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Air Mauritius: E&Y recommande aux petits actionnaires d’opter pour le deal d’Airport Holdings

19 novembre 2021, 14:06

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Air Mauritius: E&Y recommande aux petits actionnaires d’opter pour le deal d’Airport Holdings

Préférer l’offre d’Airport Holdings Ltd (AHL) à Rs 5,80 l’action est l’option qu’E&Y recommande aux actionnaires minoritaires de MK. C’est la principale conclusion de l’étude indépendante du Big Four de la comptabilité pour le board d’Air Mauritius, suivant l’acquisition par AHL de 9 429 896 actions d’Air Mauritius Holding Ltd auprès de la State Investment Corporation (SIC), bras d’investissement du gouvernement et les 3,4 % de Rogers & Co Ltd, le 12 octobre.

Or, déjà détenteur de 40,4 % de l’actionnariat d’Air Mauritius, de 6,6 % du gouvernement, d’Airports of Mauritius (AML) et de la State Investment Corporation, cette transaction vient légalement déclencher les dispositifs des Securities (Takeover) Rules 2010. Cela vu que les entités combinées proches de l’État ont largement dépassé les 51 % de l’actionnariat d’Air Mauritius. D’où la pertinence de cette offre obligatoire faite aux actionnaires de MK pour acquérir les actions ordinaires pas encore détenues par le nouveau propriétaire. 

Conseiller indépendant

Le board de MK a pris la décision de nommer un conseiller indépendant pour se livrer à une évaluation indépendante de la société au 30 septembre 2021 et d’émettre des propositions aux actionnaires pour les aider à prendre une décision éclairée sur la question.

Dans un document cosigné par Marday Venketasamy, Chairman d’Air Mauritius et Harold Mayer, nouveau membre du board, soumis d’ailleurs à tous les actionnaires, les deux directeurs reprennent les faits saillants relevés dans le rapport d’E&Y pour soutenir l’offre d’AHL. À savoir que les comptes non audités de MK indiquaient un déficit de 172,8 millions d’euros à la date d’évaluation, de plus, compte tenu des pertes futures attendues suivant le redressement de l’industrie à l’avenir, aucun dividende n’est susceptible d’être versé au cours des prochaines années. «MK aurait probablement fait faillite sans le soutien du gouvernement mauricien, via une entité publique, qui a engagé un prêt de Rs 12 milliards. Et ce dernier fait maintenant une offre d’achat d’actions à MK au prix de Rs 5,80. Ce prix d’offre est également le prix auquel Air India Limited et Rogers and Company Limited ont convenu de vendre leurs actions de MK à AHL», maintiennent les deux directeurs.

Les actionnaires minoritaires, regroupés sous la Listed Companies Minority Shareholders’ Association (LCMSA) ont plus d’une fois refusé de souscrire à l’offre d’AHL, qualifiant cette démarche de mainmise de l’État. (Voir plus loin un condensé de la rencontre avec la presse jeudi matin). 

Que 11 % d’actions à acquérir

Par ailleurs, des spécialistes s’interrogent. Avec une participation effective de 79,1 % déjà au capital de MK, il ne reste que 11 % d’actions à acquérir, soit un total de 90 %, puisant probablement des 1,6 % de la NPF et des 10 % d’une brochette de petits actionnaires (19,3 %) tentés par l’offre de Rs 5,80, pour qu’AHL soit armée légalement pour forcer les actionnaires contesta- taires à suivre la ligne majoritaire. Idem pour les actionnaires existants qui n’au- ront d’autre choix que de s’opposer à un éventuel delisting de MK de la Bourse de Maurice si AHL le souhaite. 

Pour cela, les actionnaires minoritaires ont jusqu’au 22 novembre pour prendre une décision.

Raj Ramlagun envisage une injonction en cour

Les petits actionnaires ne lâchent pas prise. Lors d’une conférence de presse jeudi 18 novembre, Raj Ramlagun et Awadh Balluck de la Listed Companies Minority Shareholders’ Association (LCMSA), ont été très critiques envers Airport Holdings Ltd (AHL). Ils ont aussi déploré la manière de faire pour le rachat des 19 % d’actions des actionnaires minoritaires. Celles-ci représentent Rs 25 millions d’actions. 

Après qu’Air France a accepté de vendre les actions qu’elle détient à MK, AHL détient environ 81 % d’actions. Ce qui fait que conformément aux Listing Rules, AML a besoin de seulement 9 % des 19 % d’actions restantes des actionnaires pour franchir le seuil de 90 %. «Zot bisin zis 9 % pou ariv 90 %. Lerla kav dir sa 10 % la ala ou check», s’insurge Raj Ramlugun, le secrétaire de LCMSA. 

Il a également fait une sortie concernant les biens de l’État qui se retrouve sous la holding. «Ce n’est pas possible qu’une mégastructure englobe plusieurs entités qui sont redevables envers personnes.»

Il va encore plus et affirme que ni Ken Arian, ni Dev Manraj ni Marday Venketasamy ne sont aguerris dans le secteur de l’aviation. «Eski pé fer expérians?» 

Il estime que les structures mises en place vont à l’encontre des principes de bonne gouvernance. «Zordi pa kapav rann kont bann bien leta. Pé vinn pir ki MT si nou get bien. Est-ce que dans la loi, la clause de 90 % des actions acquis n’est pas anticonstitutionnelle ? Parce que c’est une expropriation des biens.» Toutes les entités, que ce soit la State Investment Company ou Mauritius Telecom, où le gouvernement détient plus de 25 % d’actions directes ou indirectes doivent être redevables. «Sinon nous ne pouvons parler de bonne gouvernance.» 

S’il affirme que ce n’est pas la manière appropriée pour changer de «ownership», il fait ressortir qu’une injonction sera déposée en cour aujourd’hui après consultation avec son homme de loi.

De son côté, le président Awadh Balluck a dénoncé l’exploitation des petits actionnaires par les dirigeants. Il exhorte une nouvelle fois les petits actionnaires à ne pas céder. «Pa van ou shares ou pou gran perdan.»

Ken Arian seul maître à bord ?

Répondant au député Osman Mahomed, le Premier ministre a maintenu, mardi au Parlement, qu’il n’y a pas de problème de gouvernance en ce qui concerne Ken Arian, qui préside les filiales tombant sous Airport Holdings Ltd, tout en étant le PDG de la holding. Pourtant, nous dit Osman Mahomed, le conseil d’administration d’Airport Holdings Ltd n’est pas encore constitué. «De plus, il n’y a pas eu de réunion du conseil d’administration d’Airports of Mauritius Ltd depuis plusieurs mois», souligne le député rouge. Pravind Jugnauth n’a pas voulu répondre aux questions supplémentaires d’Osman Mahomed en rappelant à ce dernier que sa question n’a rien à voir avec la question principale. Et à la question principale, le Premier ministre s’est contenté de réciter les cas d’Iqbal Mallam Hassam et de Raj Ringadoo qui avaient siégé sur plusieurs boards. Mais ce dernier n’a jamais été CEO, nous explique Osman Mahomed, «et Airport Holdings Ltd est autrement plus important puisqu’ayant un énorme chiffre d’affaires et concerne des secteurs stratégiques de notre pays».