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Incendie au Craft Market du Caudan: Bookcourt temporairement fermée 15 jours avant ses 25 ans

18 novembre 2021, 15:02

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Incendie au Craft Market du Caudan: Bookcourt temporairement fermée 15 jours avant ses 25 ans

 

Les livres ne sont pas partis en fumée. Mais chez Bookcourt, c’est l’incertitude. À hier, mercredi 17 novembre, «nous n’avons pas encore eu l’autorisation d’ouvrir la librairie pour faire un état des lieux», affirme Ginny Lam, responsable des ventes et marketing des cinq librairies Bookcourt. L’enquête pour déterminer les causes de l’incendie qui a éclaté au Craft Market du Caudan Waterfront, jeudi dernier, est en cours.

«Toute la fumée a peut-être imprégné les livres», s’inquiète Ginny Lam. Déjà que la situation de la librairie du Caudan n’était pas reluisante. «Depuis 2020, il n’y avait pas de touristes. On avait tout juste commencé à voir enn ti pé lizour, le mois dernier avec la réouverture des frontières. Voilà qu’il y a eu l’incendie. Heureusement qu’il n’y a pas de personnel en sureffectif.»

Même avant les deux confinements, «c’était très dur», affirme-t-elle. Au point où la question d’une éventuelle fermeture de la librairie du Caudan avait été évoquée. En 2011, son frère Andy, qui est le General manager de Bookcourt, crée une société pour représenter la marque Sensormatic, qui fabrique et commercialise des équipements de surveillance pour diminuer les vols dans les magasins. «Il y a dix ans, on voyait déjà que la vente de livres stagnait», explique Ginny Lam. «Mon frère disait qu’il fallait passer à autre chose.»

La librairie du Caudan est la première des cinq librairies Bookcourt. Fruit d’une collaboration entre André Lam (le père d’Andy et de Ginny) et René Leclezio, Chief Executive Officer de Promotion and Development (PAD), la société qui gère le Caudan Waterfront. Elle sera suivie des librairies de Flacq, Trianon, Bagatelle, Grand-Baie et Cascavelle.

Que de l’anglais

André Lam, restaurateur, tient la Cafeteria Péreybère «avant même ma naissance», confie sa fille Ginny. «Mais il aime lire.» Le concept de départ de Bookcourt, c’est de proposer uniquement des livres en anglais, «parce que c’est notre langue officielle. Aujourd’hui, c’est fifty-fifty avec les livres en français», précise la responsable.

Le 2 décembre, Bookcourt prévoyait de célébrer ses 25 ans d’existence. «Il y a deux ans j’avais commencé à planifier les célébrations. Nous voulions remercier tous ceux qui ont cheminé avec nous, en espérant qu’ils vont continuer à nous soutenir, mais le Covid-19 a tout stoppé.»

Parmi les nouveautés envisagées : mettre en place un système de cartes de fidélité. «Comme ça coûte de l’argent, on devait le faire en 2019. Je devais suivre une formation pour me familiariser avec les nouvelles technologies. Tout a été gelé.»

Sans ambages, Ginny Lam affirme : «là, on survit». Il faut «tenir le coup» avec les 25 employés. «En janvier 2020, je devais recruter, mais mon expérience des jeunes, c’est qu’ils manquent de sérieux. Ils veulent gagner beaucoup d’argent avant même de commencer à travailler.» Effet secondaire du Covid-19 : certains employés qui étaient chez Bookcourt depuis des années ont trouvé un autre travail. «Mais la plupart est avec nous depuis 15 à 18 ans. Sauf ceux de Grand- Baie, qui sont là depuis cinq ans. Nous essayons de les fidéliser.»

Si la vente de livres est difficile, Ginny Lam affirme le faire «par passion. J’adore lire tout ce qui touche à la psychologie et au self help. Ça me fait du bien de vendre de livres». Elle se sent utile quand elle conseille un «bon» livre à un client qui lui dit : «je suis stressé, pré pou al lor burn-out. Tu dois m’aider».

Autre effet secondaire du Covid-19, «pendant les confinements, il n’y avait pas de livraisons des achats en ligne sur Maurice. J’ai pu récupérer quelques clients». Depuis la semaine dernière, le nouveau site Internet de Bookcourt permet de commander en ligne.

Best-seller mauricien: «300 copies vendues dans les cinq Bookcourt en un an…»

<figure class="image"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/lexp_-_2021-11-18t145926.034.jpg" width="620" />
	<figcaption>Il y a cinq librairies Bookcourt à travers l&rsquo;île. Celle du Caudan est temporairement fermée à cause de l&rsquo;incendie.</figcaption>
</figure>

<p>La section Mauriciana chez Bookcourt est bien achalandée. Sauf que l&rsquo;expérience de Ginny Lam est sans appel : <em>&laquo;Les livres mauriciens, ça ne se vend pas.&raquo;</em> Pourtant, il y a une profusion d&rsquo;auteurs locaux. &laquo;<em>Je suis fière de voir tous ces talents. Mais les vendre, c&rsquo;est autre chose. J&rsquo;espère que durant les prochains 25 ans, les gens vont lire davantage.</em>&raquo; Elle déplore aussi que certains auteurs<em> &laquo;croient que le public va se précipiter sur leur livre&raquo;.</em> La parade de la responsable de Bookcourt : organiser des séances de dédicace. <em>&laquo;Quand le public parle avec l&rsquo;auteur, c&rsquo;est comme ça qu&rsquo;on fait la vente.</em>&raquo; Mais une fois la séance de dédicaces terminée, souvent <em>&laquo;les livres restent là&raquo;.</em></p>

<p>Ce qui marche ? Les livres de personnalités comme &laquo;Satish Boolell, Jean Claude de l&rsquo;Estrac, Jacques Maunick&raquo;. Sa définition de best-seller mauricien : &laquo;plus de 300 copies vendues dans un an et un nouveau tirage&raquo;. Ginny Lam précise : &laquo;300 copies en comptant tous les exemplaires vendus dans les cinq Bookcourt en un an.&raquo; Qu&rsquo;en est-il pour un jeune auteur ? &laquo;S&rsquo;il est chanceux, il vendra 25 copies, la plupart achetées par sa famille. À Maurice, on ne lit pas assez. Notre but c&rsquo;est aussi d&rsquo;encourager la lecture.&raquo;</p>