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Dans la presse du… 14 novembre 1966: Gaëtan Duval, leader du PMSD

14 novembre 2021, 11:30

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Dans la presse du… 14 novembre 1966: Gaëtan Duval, leader du PMSD

L’express du lundi 14 novembre 1966 annonce que M. Gaëtan Duval est, depuis samedi, le leader en titre aussi bien qu’en fait du Parti mauricien social démocrate (PMSD). Il a été élu à cette première place à l’unanimité des 23 membres de l’exécutif de ce parti. M. Jules Koenig, leader jusqu’alors, s’est démis de ces fonctions pour des raisons de santé. 

Dans sa première déclaration à la presse comme chef du PMSD, Duval a dit : «Je suis conscient des responsabilités qui ont été placées sur mes épaules. Je suis très heureux d’avoir été élu à l’unanimité. Je continuerai sur la lancée nationale.» 

La réunion de l’exécutif qui a duré une heure s’est déroulée au Centre national de la jeunesse sociale démocrate à Port-Louis. Peu après, la presse était avisée de la décision par un communiqué signé de M. Raymond Devienne, président, de M. Monaf Fakira, secrétaire général. 

Le remplacement imminent de Jules Koenig par Gaëtan Duval fut annoncé par le Sunday Express le 18 septembre. Une tentative de démenti fut immédiatement rectifiée. On savait depuis ce moment que le PMSD irait aux élections générales avec Duval comme leader. Restait la question de «timing». 

Le retrait de M. Koenig samedi a eu pour explication «de graves raisons de santé» et c’est sur l’avis de ses médecins qu’il s’est démis de ses fonctions. Mais sa démission ne prendra effet qu’à la fin de la présente session parlementaire. 

Des observateurs politiques relient l’événement de samedi au départ, ce lundi, de M. Duval, pour Formose, Bruxelles, puis Londres. On n’aura pas voulu que les deux semaines que durera son absence puissent être l’occasion d’une répétition des mouvements anti-Duval au sein du PMSD qui eurent lieu fin 1964. La deuxième relation qui est faite est avec la date des élections. Il est probable, estiment ces observateurs, que M. Duval, qui est toujours extrêmement bien renseigné, croit à des élections en mars 1967. 

L’ascension de M. Duval dans le Parti Mauricien a été rapide mais non exempte de tiraillements. Alors que ses relations avec le vieux leader respecté ont toujours été excellentes, Duval s’est plusieurs fois heurté au président, Raymond Devienne et un certain nombre de ces différends sont du domaine public. 

Mais le tempérament et les qualités de Duval étaient de nature à surmonter ces obstacles. L’évolution du PMSD sous son impulsion a été rapide. Duval disait en 1964-65 : «J’ai fait mon parti courir, je vais le faire sauter». Le PM sauta et devint le PMSD. 

Grâce à un réseau de contacts extrêmement efficaces dans des milieux bien placés londoniens, Duval eut bientôt une meilleure audience auprès du nouveau gouvernement travailliste que Ramgoolam. Sa vive intelligence fut très appréciée par John Stonehouse, Anthony Greenwood, le professeur Balogh. Bien que le PTr local ait, depuis, négativé en partie son influence à Londres, il ne fait aucun doute que Duval a gardé des contacts très utiles dans la métropole et qu’il est renseigné sur tout ce qui s’y passe. A Maurice dans l’organisation du parti, il fut bientôt indispensable. 

Indispensable, mais discuté. L’épreuve de force vint en décembre 1965 au moment du choix du maire. Duval «descendit dans la rue» et gagna. Depuis, la direction du PMSD était, en fait, entre ses mains. 

Parmi les dirigeants du PMSD, Duval est, depuis plusieurs années, l’interlocuteur le plus accessible pour le PTr. En septembre 1963, il fut l’initiateur et le promoteur d’une tentative d’accord pré-électoral. Pendant la durée du gouvernement de coalition, il fut très proche de sir Seewoosagur – au grand dam de certains. 

Le virage «national» du PMSD, personne autre que Duval ne pouvait l’entreprendre dans ce parti. Et il y eut, dans le même temps qu’un rapprochement sur le plan social, plusieurs tentatives de sa part de démontrer qu’il pouvait obtenir des fonds importants de la grande foule de ses partisans sans dépendre exclusivement des supporters riches de l’aile droite. 

Aujourd’hui, Duval veut le pouvoir. Pour l’obtenir il se sert quelquefois de moyens qu’on ne peut ne pas réprouver. Sa technique de manipulation de la foule fait ses adversaires crier au scandale. Il est évident qu’elle constitue une menace sérieuse pour l’avenir de la démocratie à Maurice. De plus, Duval est regrettablement associé à des éléments extrêmement discutables. 

D’autre part il pige rapidement les idées et son intelligence lui donne une compréhension des problèmes et des solutions possibles qui n’est pas de commune mesure. Son discours à l’assemblée sur la nécessité d’utiliser la manne des Rs 120 millions tombés entre les mains de l’industrie sucrière en 1963 reste un modèle de courage. 

Duval est âgé de 36 ans.