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Quelles sont les mesures anti-covid les plus efficaces? Difficile à déterminer...

18 novembre 2021, 10:52

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Quelles sont les mesures anti-covid les plus efficaces? Difficile à déterminer...

Quelles sont les mesures les plus efficaces contre le Covid-19 ? Après presque deux ans de crise et malgré une jungle de recherches, les comparaisons restent difficiles, comme le souligne une vaste étude qui conclut toutefois à l'intérêt de porter le masque.

«On manque encore de résultats d'excellente qualité sur le SARS CoV-2», le virus à l'origine du Covid, «et l'efficacité des mesures de santé publique», résume cette étude publiée mercredi dans le British Medical Journal (BMJ), l'une des revues scientifiques de référence.

Ce travail est important car c'est l'une des premières études à évaluer aussi largement l'efficacité des mesures de lutte contre le Covid-19.

Depuis la naissance de la pandémie début 2020, un vaste panel de mesures a été testé d'un pays à l'autre: confinements plus ou moins stricts, port du masque, fermeture des frontières...

Ces choix ont parfois varié au fil du temps comme en France, où les autorités ont initialement fait preuve de scepticisme sur le port généralisé du masque, puis l'ont rendu obligatoire dans de nombreux lieux. 

De très nombreuses recherches ont cherché à évaluer l'efficacité de ces mesures et l'étude du BMJ vise à en rendre compte: il s'agit d'une méta-analyse, qui compile des études existantes en les pondérant en fonction de leur sérieux et de leur niveau d'exigence.

L'intérêt est considérable car ce type de travail donne la meilleure idée possible de l'état des connaissances sur un sujet donné. Mais, dans le cas présent, les réponses ne sont guère tranchées.

70 études

Les chercheurs concluent, certes, à l'efficacité probable de certaines mesures pour réduire la fréquence des cas de Covid 19.

Leurs données, compilées à partir d'environ 70 études, «laissent penser qu'il y a un bénéfice associé au lavage des mains, au port du marque et à la distanciation physique», c'est-à-dire le fait d'éviter de rassembler trop de monde dans un endroit donné.

Mais ces effets ne sont pas très marqués et, sur d'autres mesures, les chercheurs ne sont même pas en mesure de trancher. 

«A cause de l'hétérogénéité des études, une méta-analyse n'a pas été possible sur les effets des quarantaines et des isolements, des confinements stricts, (ainsi que) de la fermeture des frontières, des écoles et des lieux de travail», énumèrent-ils.

Pire encore, les auteurs n'ont pas été en mesure d'examiner des recherches sur les effets d'une bonne aération des lieux clos. Pourtant, de nombreux chercheurs jugent qu'une telle mesure est cruciale puisque le coronavirus se transmet d'abord par les airs.

Faut-il pour autant en conclure à l'absence d'intérêt de toutes ces mesures ? Non. Mais l'étude du BMJ témoigne de la difficulté à trouver des travaux convaincants sur chacune d'entre elle.

Par certains côtés, la faiblesse de ces études est liée à ce qui est examiné. Contrairement aux vaccins anti-Covid et aux traitements potentiels, il est difficile de constituer, d'entrée de jeu, différents groupes qui appliqueront ou non une mesure.

Difficile d'isoler un facteur

La plupart des études compilées examinent donc après coup la fréquence des cas de Covid dans une population qui s'est vu imposer une mesure ou y a été incitée. 

La faiblesse de cette approche, c'est qu'il est difficile de distinguer ce qui vient réellement d'une mesure donnée, d'autant que les autorités ont généralement appliqué systématiquement plusieurs d'entre elles: ce n'est pas parce qu'un confinement était en place que le port du masque n'était pas recommandé.

C'est peut-être ce qui explique les bénéfices observés pour le lavage des mains. Ils sont contre-intuitifs puisque le virus semble peu se transmettre par contact direct.

Mais les personnes qui se lavent les mains ont aussi tendance à avoir d'autres comportements protecteurs comme «éviter les foules, se tenir à distance et porter un masque», estiment dans un commentaire, également publié par le BMJ, des chercheurs qui n'ont pas participé à l'étude.

Il est donc difficile d'isoler un facteur en particulier. Toutefois, ces commentateurs, parmi lesquels le professeur australien de médecine Paul Glasziou, estiment qu'il est possible d'engager des études plus convaincantes qu'actuellement.

«Il faut des recherches plus nombreuses et de meilleure qualité», soulignent-ils, jugeant que le manque de travaux solides «est une tragédie dans la pandémie.»