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Construction à Côte-d’Or: le World Trade Centre de Padayachy sous la menace d’une bombe britannique

24 décembre 2021, 17:00

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Construction à Côte-d’Or: le World Trade Centre de Padayachy sous la menace d’une bombe britannique

Sur papier, c’est une tour iconique de 57 étages qui portera le nom «World Trade Centre», qui doit être construite à Côte-d’Or. Le consortium choisi pour sa construction avait même obtenu la participation de Besix, le constructeur du Burj Khalifa. Sauf que selon une correspondance d’un avocat britannique adressée au Premier ministre mauricien, le World Trade Centre mauricien est en train de finir en eau de boudin. Gare aux répercussions diplomatiques…

Le rêve est pharaonique : une tour de 57 étages, qui porte le nom de «World Trade Centre» et qui sortira des champs de cannes de Côte-d’Or. Ce gros bijou, qui allait coûter 125 millions au développeur-constructeur, et dont l’idée avait été émise par nul autre que le ministre des Finances pour «favoriser le développement économique de Maurice, moderniser nos infrastructures, et renforcer l’intégration régionale en accueillant les entreprises internationales qui souhaitent s’implanter à Maurice», risque cependant de porter un sale coup à la réputation de Maurice comme centre de business.

Selon une documentation que nous avons pu consulter, un promoteur-développeur avait été retenu. Mad Extra Terra (MET) a réussi à convaincre le Mauritius Africa Fund (un fonds sous l’égide du ministère des Finances et qui deviendrait à terme propriétaire du World Trade Centre mauricien) grâce à trois principaux critères : le design architectural, la construction et le financement.

Pour l’architecture et la construction, MET a obtenu la participation des grands noms de l’ingénierie comme Besix. Ce groupe belge n’est nul autre que le constructeur de la plus grande tour au monde, le Burj Khalifa. Mais il fallait trouver le financement. En effet, la tour mauricienne allait être construite selon le modèle de financement public-privé, c’est-à-dire que le promoteur-constructeur doit lui-même financer la construction, il en tire les bénéfices pendant un certain nombre d’années avant de céder la tour au gouvernement mauricien, propriétaire du terrain et de l’idée.

Le seul engagement financier que doit prendre le gouvernement selon cette formule, c’est d’offrir une garantie bancaire. MET fait alors jouer son carnet d’adresses et demande à un éminent avocat d’affaires britannique de trouver des investisseurs. Ce que Marc Oufi parvient à faire. Mais aujourd’hui ce Solicitor de la Cour suprême britannique est en colère et il a écrit une lettre au Premier ministre mauricien. Le ton est poli, mais les menaces sont sans équivoques.

«Nous ne sommes pas des amateurs»

«J’opère dans un cercle très sélect de très grands financiers, dont la famille Rothschild. Ça m’a pris des années avant d’y parvenir. Aujourd’hui la façon dont ce projet est géré me ridiculise auprès des financiers que j’ai trouvés pour financer votre tour. Nous ne sommes pas des amateurs qui tentons notre chance, mais des investisseurs qui nous engageons dans des projets qui sont sûrs et réels comme le World Trade Centre mauricien m’avait été initialement présenté», écrit Marc Oufi. Il explique que grâce à son plaidoyer en son nom personnel, la garantie de l’État a été ramenée à €50 millions alors que le financier qu’il a trouvé ne descend jamais sous les €125 millions et que le coût réel de l’investissement allait être de €125 millions.

Or, selon Marc Oufi, le projet est en train de prendre du retard pendant que le ministère des Finances ne communique pas et montre une absence de clarté et de transparence. Hormis le retard que prend le projet, l’avocat britannique n’est pas très explicite sur ce qu’il qualifie «d’amateurisme dans la gestion de ce projet». Mais selon nos propres recoupements, d’autres stakeholders du projet pensent que le gouvernement songerait à faire machine arrière pour éventuellement construire deux tours de 25 étages, ce qui permettrait alors aux «petits copains du pouvoir» engagés dans la construction d’y participer. Certaines personnes proches du dossier s’apprêteraient même à dénoncer des «sollicitations de pots-de-vin».

Le temps dira si cela s’avère, mais du point de vue purement financier, Marc Oufi menace de solliciter les conseils du haut-commissariat britannique à Maurice pour demander réparation : «I am now looking to ascertain my rights with a view to pursuing a claim in compensation.»

L’avocat laisse cependant une porte ouverte : «Je vous ai écrit pour que nous n’en arrivions pas jusque-là et pour éviter toute escalade. Trouvons une résolution à l’amiable ».