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Scandale Molnupiravir: Ces hauts fonctionnaires trop puissants ?

16 décembre 2021, 16:15

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Scandale Molnupiravir: Ces hauts fonctionnaires trop puissants ?

Gros plan sur ces hauts fonctionnaires qui semblent décidément détenir beaucoup de pouvoir et dont les agissements restent trop longtemps dans l’ombre alors qu’ils sont tout aussi concernés que les ministres dans les procédures d’achats en urgence…

Swaminatan Ragen, qui était le secrétaire du service public, est nommé comme Supervising Officer au ministère de la Santé en 2020, cela bien que ce ministère avait bel et bien son propre Supervising Officer.

On apprendra bien après que c’est lors de son passage au ministère de la Santé que les scandales d’achats en urgence ont eu lieu. Et malgré les révélations qui ont suivi, notamment dans l’affaire Kistnen et celle concernant Pack & Blister, ce haut fonctionnaire est nommé à sa retraite vice-président du Central Procurement Board (CPB). Ce n’est pas tout, Swaminatan Ragen sera aussi nommé membre du board de la Mauritius Investment Corporation où, nous dit-on, il travaille un jour sur cinq et les quatre autres jours de la semaine, il est au CPB. Décidément, c’est un homme dont les services sont très utiles.

Ce qui a fait beaucoup jaser à l’époque, c’est l’achat par ce haut fonctionnaire en juin 2020 d’une Porsche Macan alors qu’il possédait déjà une Mercedes cabriolet.

Sollicité, Swaminatan Ragen nous informe qu’il n’est nullement concerné par ces scandales d’achats en urgence de 2020 et que d’ailleurs, l’ICAC ne l’a jamais convoqué. Au sujet de sa Porsche, il nous dira qu’il l’a payée Rs 2,2 millions et que l’achat a été financé par le gouvernement, selon ses privilèges comme haut fonctionnaire.

Et la Mercedes ? Swaminatan Ragen reconnaît qu’il en possède une mais ne se souvient pas du prix. Ragen avoue aussi que sa nomination comme deuxième Supervising Officer au ministère de la Santé est une chose qui ne s’est jamais produite dans le passé dans la Fonction publique. «Mais j’étais posté au ministère de la Santé pour leur apporter mon aide.»

Un haut fonctionnaire se demande comment son ex-collègue a pu être nommé au CPB alors que l’ICAC enquête sur les achats effectués par le ministère de la Santé en 2020. D’ailleurs, ajoute notre interlocuteur, «beaucoup d’appels d’offres ont été travaillés par Swaminatan Ragen alors qu’il était au ministère de la Santé, appels d’offres que lui Swaminatan Ragen a été appelé à approuver comme membre du CPB.» Notre interlocuteur nous rappelle que c’est sous la supervision de Swaminatan Ragen au ministère de la Santé que plusieurs pharmaciens ont été mutés.

L’autre haut fonctionnaire qui a fait parler de lui est Swaraj Ramasawmy. C’est lui qui a fait une déposition au poste de police de Pope Hennessy samedi dernier pour affirmer que la procédure d’achat de Molnupiravir était en ordre. Pourquoi a-t-il pris une telle initiative ? Il ne nous l’a pas dit. Avant le scandale Molnupiravir, Swaraj Ramasawmy s’occupait d’une autre tâche qui a provoqué beaucoup de polémiques : celui concernant les hôtels pour les quarantaines…

Autre fait surprenant dans toute cette affaire est le transfert de la Registrar of Pharmacy Board remplacée par Bijendrasingh Naeck fin novembre, peu avant que le ministère ne donne l’aval pour l’importation du Molnupiravir aux compagnies. Le leader de l’opposition avait sou- levé ce point à sa conférence de presse, la semaine dernière. Seul problème, ce haut fonctionnaire porte plusieurs autres chapeaux, comme celui du chef de l’unité de pharmacovigilance. Il est aussi le numéro Un du Pharmacy Inspectorate et du Head of Procurement.

Xavier Duval affirme que dans ce cas, il y a clairement conflit d’intérêts. Si d’anciens fonctionnaires disent qu’il est normal que le Registrar of Pharmacy Board ait un œil partout, le fait qu’il donne l’aval pour l’utilisation des médicaments et leur importation n’est pas normal. «Il ne peut pas être judge and party», fustige Arvin Boolell de son côté. Sollicité, Bijendrasingh Naeck a fait sa- voir qu’il lui faut l’autorisation du ministère de la Santé pour se prononcer. Cette permission est attendue.

Qu’en est-il du rôle de la Senior Chief Executive à la Santé, Dalida Allagapen, qui s’était fait remarquer en envoyant un appel à l’aide aux autorités françaises pour demander de l’oxygène ? Si les amendements à la Public Procurement Act lui donnent le pou- voir de passer des commandes en urgence, Arvin Boolell estime qu’il est tout de même impossible qu’elle ait agi seule. «Elle ne peut pas ne pas attirer l’attention du ministre sur la différence dans le prix, par exemple», dit-il, faisant écho à des fonctionnaires qui préfèrent garder le secret, «même si le verre est plein au sein de la Fonction publique.»

Au-delà des hauts fonctionnaires «facilitateurs», plus d’un affirment que le scandale Molnupiravir était surtout de nature politique. «Personne ne peut venir dire qu’ils n’étaient pas au courant. D’ailleurs, le Premier ministre luimême avait dit, dans son allocution, qu’on a un stock d’un million de cachets Molnupiravir. Il n’a pas dit 800 000. Quant au ministre de la Santé, la SCE a dû le prévenir, vu le montant et la quantité», nous dit-on, à demi-mot, à l’hôtel du gouvernement… On y reviendra.

21 numéros de téléphone soumis par Rama Valayden

L’ancien Attorney General a adressé deux lettres hier, une à Navin Beekarry de l’ICAC et la deuxième au DCP Heman Jangi. Il dit faire suite à sa déposition au CCID du 13 décembre dans laquelle il avait demandé à la police de rechercher le lieu et les destinataires des appels téléphoniques passés par différents protagonistes de l’affaire Molnupiravir, dont Kailesh Jagutpal. Dans ses lettres d’hier, l’avocat donne les numéros de 21 cartes SIM utilisées et demande à la police d’enquêter.