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Tourisme dans le rouge: Les diplomates reprennent le dossier «écarlate»

6 décembre 2021, 18:30

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Tourisme dans le rouge: Les diplomates reprennent le dossier «écarlate»

Alors que les pressions diplomatiques s’accentuent pour enlever Maurice de la liste de pays classés «rouge écarlate», les autorités mauriciennes, prises de court, espèrent une issue favorable de Paris cette semaine, même si un retrait, à ce stade, est peu probable, selon les milieux diplomatiques à Paris.

SI la diplomatie mauricienne a été surprise par la décision des autorités françaises de nous placer sur la liste «rouge écarlate», elle tente depuis de reprendre le dessus, en multipliant les appels et en plaidant la carte économique. «C’est notre seule carte valable puisque nous n’avons pas un joli tableau sanitaire à montrer», explique-t-on.

Il se pourrait que la réunion du Conseil de défense sanitaire, prévue aujourd’hui à l’Élysée, se penche sur les représentations mauriciennes. Et ce, après que l’ambassadrice française à Maurice, Florence Caussé-Tissier, a fait part aux autorités locales de son engagement de transmettre leurs doléances au gouvernement français. L’ambassadrice a rencontré depuis vendredi plusieurs officiels par rapport à «la situation intenable pour tous les opérateurs locaux si cette décision est maintenue».

Cependant, parmi les diplomates habitués aux négociations, l’on regrette que tout un chacun s’y mêle, surtout des nominés politiques qui ne maîtrisent pas les relations internationales, encore moins les ficelles de la diplomatie, étant davantage dans la vente et le marketing touristiques, à l’instar de l’AHRIM et de la MTPA. «Cela se joue au plus haut niveau. Les marchands touristiques doivent laisser ce travail délicat aux diplomates, car brandir la carte économique tout en ne montrant pas toutes les cartes sanitaires va encore jouer contre nous dans ce dossier», fait ressortir un cadre aux Affaires étrangères qui prend pour exemple «la lettre qu’avait envoyée la Permanent Secretary de la Santé aux autorités françaises pour réclamer de l’oxygène en toute urgence». Et ce, alors même qu’au salon Top Resa et, après, le ministre du Tourisme disait que «tout était sous contrôle à Maurice». «Ces signaux brouillés entre différents départements du gouvernement ternissent notre image. Cela montre que nous disons tout et son contraire», explique-t-on à l’hôtel du gouvernement.

Si l’inquiétude gagne les Affaires étrangères sur l’imbroglio politique que constitue la liste «rouge écarlate», au Tourisme, on fait les comptes et on souligne que «le manque à gagner sera important pour l’industrie mauricienne si celle-ci ne fait pas le plein en termes d’arrivées touristiques pendant cette période de pointe».

Pour le moment, rien n’indique qu’il faut faire preuve d’un certain optimisme face à un retrait hypothétique de cette mesure. Le ministre du Tourisme par intérim, Joe Lesjongard, a fait entendre sa voix samedi, en affirmant que la fermeture des frontières est profondément injuste : «Nous souhaitons que le gouvernement français considère notre requête et assouplisse les mesures prises», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, certaines voix, tant du côté de l’opposition que dans l’opinion publique, se demandent si la démarche française ne constitue pas une réplique face à la menace du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de revendiquer la souveraineté de l’île Tromelin, placée en 1960 sous l’autorité française et exploitée jusqu’ici à des fins de météorologie tropicale pour la surveillance des cyclones tropicaux. Des propos tenus alors qu’il résumait, en deuxième lecture, les débats autour du Criminal Code (Amendment) Bill lors de la séance parlementaire du 2 décembre. Et ce, après la bataille diplomatique obtenue au niveau des instances internationales autour des Chagos. «Est-ce une simple coïncidence qu’après cette affirmation du Premier ministre, la France ait décidé d’inclure Maurice sur la liste de pays ‘rouge écarlate’ ?» s’interrogent certains spécialistes.

Toujours est-il qu’au ministère des Affaires étrangères, la situation est suivie de près. «Nous redoublons d’efforts diplomatiques pour que cette mesure ne s’éternise pas au détriment d’un secteur économique porteur de croissance. Mais il faut laisser aux diplomates le soin de négocier. Ce n’est pas tout le monde qui peut s’improviser diplomate», avance-t-on. Viset-on l’AHRIM et la MTPA ? On n’en saura pas plus pour l’instant. «Il ne faut pas envenimer la situation déjà compliquée», dit-on.

La faute aux correspondants ?

<p>&nbsp;La MBC n&rsquo;a pas tardé à trouver des boucs émissaires pour cette décision de la France de nous placer sur la liste rouge écarlate. Lors du JT de samedi soir, un reportage a montré plusieurs Unes de journaux (en faisant des gros plans sur les quotidiens<em> &laquo;l&rsquo;express</em>&raquo; et &laquo;<em>Le Mauricien&raquo;,</em> et aussi Le <em>&laquo;Défi&raquo;</em>) qui évoquent l&rsquo;explosion des cas et le nombre de morts qui augmente. Le reportage pose la question de savoir si ce ne sont pas la presse mauricienne et les correspondants qui collaborent avec la presse internationale qui sont responsables de ce qui arrive à l&rsquo;industrie touristique : <em>&laquo;La responsabilité de la presse est-elle engagée ?&raquo;</em> Un argument déjà mis en avant par l&rsquo;AHRIM et la MTPA mais qui ne convainc pas les diplomates. De telles décisions sont prises en étudiant plusieurs facteurs.</p>

<p>Selon plus d&rsquo;un diplomate, la presse indépendante en est un, mais il y a d&rsquo;autres sources d&rsquo;information et de confirmation. Il y a aussi la transparence ou la non-transparence autour du nombre de contaminés, de décès, les infrastructures médicales, le nombre de lits, les équipements, la liberté de la presse, et celle des citoyens de faire part de leurs problèmes sanitaires, fait-on ressortir.</p>

<p><strong>Prévision à réviser</strong></p>

<p>Tout laisse croire que le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, aura à revoir sa copie quant à sa projection des arrivées touristiques à la fin de l&rsquo;année suivant la réouverture complète des frontières du 1er octobre. Il avait tablé sur 325 000 touristes d&rsquo;ici la fin de l&rsquo;année. La France étant un des principaux marchés émetteurs, le Chief Executive Officer du groupe hôtelier Beachcomber, Gilbert Espitalier-Noël, n&rsquo;avait pas caché son désarroi, surtout après qu&rsquo;on a fermé la porte à l&rsquo;Afrique du Sud : &laquo;La décision de la France a une implication catastrophique pour les opérations de Beachcomber, qui représentent la moitié de nos réservations qui disparaissent durant le mois le plus porteur de l&rsquo;année&hellip;&raquo;</p>

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