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Consommation: les acheteurs boudent les grands bazars

23 novembre 2021, 21:00

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Consommation: les acheteurs boudent les grands bazars

L’on peut compter le nombre de personnes qui circulent dans le marché de Curepipe en ce lundi matin (NdlR : hier). Les étals des marchands de légumes font grise mine face à l’absence de la clientèle. De sorte qu’Anju Jankee a préféré rester chez elle. «Les clients se font très rares.» Elle qui pouvait accueillir une cinquantaine d’acheteurs par jour se retrouve avec moins de la moitié. «On ne peut se permettre d’acheter des légumes, de les exposer, de payer des travailleurs et au final de ne pas faire de vente. Heureusement que nous n’achetons pas beaucoup de légumes verts», explique-t-elle. Selon cette marchande, deux facteurs engendrent ce phénomène. Le premier serait les marchands ambulants qui sont présents au niveau des deux gares de Curepipe. «Les autorités ne font rien.» Et deuxièmement, les gens ne sortent plus autant. «On ressent que les gens ont peur de sortir. Un sentiment également perçu auprès des magasins.» Du coup, pour faire rouler son business, elle a eu à se réinventer. «Un jour, je vais bosser et mon collègue ne vient pas vendre ses légumes, et le lendemain, c’est lui qui vient et moi non. C’est la seule solution que nous avons trouvée afin que l’on puisse travailler un peu.»

Même constat au niveau du bazar de Rose-Hill. Les clients deviennent une denrée rare. «Et je peux même dire qu’avant les nouvelles restrictions, le public semblait déjà fuir le bazar», déclare Sanjeev Boodoo. Pour lui, les habitants ont peur du variant Delta d’autant plus qu’ils ont réalisé que maintenant beaucoup de personnes perdent la vie à cause du Covid-19. «Même sur les routes de Rose-Hill, aux heures de pointe, il y a moins de circulation.» Toutefois, ce marchand essaie au quotidien de ramener un peu d’argent chez lui, même s’il confie que ce n’est pas facile. «D’un côté, il est vrai que nous travaillons pour moins d’argent, mais d’un autre côté, nous assurons aussi notre santé.»

Le marché central de Port-Louis n’est aussi pas épargné par cette vague d’absence de la clientèle. L’un des marchands confie que les gens ont peur, certes, mais que beaucoup de fonctionnaires travaillent également de chez eux. «À partir de 13 heures, le bazar est presque vide.» Il dit craindre aussi pour la sécurité des marchands. Il s’explique. «La semaine dernière, l’un de nos clients a confié qu’il était positif au Covid-19 mais comme il n’a personne pour faire ses achats, il a pris le risque de venir lui-même. Et en plus, c’est une personne âgée.» En tout cas, personne ne sait combien de temps cette situation va durer, surtout que le virus continue à se propager dans le pays.

Lalos, piments et fruits d’été en hausse

Au même titre que les letchis et les melons d’eau, les mangues aussi tardent à se retrouver sur les étals. Le changement climatique en serait la principale cause, soutiennent les maraîchers. «Les melons d’eau, les mangues et les letchis seront chers.» Le prix des fruits importés a également pris l’ascenseur. «Les personnes nous blâment quand nous augmentons les prix. Mais il faut savoir qu’en l’espace de quelques mois, le fret des fruits importés a augmenté.» Il ajoute qu’une boîte d’oranges est passée de Rs 700 à Rs 1 200. Idem pour une boîte de limons, qui coûtait Rs 600 à Rs 800 et se paie aujourd’hui à Rs1 200. «Une boîte de kiwis se vend à Rs 1 700 alors qu’il y a deux mois, elle se vendait à Rs 1 200.» Les marchands déplorent que les autorités ne font rien pour leur venir en aide. Pour le secrétaire de la Small Planters Association, Kreepalloo Sunghoon, certains membres du public n’ont pas les moyens pour s’approvisionner en fruits et légumes. «Nous sommes dans la période où les légumes se vendent le moins cher. Et pourtant force est de constater que le public en achète très peu. Celui qui a l’habitude de prendre cinq livres de pommes d’amour n’en prend que trois livres, à titre d’exemple.» Il souligne aussi qu’avec la hausse des prix des produits dans les supermarchés, le consommateur doit couper la poire en deux aujourd’hui.