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L'Unesco fête ses 75 ans d'action pour la culture

14 novembre 2021, 07:31

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L'Unesco fête ses 75 ans d'action pour la culture

Vingt-huit chefs d'Etat et de gouvernement ont célébré vendredi à Paris le 75e anniversaire de l'Unesco, organisation onusienne créé en 1946 sur les ruines de la Seconde guerre mondiale, qui aspire à construire la paix via la culture, la science et l'éducation.

Sa devise, ambitieuse, est gravée en dix langues sur un mur de pierre érigé dans son siège parisien : «Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix».

Si ce vœu pieux n'a pas résisté à l'épreuve du réel, les conflits meurtriers n'ayant jamais cessé, l'organisation affiche de nombreux succès.

«C’est une idée immense, après les censures, les stigmatisations et les autodafés (du second conflit mondial, NDLR), que de considérer comme universel ce que chaque civilisation, chaque culture, a produit de plus beau», a reconnu le Premier ministre français Jean Castex.

L'Unesco mène «la seule guerre juste, la seule qui vaille d’être menée, celle contre l’ignorance», a-t-il poursuivi.

«Cela fait 75 ans de solidarité multilatérale et nous devons continuer pour encore 75 autres années», a de son côté salué le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qui discourait dans une institution visitée historiquement par les plus grands intellectuels et artistes : du peintre espagnol Pablo Picasso au président sud-africain Nelson Mandela, en passant par l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss, qui y prononça dès 1952 un plaidoyer contre le racisme.

Une tribune

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a loué dans une vidéo en ligne une organisation «au centre du réseau» onusien, quand le pape François, également à distance, a qualifié l'Unesco d'«interlocuteur privilégié du Saint Siège au service de la paix, de la solidarité des peuples (...) et de la protection du patrimoine culturel de l’humanité».

Signée en 1972, la Convention du patrimoine mondial, la plus connue de l'Unesco, protège plus de mille sites culturels et naturels, classés dans 167 pays.

«Après 75 ans d’existence, le bilan de l’Unesco est remarquable», particulièrement au niveau du patrimoine, remarque Chloé Maurel, chercheuse associée à l'université de la Sorbonne, spécialiste de cette institution et de l'ONU.

Mais «la nécessité de respecter le politiquement correct et de ne vexer aucun Etat-membre limite (sa) liberté de parole», observe cette historienne.

L'Unesco, tout au long de son histoire, a tenté de définir des normes, au travers de conventions longuement discutées, telles celles sur le droit d'auteur (1952), le trafic illicite de biens culturels (1972), ou le patrimoine culturel immatériel (2003), dont la signature a pris... soixante ans.

Mais elle reste souvent critiquée pour son manque de dynamisme et la faiblesse de ses réalisations concrètes.

«A l'origine, l'Unesco n'a pas été pensée pour être opérationnelle. C'est une organisation extrêmement juridique qui a un rôle essentiellement normatif», souligne Mathilde Leloup, maîtresse de conférence à l'université Paris 8, autrice d'une thèse portant notamment sur l'action de l'Unesco au Mali.

L'institution fonctionne en outre «avec très peu de fonds», qui lui «rendent difficile de mener des actions d'envergure sur le terrain», remarque-t-elle. Son budget n'est que d'environ 700 millions d'euros par an.

Très peu de fonds

En 2015, l'Unesco a toutefois permis la restauration des mausolées de Tombouctou par des artisans maliens. Elle est impliquée dans la reconstruction de Mossoul, détruite par trois années de bataille urbaine contre l'Etat islamique, et Beyrouth, après l'explosion du port ayant ravagé son centre en 2020.

Elle affirme avoir joué un rôle important durant la pandémie de Covid-19 en permettant à 400 millions d'enfants de poursuivre leur scolarité.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a, lui, félicité «l’œuvre gigantesque» de l'institution au niveau environnemental, «un apport colossal pour la communauté internationale».

L'Unesco a fait de la préservation de l'environnement l'une de ses priorités pour les années à venir.

Tous les pays du monde, à l'exception des Etats-Unis, d'Israël et du Liechtenstein en font partie. Washington et Tel Aviv avaient quitté l'Unesco avec fracas en 2017, après que l'organisation basée à Paris eut reconnu la Palestine comme Etat-membre.

Un dialogue est en cours avec les Etats-Unis pour qu'ils rejoignent à nouveau l'Unesco, affirme sa directrice général Audrey Azoulay, dont le mandat de quatre ans a été reconduit mardi.

«Nous vivons un moment critique : l'existence de la planète et de l'humanité sont menacées», s'est alarmée cette dernière, appelant à faire «le pari de l'intelligence collective».

Et Mme Azoulay de citer le poète chilien Pablo Neruda et sa «foi absolue en la destinée des humains» pour clore l'évènement : «Je sais qu'un jour nous verrons la lumière absolue. Que nous progresserons ensemble. Cet espoir est irrévocable.»