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Dr Vasantrao Gujadhur: «On peut s’attendre au pire vers la deuxième semaine de janvier»

2 janvier 2022, 18:30

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Dr Vasantrao Gujadhur: «On peut s’attendre au pire vers la deuxième semaine de janvier»

De nombreux citoyens fauchés par le Covid-19. Des mesures restrictives qui auraient dû être plus corsées. Ou Omicron qui menace le pays de jour en jour. Des faits décortiqués par le Dr Vasantrao Gujadhur, à l’aube de cette nouvelle année.

Quel bilan dressez-vous de la situation et de l’évolution du Covid durant l’année écoulée ?

Beaucoup de drames sociaux et humains, trop de décès, dont certains auraient dû être évités. Les autorités sont aussi à blâmer car elles n’ont pas fourni toutes les informations au public. Quand vous avez un vice-Premier ministre, qui annonce que le pic de l’épidémie est derrière nous, juste pour que les frontières rouvrent... Ou encore quand on crée une baisse artificielle du nombre de cas à cet effet. Le variant Delta est entré dans le pays en septembre et ce n’est que bien après que la population en a été informée. Avec la réouverture du pays et des mesures où une centaine de personnes pouvaient se regrouper, cela a créé un relâchement dans la population, surtout au mois de novembre.

Avec la présence du Delta, l’on constate encore des décès dans la communauté, surtout chez les jeunes. On attend toujours de connaître le nombre de résultats positifs qui émanent des tests antigènes. Omicron est-il dans la population locale, aucun chiffre n’a été avancé. On ne sait même pas qui sont les porteurs de ce va- riant. Est-ce que ce sont des touristes ? Ou des Mauriciens rentrant au pays ? Avec huit cas positifs en novembre et suivant les consignes de l’OMS que chaque trois jours, le nombre double, nous sommes déjà à ce jour à plus de 5 000 cas. Avec la période de Noël, il y a eu beaucoup de mouvements. Et avec les rassemblements de 50 personnes, à quoi doit-on s’attendre dans les prochains jours !

Le nombre de cas positifs semble avoir diminué d’aprés les communiqués du ministère de la Santé. Ce taux risque-t-il d’être revu à la hausse après les fêtes ?

Le variant Delta est toujours présent. Le der- nier séquençage révèle que de 78 cas, 57 ont été infectés par le Delta. Si le relâchement se poursuit, comme on peut le voir dans les malls ou les rues, on peut s’attendre au pire vers la deuxième semaine de janvier. Le masque protège certes, mais certains membres du public ne le portent pas correctement. La distanciation physique n’existe pas. Lors des réunions de famille ou des fêtes privées, ces gens vont-ils porter le masque ?

 

Qu’importe le vaccin, il protège des formes graves et des décès.

 

L’invité surprise en fin d’année a été l’Omicron. À ce jour, que savons-nous de ce variant ?

Omicron se multiplie 70 % plus que le delta et attaque principalement les bronches et non les poumons. On observe que les personnes infectées n’ont pas besoin d’oxygène. Il se propage beaucoup plus dans la population, mais il est moins dangereux. Toutefois, le plus inquiétant, c’est de savoir si l’on pourra gérer la situation. C’est ce que l’OMS avance et que l’Europe craint actuellement. La proportion de personnes qui pourraient décéder du va- riant est moindre. Si avant sur 20 cas, deux étaient sévères, aujourd’hui sur 100 cas, 10 seront sévères. À Maurice, le problème réside dans les tests effectués pour détecter les personnes infectées. Avec le test antigène, détecter les malades sera plus difficile. Le ministère va-t-il faire des tests PCR aléatoires dans la communauté ? Il faudrait poursuivre le contact tracing car nous n’avons aucune idée du nombre de cas positifs dans la population.

Les chiffres avancés par le ministère et l’OMS diffèrent aussi…

Justement, en parcourant les derniers chiffres, on se pose des questions. Selon le communiqué émis le 27 décembre, le ministère chiffrait le nombre de cas positifs sur l’île de mars 2021 au 27 décembre à 23 251. Or, l’OMS a avancé le chiffre de 69 929 de mars 2020 à ce jour. Une différence de plus de 40 000 cas. On se demande d’où l’OMS détient ses chiffres. Et le doute s’ins- talle dans les esprits…

Est-ce que la vaccination sera suffisante pour contrer les variants ?

Qu’importe le vaccin, il protège des formes graves et des décès. Ceux qui ont fait les vaccins Covaxin et Sinopharm doivent faire une booster dose, suivant les recommandations de l’OMS. En revanche, pour les autres, cela diffère. Ceux qui ont des maladies comme le cancer, les problèmes rénaux et qui sont fragiles ainsi que âgés de plus de 60 ans doivent faire la booster dose. L’OMS avait comme objectif qu’en 2021, 40 % de la population mondiale seraient vaccinés. Pour 2022, elle espère que 70 % des habitants du monde seront vaccinés. Mais il fallait continuer avec la booster dose, même pendant les fêtes. Surtout pour protéger les personnes âgées et ceux souffrant de sévères comorbidités. L’on aurait dû mieux canaliser les personnes pour la troisième dose. Et donner la priorité aux personnes à risque.

Selon vous, aurions-nous dû corser les restrictions en place ?

Oui, définitivement. Dans certains pays, comme Singapour, les rassemblements entre proches ne doivent réunir que cinq personnes. À Maurice, l’on autorise 50 personnes. Avec le Delta présent et l’Omicron qui rôde dans les parages, l’on aurait dû avoir d’autres restrictions comme la fermeture des gym ou encore des casinos. J’avais demandé qu’on instaure un lockdown, mais un couvre-feu aurait aussi permis de diminuer la propagation du variant, comme c’est le cas à la Réunion actuellement.