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Consommation vs investissement: un choix s’impose

1 janvier 2022, 18:00

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Consommation vs investissement: un choix s’impose

Rs 125 milliards, c’est le montant représentatif des dettes des ménages auprès des banques à octobre 2021 selon les chiffres de la Banque de Maurice, soit une augmentation de Rs 9,1 milliards par rapport à la même période en 2020. Si la dette augmente, la capacité de remboursement des ménages par contre a du plomb dans l’aile, comme le confirme le Financial Stability Report de la Banque centrale publié en juillet. 

Sans surprise, Covid-19 oblige, ce rapport met en exergue la détérioration de la capacité des ménages à rembourser leurs dettes, le household debt service ratio, qui passe de 6,6 % au troisième trimestre de 2020 à 6,9 % au premier trimestre de 2021. Bien entendu, tout cela s’inscrit dans un contexte économique dominé par l’inflation qui affiche un taux de 6,4 % en glissement annuel enregistré en novembre, contre 3,1 % pour la même période en 2020, selon les chiffres de Statistics Mauritius. Pour ne rien arranger, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,7 % en novembre à Maurice. 

À l’international, l’indice des prix des produits alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est aussi en hausse avec une moyenne à 134,4 points en novembre 2021, soit 1,6 point (1,2 %) de plus qu’en octobre et une hausse de 28,8 points (27,3 %) par rapport à novembre 2020. Sachant que Maurice importe pratiquement tout avec une roupie fortement dépréciée et que le coût du fret explose, bonjour la baisse du pouvoir d’achat. 

Dans cette conjoncture économique difficile pour le consommateur lambda, on serait tenté de croire que le Mauricien surveille dorénavant ses dépenses. Pourtant, les centres commerciaux et supermarchés de l’île affichent de l’optimisme en cette fin d’année, les chiffres d’affaires des commerces étant satisfaisants, ou même plus. 

Qu’en est-il de l’épargne, les Mauriciens lèvent-ils le pied sur les dépenses pour économiser ? Sinon, les Mauriciens s’intéressent-ils à investir leur boni de fin d’année ? Selon les analyses des National Accounts de Statistics Mauritius, l’épargne domestique était de Rs 43 milliards en 2018, pour descendre à Rs 35 milliards en 2020 et passer à Rs 41 milliards en 2021. Aussi, le taux d’épargne domestique par rapport au PIB est en baisse depuis quelque temps passant déjà de 10 % en 2017, à 9 % en 2018, à 8,8 % en 2019, et finalement à 6,2 % en 2020. Toutefois, ce constat n’est pas forcément à mettre sur le dos d’une hausse de la consommation, il ne faut pas non plus négliger les pertes d’emplois ou le chômage, car il est clair que sans revenus, on ne peut pas économiser. 

Quelles sont les options des Mauriciens pour faire fructifier leurs économies ? Si le taux directeur (repo rate) de la Banque centrale est toujours fixé à 1,85 % et sachant que les banques locales s’alignent en général plus ou moins sur ce que préconise la Bank of Mauritius (BoM) avec des taux d’intérêt proches de 0 %, le retour sur investissement en mettant son argent en banque est donc négligeable. Récession oblige, ce phénomène de faibles taux d’intérêt est donc appelé à durer. 

Fort heureusement, autre que les dépôts bancaires, d’autres options existent à l’instar des plans d’assurance ou encore des fonds de pension. Il ne faut pas non plus oublier les bons du trésor que la BoM met régulièrement sur le marché et les sociétés cotées en Bourse ou encore les obligations émises régulièrement par les grosses sociétés ou sociétés spécialisées dans la gestion de fonds. 

Les Mauriciens s’y intéressent-ils ? «Ils ne sont pas vraiment intéressés par les titres financiers, d’autant que les taux de rendement sont très bas et, de surcroît, inférieurs au taux d’inflation. Sauf, les actions boursières qui peuvent rapporter en termes de plus-value à part les dividendes, donc le rendement de l’action, c’est-àdire dividende/cours, reste légèrement supérieur au taux d’intérêt», explique l’économiste Eric Ng. 

Autre que les titres financiers, on retrouve aussi des solutions locales plus innovantes et différentes comme la plate-forme de crowdlending, Fundkiss. Pour commencer, Fundkiss c’est quoi ? Il s’agit d’une plateforme de prêt aux entreprises 100 % en ligne, qui a financé à ce jour plus de 190 projets pour une somme totale de Rs 100 158 500. Donc, d’un côté, vous avez les PME qui peuvent emprunter de Rs 50 000 à Rs 5 000 000, et de l’autre, les investisseurs, particuliers et institutionnels, qui peuvent financer ces prêts directement. 

Paul Perrier, CEO de Fundkiss.

Quel est l’objectif ? «Pour les emprunteurs, il s’agit d’obtenir un crédit de façon simple et transparente avec la possibilité de rembourser sur une durée de 6 mois, 12 mois, 24 mois, 36 mois, 48 mois et 60 mois. Pour les investisseurs, il s’agit de placer leur argent à partir de Rs 5 000 dans le financement des PME et de l’économie locale via une plateforme régulée et sécurisée, tout en s’assurant d’un intéressant retour sur investissement. Pour les investisseurs, il n’y a pas de frais, ils sont rémunérés sous forme d’intérêts à 12 % par an en moyenne. De plus, une incitation fiscale existe pour les investisseurs qui prêtent sur des projets», explique Paul Perrier, CEO de Fundkiss. 

Autres options d’investissements, vous pouvez aller à l’international pour investir et acheter des actions dans des sociétés internationales, dont Tesla et Alibaba. En ce qui concerne les actions, qu’elles soient celles d’entreprises locales ou internationales, il faut bien évidemment voir le facteur risque, le cours des marchés étant volatile surtout avec les incertitudes liées aux nouveaux variants du Covid-19. 

En tout cas, si l’épargne et l’investissement prennent du temps à devenir un réflexe, la nouvelle conjoncture appelle à plus de prudence et à penser davantage à demain.