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Valeur ajoutée brute: la capacité de la construction chute de 553,8 %

7 janvier 2022, 16:17

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Valeur ajoutée brute: la capacité de la construction chute de 553,8 %

Ce n’est pas un hasard qu’un secteur économique du pays à appréhender de gros nuages à l’horizon pour 2022 soit celui de la construction. Une persistante rumeur d’une possible et imminente hausse du prix du ciment d’au moins 10 % circule alors que personne n’a eu jusqu’ici le courage d’en parler ouvertement. Bien avant que cette annonce mystérieuse ne circule et à peine les Mauriciens n’avaient-ils eu le temps de se persuader qu’ils seraient mieux lotis en 2022 qu’en 2021, les analystes de Statistics Mauritius ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la construction dans un document intitulé Quarterly National Accounts - 3rd Quarter 2021, publié sur son site le 23 décembre, à un moment où une bonne partie de la population avait la tête penchée dans les achats et préparations de fin d’année.

Absence de contrôle

Un des thèmes abordés concerne les possibilités pour les entreprises de différents secteurs économiques à faire de la valeur ajoutée à travers des activités réalisées au troisième trimestre qui auraient permis de démontrer un supplément de valeur dans les fonds ramenés dans la trésorerie. La performance notée dans la construction indique que ce secteur est sorti d’une situation où son potentiel à réaliser de la valeur ajoutée brute est passé de… 566,6 % au deuxième trimestre à 12,8 % au troisième trimestre. C’est ce que dit le rapport de Statistics Mauritius pour ce secteur.«Construction registered a growth of 12.8% after the high growth of 566,6 % observed in the previous quarter.» Une différence de 553,8 %. La question à se poser est : si du deuxième au troisième trimestre, le potentiel de la construction à réaliser de la valeur ajoutée a chuté de 553,8 %, quel est l’avenir pour ce secteur réputé pour fournir une piste pouvant contribuer à un constat de la bonne santé d’une économie avec l’adage célèbre que «quand le bâtiment va, tout va» ?

Pour Gérard Uckoor, fondateur et vice-président de l’Association des petits contracteurs, les données de Statistics Mauritius traduisent avec une fidélité implacable la situation sur le terrain.«Les activités du secteur de la construction, avance-t-il, ont enregistré effectivement une chute considérable au deuxième trimestre, comme l’attestent les analyses de Statistics Mauritius. À l’origine de cette baisse d’activités, les augmentations en chaîne qui se sont manifestées dans le secteur. Tout a augmenté. La hausse du ciment n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce qui étonne, c’est la fréquence avec laquelle ces hausses sont faites. L’absence de contrôle par rapport aux activités des fournisseurs est sans doute la raison qui explique ces hausses. Je me demande si le recours à une hausse qui vient de s’imposer en raison d’une dépréciation de la roupie face au dollar américain est applicable aussi sur le stock de matériels importés bien avant que cette dépréciation ne se manifeste. La réalité est que le prix de tous les matériaux de construction a augmenté, allant des clous, planches indispensables aux travaux de coffrage, barres de fer, transport aux salaires des travailleurs. Je me demande si la State Trading Corporation et la Construction Industry Development Board ne devraient pas renforcer leur présence dans le secteur de la construction pour respectivement intervenir sur un marché où certains font la pluie et le beau temps et pour sévir contre les intermédiaires trouvés coupables de délits commerciaux.»

Gérard Uckoor estime que la situation dans le secteur de la construction affecte tant les ménages désireux de s’offrir une construction pour améliorer leur condition et leur niveau de vie que les promoteurs de grands projets. Il indique que le résultat occasionné par une telle situation est que, dans bien de cas, la réalisation de projets de construction est reportée à une date ultérieure en attendant qu’un miracle comme, par exemple, un surplus considérable de production du ciment dans une région du monde et qui pourrait être dirigé vers le marché mauricien. «Mais puisque les miracles sont rares dans un tel secteur, le secteur de la construction risque de souffrir durant l’an 2022.»