doit rester sur place comme une chèvre attachée à un piquet. La RRA Act ne dit pas que la personne doit être physiquement sur place pendant six mois. Il suffit que la personne ait des liens avec son lieu de résidence.»

Toutefois, à Rodrigues, on affirme que dans le cas de Louis-Ange Perrine, il était à Maurice, contrairement à Johnson Roussety.