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Escroquerie en Angleterre: le fils de feu Lucienne Anodin satisfait que justice soit rendue

13 novembre 2021, 21:20

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Escroquerie en Angleterre: le fils de feu Lucienne Anodin satisfait que justice soit rendue

Il regrette que sa mère ne soit plus de ce monde pour l’apprécier 

Jason Mareemootoo, Allen Vincatassin et Yiliana Hengari étaient poursuivis pour escroquerie aux dépens de l’octogénaire Marie Lucienne Anodin devant la Snaresbrook Crown Court en Angleterre. Elle a eu le temps de mourir avant d’obtenir un verdict. Celui-ci a été rendu le 5 novembre. Ainsi, Jason Mareemootoo a été condamné à cinq ans de prison, Allen Vincatassin, le président en exil des Chagos, a écopé d’une peine d’emprisonnement de quatre ans alors que Yiliana Hengari dois passer trois ans en détention. Après ce jugement, Laval Nallacooty, le fils de Marie Lucienne Anodin, s’est dit soulagé du jugement mais a regretté que sa mère soit décédée avant la fin du procès. «Elle a beaucoup souffert et est morte avant d’avoir pris connaissance du verdict. Quoi qu’il en soit, justice lui a enfin été rendue», estime Laval Nallacooty, 68 ans. 

Le sexagénaire confie que la justice a pu être rendue à sa mère grâce à l’avocat Bushan Deepchand, qui a accepté de les défendre en pro bono. «Li enn envoyé de Dieu. Sa avocat-là enn sou mo pankor donn li ek li pé kontinié defann mwa. Mo remercié li infiniment pou tou seki linn fer. Rare ou trouve enn dimounn kumsa. Ena moment kot monn decourazer, monn dire li les case-là tomber. Linn refizé ek linn dir nou pas kapav les tombé. Linn vraiment engaz li dans sa combatla pou mo mama gagne la zistis», relate Laval Nallacooty, qui est un habitant de Beau-Vallon. Il dit que pendant toutes ces années d’attente, il a subi un terrible stress moral, recevant des menaces et subissant des pressions pour ne pas aller de l’avant avec le procès, et a connu des problèmes de santé par la suite.

Les faits remontent à 2016 en Angleterre. Les quatre accusés ont vendu la maison de Marie Lucienne Anodin, engrangeant des bénéfices et ont détourné de l’argent de son compte bancaire, soit environ 60 000 livres sterling, l’équivalent de plus de Rs 3 millions. La presse anglaise a rapporté qu’Allen Vincatassin est accusé d’avoir utilisé son influence pour persuader la vieille dame de signer les droits pour la vente de sa maison à Newham. Il aurait vendu la maison de cette dernière pour 300 000 livres sterling, soit près de Rs 12 millions, à une société immobilière, alors que la maison valait en réalité Rs 25 millions.

C’est après la mort de son époux que Marie Lucienne Anodin a quitté Maurice pour s’installer en Angleterre pour se remarier. C’était en 1965.Elle travaillait comme femme de chambre dans de grands hôtels et avait économisé sou pour sou pour s’acheter, en août 1969, une maison à Forest-Gate, un quartier chic à l’est de Londres. Mais elle a ensuite été dupée par l’un des escrocs susmentionnés, qui s’était fait aussi passer pour son neveu et a pris des paris en ligne pour plus de Rs 2 millions ponctionnées sur le compte bancaire de l’octogénaire. C’est sans un sou qu’elle a dû rentrer à Maurice en 2018. Elle est décédée à l’âge de 83 ans, le 29 juin dernier.

Me Deepchand de la firme londonienne Lambeth Solicitors a défendu Marie Lucienne Anodin et Laval Nallacooty pro bono. Il compte à présent entamer des actions au civil contre la banque de sa cliente. «Notre prochaine démarche consistera à recouvrer les pertes et les dommages résultant de l’acte ou de l’omission de l’institution bancaire.» Selon l’avocat, la banque a failli à sa tache de protéger les intérêts de Marie Lucienne Anodin. «La banque maintient normalement un profil pour chaque client et sait comment les comptes de chacun sont gérés en fonction des données et des transactions historiques. Dans le cas de Lucienne Anodin, la banque connaissait ses transactions historiques et savait comment elle gérait ses comptes historiquement. Par conséquent, l’institution avait le devoir de tirer la sonnette d’alarme et de prendre des mesures préventives à chaque fois qu’elle notait des transactions inhabituelles ou suspectes», estime Me Deepchand. «Par exemple, l’institution bancaire savait très bien que Marie Lucienne Anodin était analphabète et qu’elle ne jouait pas aux jeux d’argent, ni ne faisait des extravagances avec son argent. Par conséquent, le gestionnaire du compte aurait dû geler le compte ou alerter l’équipe de fraude bancaire. Mais rien n’a été fait alors que normalement, c’est le cas au Royaume-Uni. Si votre banque constate des activités suspectes sur votre compte, elle le suspendra et vous appellera pour confirmer les transactions. Elle n’a pas agi ainsi dans le cas de Marie Lucienne Anodin. Il me semble que la banque a peut-être manqué de jugement et à sonobligation de diligence envers Marie Lucienne Anodin», poursuit-il.