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Festivités: Comment célébrer avec un budget serré

20 décembre 2021, 19:00

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Festivités: Comment célébrer avec un budget serré

Pertes d’emploi, hausse ses prix, baisse du pouvoir d’achat : le Covid-19 joue encore au trouble-fêtes et pèse lourd sur le budget des festivités de fin d’année. Comment célébrer Noël et le Nouvel An avec des moyens financiers limités? Le recyclage est-il une bonne option? Quid des produits et cadeaux de seconde main?

«Avec une inflation de 4 %, ce qui est très fort, le pouvoir d’achat va vraiment baisser. Face à un budget déjà limité, cela affectera davantage le panier du consommateur», déclare Bhavish Jugurnath, économiste et expert-comptable. Couplé à la dépréciation de la roupie et la hausse du fret de pratiquement 300 % (ce qui affecte Maurice dépendante de l’importation), le coût de la vie a augmenté d’environ 8 à 15 % ces huit derniers mois.

Conséquemment, les tendances de consommation ont changé. Avec la pandémie, les pertes d’emploi et la flambée de la majorité des prix, le budget festif s’amenuise encore plus cette année. D’ailleurs, Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), fait ressortir qu’environ 40 000 Mauriciens sont au chômage. «Ceux ayant perdu leur emploi, par exemple dans le secteur privé, sont privés de la capacité de contribuer économiquement. C’est la perte de revenus au-delà du pouvoir d’achat.»

Néanmoins, on peut fêter en dépit de ces restrictions financières. Comment ? «Avant tout, il faut planifier les dépenses en priorisant celles liées à l’alimentation, les factures d’électricité et autres aménités. Il est vital de prévoir cela puisque nous ne sommes pas fixés sur la durée des contraintes économiques. Il faut consommer malin et essayer d’économiser pour le futur.» Sur les aménités et les voitures, il évoque une réduction en cas de non-utilisation. Selon certains trajets, on peut recourir aux transports en commun plutôt que de conduire. Jayen Chellum estime que toute dépense inutile est à proscrire. Il faudrait revoir sa liste de cadeaux et prioriser. Car la tendance des dernières années témoigne d’une explosion du budget avec des présents à tous les membres de la famille. «Il faut donner des cadeaux selon ses moyens et ne pas s’endetter davantage. Mieux vaut ne pas faire ses provisions le ventre vide car inconsciemment, cela nous fait acheter des aliments en surplus», indique-t-il. Selon lui, il faut s’y prendre tôt car les prix flamberont certainement pour les achats de dernière minute.

Une autre idée d’économie face à la cherté de la vie est le recyclage. «Cela permet de faire des économies significatives. Cela peut s’appliquer aux vêtements, au matériel scolaire dont les livres et les outils informatiques. En Europe, beaucoup de ces dispositifs sont remis à neuf. Cela vient diminuer les coûts par 30 à 40 %», explique, pour sa part, Bhavish Jugurnath.

 

«Pour éviter le gaspillage, il faut bien analyser les promotions et contenants.»

 

Dans cette même ligne, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the Protection of the Environment and Consumers, revient sur la tendance à changer rideaux, literie, tapis et articles décoratifs pour les fêtes. Or, il vaut mieux se tourner vers d’autres gammes de qualité mais à des prix compétitifs ou de les laver pour les réutiliser s’ils sont toujours en bon état. «Beaucoup de consommateurs sont fidélisés aux marques. Mais avec un budget serré, on peut s’en défaire et trouver ce qu’il nous faut à des prix plus abordables. Des articles comme les décorations intérieures ne nécessitent pas un renouvellement annuel mais peuvent être maximisés pour quelques an- nées.» Pour les achats vestimentaires, il suggère de consulter plusieurs points de vente pour comparer les prix. À ce propos, plusieurs marques locales proposent de meilleurs prix sur leur site d’achat en ligne. Cette option peut aussi être considérée. «La vente en ligne est devenue une nécessité à Maurice. En sus d’offrir plus de choix aux consommateurs, cela leur permet de gagner du temps et d’éviter les foules des magasins.»

Jayen Chellum suggère des cadeaux dotés du moins d’emballage possible. Pour ceux d’ordre technologique, il faut bien examiner les conditions de garantie. «Si on prend livraison d’articles, il vaut mieux ne pas le faire la nuit car on risque de passer à côté des défauts. Pour les marques, il faut comparer les prix mais aussi solliciter les utilisateurs qui ont fait l’expérience de tel ou tel produit. Ainsi, l’achat sera plus avisé.» Pour éviter le gaspillage, il faut bien analyser les promotions et contenants. Acheter un produit en grand format, en utiliser la moitié et conserver le reste au congélateur sera un achat malin. Sinon, restez au logement régulier. Si possible, complétez vos provisions pour vous alléger au long mois de janvier, surtout pour les produits de longue conservation. Peut-on économiser sur les festins de fête ? Absolument, indiquent nos interlocuteurs. À la traditionnelle dinde qui s’invite aux célébrations depuis quelques années, les ménagères préfèrent des morceaux en sachet à la version entière qui coûte trois à quatre fois plus cher, sans compter le temps fou qu’il faut pour la rôtir. «Des crustacés et œufs de poisson entre autres proviennent davantage d’Indonésie et de Madagascar. D’autres commodités sont originaires des pays arabes, ce qui fait chuter les prix. Évidemment, le choix est décuplé mais il faut aussi s’assurer de la qualité», soutient Suttyhudeo Tengur.

Le poulet reste indémodable et peut être apprêté autrement pour épicer les festivités. «La fête n’implique pas de dépenser à tort et à travers. C’est plutôt de favoriser du temps en- semble. C’est le plus important. Côté alimentaire, on peut ne pas se permettre tout ce dont on avait l’habitude mais privilégier ce qu’on partage en consommant», ajoute le secrétaire général de l’ACIM.

Seconde main

Pour l’économiste, la seconde main fait son petit bonhomme de chemin dans l’île avec plusieurs boutiques dédiées, comme en témoigne Daisy Yip Tong-Grenade, responsable de Mission Growth pour The Good Shop, sis à Curepipe, Calebasses et Belle-Rose. «Nous encourageons tout le monde à acheter local pour faire du bien à l’environnement et à la société. Cela peut être des produits de seconde main ou fabriqués soi-même. Par exemple, on peut préparer des cookies et les placer dans de jolis jarres avec un message personnalisé ou encore une corbeille de fruits et autres produits locaux.»

Valoriser les expériences comme des massages, des créations d’artistes locaux, par exemple. Donner du temps de qualité coûte moins cher mais peut engendrer plus d’émotions aux destinataires de ces cadeaux dématérialisés. Une tendance qui gagne du terrain depuis peu. Parallèlement, les jouets en bois plutôt qu’en plastique peuvent davantage durer dans le temps tout en étant écologiques.

Selon elle, plusieurs tuto- riels de «Do it yourself» aident à concevoir des cadeaux originaux. Daisy Yip Tong-Grenade affirme que bon nombre de citoyens se mettent à la fabrication de leurs shampooings, savons, etc. ce qui constitue aussi une belle idée-cadeau. En faisant le tri dans ses affaires, on peut trouver des objets peu ou jamais utilisés et dont la vie peut être prolongée en les offrant ou en les canalisant vers les magasins de seconde main. «Avec les fêtes, tout le monde va acheter. Maintenant, il faut déterminer ce qu’on va acheter. Il faut avoir des alternatives aux achats traditionnels sans réfléchir. On peut faire plaisir aux autres avec des objets de qualité et de seconde main à Rs 100 etc. On ne fera pas 100 % de notre shopping avec ces produits mais c’est un premier pas vers un achat écologique et économique.»

Géraldine Perrier, fondatrice de The 2nd Chance Charity Shop à Curepipe, propose aussi des articles de seconde main depuis juillet 2021. «Nous avons une bonne clientèle avec un budget limité. Et pour moins de Rs 200, celle-ci peut sortir avec les bras chargés d’articles à Rs 25 ou Rs 35, l’unité. On y trouve vêtements, livres, CD, meubles, électroménager, jouets, décorations, etc. Le moins cher est à Rs 5.»

Pour les fêtes, on peut y trouver des robes de soirée à Rs 280 et des costumes complets dans les Rs 300 minimum et les Rs 600maximum. «C’est la possibilité de s’habiller chic à petit prix. Et pour les enfants, les jouets varient à partir de Rs 35», ajoute-t-elle. Soit, une option qui vaut le détour surtout face à un budget limité.

Ces petites astuces pour créer ses propres décorations

À court d’idées et de moyens pour des décorations de fête ? Avec quelques matériaux maison, vous pouvez les façonner à votre guise. Par exemple, indique Amalam Sourimuthu, éducatrice à l’Association des parents d’enfants inadaptés de l’île Maurice (APEIM), on peut fabriquer des guirlandes de sapins en papier. Pour ce faire, dessinez puis découpez dans des feuilles de papier coloré ou du carton, des contours des sapins. Ensuite, vous pouvez y coller des ornements (strass, boutons, flocons de neige etc.), dessiner sur la surface ou des morceaux de carton usagé de plusieurs formes. Au sommet de chaque sapin, faites un trou avec une perforeuse ou des ciseaux. Vous n’avez plus qu’à enfiler un cordon dans chaque sapin pour composer votre belle guirlande et la suspendre.

Une autre idée est de recycler les pots en verre en bougeoir. Il suffit d’enrouler le pot dans du papier coloré et de coller les extrémités. Puis, réaliser des petits motifs en papier que vous dessinerez, par exemple, des fleurs de Noël. Découpez-les et collez-les à l’avant de votre pot. Ensuite, remplissez l’intérieur du pot de sable si vous en avez ou de neige artificielle ou de galets au besoin. Complétez ce travail en y ajoutant une petite bougie (tea light) ou à motif festif (Bonhomme de neige, père Noël, etc.). Et le tour est joué.