Publicité

Nominés politiques: qui sont à la tête des institutions les plus importantes?

6 décembre 2021, 22:35

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Nominés politiques: qui sont à la tête des institutions les plus importantes?

Le renouvellement à la FIU du contrat d’Ammanah Ragavoodoo et la nomination de Vikash Peerun, des proches du pouvoir, suscitent de vives appréhensions sur l’indépendance et l’efficacité de cette institution censée lutter contre le blanchiment d’argent et l’enrichissement illicite. Mais ce n’est pas le seul organisme dit «indépendant» accaparé par le pouvoir. En effet, le gouvernement a placé ses personnes «de confiance» un peu partout, surtout dans les organismes qui génèrent de gros chiffres d’affaires ou détiennent des pouvoirs décisionnels.

Les vaches à lait

  • Mauritius Telecom (MT)

Avec un chiffre d’affaires (CA) annuel de Rs 10 milliards et des profits en constante baisse, le conseil d’administration de MT est présidé par Nayen Koomar Ballah, que l’on ne présente plus et qui siège d’ailleurs sur de nombreux boards. Le CEO, Sherry Singh, est tout aussi connu pour être très proche de Lakwizinn.

  • SBM Holding/SBM Ltd

Avec des actifs de plus de Rs 260 milliards, cette entité bancaire n’a généré que Rs 2,3 milliards de CA et des bénéfices de Rs 1,5 milliard. Sattar Hajee Abdoula, qualifié d’Independent Non-Executive Chairman, y règne au sommet. Le mot «indépendant» revient souvent dans le titre des membres de board de plusieurs organismes d’État. Les autres membres sont : Jean Paul Arouff, récemment conseiller en communication au PMO ; Shakilla Bibi Jhungeer, aussi présente sur le board de MK ; Roodesh Muttylall, également membre du board de MK, qui est pourtant un client de la SBM. Ce monsieur a travaillé pendant un certain temps à l’hôtel Maradiva. Les autres membres, comme Sharon Ramdenee et Visvanaden Soondram, sont tout aussi réputés proches de la famille Jugnauth. Et l’homme fort de la banque est Anoop Kumar Nilamber, qui était auparavant à Mauritius Duty Free Paradise…

  •  Air Mauritius et Airport Holding Ltd

C’est désormais l’autre ex-conseiller en communication au bureau du Premier ministre qui prend le contrôle de l’entité qui regroupe MK, AML et Atol, entre autres. CA : Rs 25 milliards. Profits de MK : néant pour le moment. On a déjà tant parlé de ce nouveau holding et du nouveau CEO, Ken Arian, qu’il n’est pas nécessaire d’y revenir.

  •  State Trading Corporation (STC)

Avec un CA annuel de plus de Rs 30 milliards, dont la plus grande contribution provient du commerce du pétrole. Et une bonne partie des revenus, environ Rs 1 milliard, va à la Road Development Authority (RDA), pour subventionner la construction de routes, ponts et drains… Rajiv Servansingh y a remplacé le non moins controversé Jonathan Ramasamy, forcé à la démission dans le sillage de l’affaire Kistnen et les contrats Covid.

  •  National Insurance Company (NIC)

CA de Rs 1,69 milliard au 30 juin 2020 et profits de Rs 142 millions. Le conseil d’administration est présidé par Vikash Peerun, celui-là même qui vient d’être nommé au board de la FIU. Il y aurait comme un problème de conflit d’intérêts en sus de sa proximité avec le pouvoir: il préside aux destinées d’une compagnie d’assurances et siège en même temps à l’organisme régulateur qu’est la FIU.

Les organismes régulateurs

  • Financial Intelligence Unit (FIU)

C’est l’institution responsable de rapporter toutes les transactions financières suspectes à la police, à l’ICAC et à l’IRSA, entre autres. Elle a donc une base de données très intéressante puisqu’elle reçoit ces rapports de gros mouvements de fonds des banques. Après le non-renouvellement du professionnel qu’est Guillaume Ollivry, qui fait maintenant bénéficier ses talents aux Européens, le remplacement des membres du board a donné un autre mauvais coup à la FIU. À part Vikash Peerun, une autre proche du pouvoir, Ammanah Ragavoodoo, y siège, son contrat ayant été renouvelé pour encore trois ans. L’avouée de la famille Jugnauth siège aussi sur le board d’Air Mauritius et à l’ESC et l’EBC. 

  • Banque de Maurice

Harvesh Kumar Seegolam était à la Financial Services Commission (FSC) avant d’être promu gouverneur de la banque centrale. Sinon, la banque, qui possède des cadres très compétents, vient de se voir envahir par une flopée de proches de ministres et hommes forts du pays.

  •  Independent Commission against Corruption (ICAC)

À sa tête, un contractuel, Navin Beekarry, dont le maintien à son poste dépend du bon vouloir du PM. En dehors des nombreuses enquêtes impliquant des politiciens, qui dorment toujours paisiblement dans des tiroirs de ce bureau, il y a bien sûr celle concernant directement le PM, Angus Road. Le qualificatif de commission indépendante ne devrait pas induire en erreur…

  • Integrity Reporting Services Agency (IRSA)

Autre organisme chargé de surveiller l’enrichissement illicite, son fonctionnement est suspendu à un procès qu’elle intente à l’ICAC depuis deux ans! Son bilan proche de zéro n’a pas ému plus que ça. À sa tête, un étranger dont le maintien à son poste dépend doublement du PMO, en tant que CEO et expatrié. Ce sont surtout les hommes de loi de cette institution qui semblent exercer le vrai pouvoir avec leur aptitude à laisser les défendeurs renvoyer continuellement les affaires qui sont devant la justice. L’avoué, Preetam Chuttoo est aussi conseiller juridique de la DBM, MauBank et la municipalité de Quatre-Bornes. Quant à l’avocat Ali Hajee Abdoula, il n’est autre que le neveu de l’autre homme fort du pouvoir, l’oncle Sattar.

  •  Independent Broadcasting Authority (IBA)

Cette institution, appelée «Independent», est présidée par Bhooneswar Rajkumarsingh, un nominé politique. Pourtant, cet organisme est chargé de surveiller, entre autres, les radios libres qui, on le craint, ne le seraient plus, après le vote des amendements du 30 novembre.

  •  Information and Communication Technologies Authority (ICTA)

Autre organisme régulateur, indépendant de nom, il est chargé de surveiller les dérapages sur les réseaux sociaux. Cette instance vient aussi de voir ses pouvoirs accroître avec la Cybercrime and Cyber Security Act votée récemment. Le président est Dick Ng Sui Wa, avocat notamment d’une protagoniste dans l’affaire Kistnen.

  •  Mauritius Broadcasting Corporation (MBC)

Pour rester dans la communication, que dire de la MBC dont le directeur, Anooj Ramsurrun, semble destiné à y sévir pour encore quelques années. L’IBA, de son côté, n’a jamais donné de suite aux plaintes reçues contre la radio-télévision nationale, qui continue donc à faire d’une façon ouverte et éhontée la propagande gouvernementale.

  •  Electoral Supervisory Commission/ Electoral Boundaries Commission (ESC/EBC)

Paul Bérenger, le plus ancien parlementaire du pays, l’a dit plusieurs fois: ces deux institutions constituent le maillon le plus important de notre démocratie. Pourtant, elles sont contrôlées par, entre autres, Vedita Devi Peerun, la sœur de Vikash Peerun, Ammanah Ragavoodoo et Yash Roopun. Me Désiré Basset, l’avocat personnel de Pravind Jugnauth, vient toutefois de démissionner des deux commissions. Mais les avocats de Suren Dayal dans la Private Prosecution contre le PM ne sont toujours pas satisfaits de sa présence aux côtés de ce dernier.