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Un bureau des anciens combattants menacé de démolition

27 décembre 2021, 17:00

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Un bureau des anciens combattants menacé de démolition

Le musée de Port-Louis abrite à l’étage, une galerie consacrée à la contribution des Mauriciens aux deux guerres mondiales. La galerie a été inaugurée le 22 décembre. Aujourd’hui, le «Mauritius Ex-Services Trust Fund» est officiellement dissous. Le bureau des anciens combattants qui était dans une maison coloniale à Port-Louis est menacé de démolition.

Un soldat en uniforme nous accueille à l’entrée. Imposant dans sa vitrine. Cet uniforme gris c’est celui du Mauritian Volunteer Corp, engagé durant la Première Guerre mondiale. Ainsi commence le voyage dans le temps, à la (re)découverte de la contribution des Mauriciens lors des deux guerres mondiales. La World War I & World War II Tribute Gallery a été inaugurée à l’étage du musée d’histoire naturelle à Port-Louis, le mercredi 22 décembre. 

Les médailles du Private Ah Tong (1942-46).

Les femmes aussi ont contribué à l’effort de guerre. Derrière la vitre, le mannequin porte fièrement l’uniforme du Woman Auxilliary Territorial Services, une unité de l’armée britannique qui a servi durant la Seconde Guerre mondiale. Plus loin dans la galerie, on reconnaît là une carte et là-bas, un tableau qui jadis ornaient les locaux du Mauritius Ex-Services Trust Fund. Ce déménagement scelle-til plus que jamais le sort de cette maison coloniale jugée trop coûteuse pour être rénovée ? (voir hors-texte). 

Les armes sont là. En miniature. Cela donne le frisson d’imaginer que ce qui ressemble à des jouets a fait des dégâts et arraché des vies en son temps. L’un des panneaux de cette galerie est consacré aux Mauritian soldiers killed by gunshots. Comme dans l’épisode où huit «Pioneers» mauriciens sont tombés dans une embuscade de retour de Port Twefik en Égypte, durant la Seconde Guerre mondiale. Cette galerie ne manque pas de répertorier des vestiges de la Seconde Guerre mondiale, à l’Île-de-la-Passe, à l’Île-aux-Aigrettes et Pointe-aux-Feuilles. 

Ce tableau dans la galerie des deux guerres mondiales ornait jadis les locaux du «Mauritius Ex-Services Trust Fund», aujourd’hui dissous.

Il n’y a pas que des mannequins et des miniatures dans cette galerie dédiée aux guerres mondiales. Il y a surtout les histoires de tous ces hommes qui ont sacrifié leur jeunesse à la guerre. Leurs sacrifices, leur travail, ces années où ils ont appris à marcher au pas. Avec émotion, on touche du regard les objets ayant appartenu à Rampersad Seeruttun, un ancien de la campagne d’Égypte. Enrôlé à Le Chaland, à Maurice le 8 mars 1944, Rampersad Seeruttun a servi deux fois au sein du Royal Pioneer Corp, nous renseigne les notes explicatives. On reste aussi de longs instants devant les témoignages d’anciens combattants diffusés sur un écran, dans cette galerie. 

À noter que tous les descriptifs de la nouvelle galerie sont uniquement en anglais. Lors de notre visite, deux jours après l’inauguration, il n’y avait pas de dépliant explicatif disponible. Tout ayant été épuisé lors de la cérémonie officielle, nous at- on indiqué. Cette galerie a vu le jour grâce à l’expertise de la Royal Commonwealth Ex-Services League. Y aura- t-il des animations, des visites guidées – dans le respect des consignes sanitaires, cela va sans dire – pour insuffler la vie à cette galerie qui parle aussi de la mort ? La balle est dans le camp du Mauritius Museums Council.

L’uniforme du «Mauritian Volunteer Corp» durant la Première Guerre mondiale.

 

Anciens combattants ils ne sont plus que 561 survivants 

<p>Combien d&rsquo;anciens combattants ayant participé à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) sont encore en vie ? Au total, ce sont <em>&laquo;environ 43 000 Mauriciens qui ont connu l&rsquo;horreur des deux guer res mondiales. Aujourd&rsquo;hui, seuls 561 sont toujours parmi nous.&raquo;</em> Déclaration de Pravind Jugnauth, Premier ministre, à l&rsquo;inauguration de la galerie, la semaine dernière. Il y a aussi 3 222 veuves d&rsquo;anciens combattants qui touchent une pension.</p>

 

À partir d’aujourd’hui: le «Mauritius Ex-Services Trust Fund» dissous

<p>La dissolution du <em>&laquo;Mauritius Ex-Services Trust Fund&raquo;</em> prend effet aujourd&rsquo;hui. Précision de Pravind Jugnauth, Premier ministre, lors de l&rsquo;inauguration de la nouvelle galerie, la semaine dernière. Ce<em> &laquo;trust fund&raquo;</em> gérait notamment le versement de la pension aux anciens combattants. &laquo;<em>C&rsquo;est une ONG, l&rsquo;Ex-Services Association of Mauritius&raquo;</em>, qui prend la relève. Quant aux pensions versées aux anciens combattants, elles passent sous la responsabilité du ministère de la Sécurité sociale. La <em>&laquo;Mauritius Ex-Services Trust Fund Act&raquo;</em> de 2001 a été abrogée. C&rsquo;était l&rsquo;une des mesures votées dans le <em>&laquo;Finance Bill 2020&raquo;.</em> Ce &laquo;trust fund&raquo;, communément appelé le bureau des anciens combattants, avait ses locaux dans une maison coloniale située à la rue l&rsquo;Église à Port-Louis, à deux pas de la cathédrale Saint-Louis. Sauf que le sort de cette maison coloniale reste incertain. En 2018 déjà, suivant une estimation du coût d&rsquo;une rénovation, le ministère des Finances &ndash; responsable du<em> &laquo;Mauritius Ex-Services Trust Fund&raquo;</em> &ndash; avait trouvé que c&rsquo;était trop cher de réparer. <em>&laquo;On ne sait pas ce qu&rsquo;il adviendra du bâtiment&raquo;</em>, souligne Armaan Shamachurn de l&rsquo;association SOS Patrimoine en péril. En 2018, en apprenant que <em>&laquo;le bâtiment pouvait être détruit, nous avons demandé une visite des lieux et une rencontre avec les responsables. Les deux demandes ont été rejetées&raquo;.</em> Suivant ce refus, <em>&laquo;nous avions inclus cela dans nos propositions budgétaires. Mais cela n&rsquo;a pas été retenu non plus&raquo;.</em></p>