Publicité

Un jour dans la vie d’un détenu…

8 novembre 2021, 19:06

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Un jour dans la vie d’un détenu…

Entre des détenus qui restaurent la plage publique de La Prairie et Peeroomal Veeren qui demande l’autorisation de suivre des cours à distance pour obtenir une licence en droit (LLB), à quoi ressemble la journée d’un prisonnier ? Elles ne se passent pas seulement derrière les barreaux, visiblement…

La journée type du prisonnier commence donc à 6 h 15 au plus tard. Une tournée est alors entamée par les garde-chiourmes afin de s’assurer qu’ils… respirent toujours. «Il s’agit de les réveiller, mais pas que. Bizin gueté si tou levé ek ki personn pann mor», confie un officier. Tous sont alors dirigés vers la cour, connue dans le milieu comme l’ «association yard». Il faut savoir que les détenus ont droit à leur pain quotidien, distribué la veille. Une décision de l’ancien commissaire des prisons, selon les sources, alors que jadis, ils avaient droit à un pain beurré, fraîchement sorti du four le matin. «Mais aujourd’hui, ils ont droit à un pain sec, tout sauf croustillant. On leur donne alors leur thé.» Le p’tit-déj’ est servi jusqu’à 7h30 au plus tard.

Qui plus est, il y a deux catégories de prisonniers : ceux qui sont «on remand» et ceux qui sont condamnés. «Bann seki lor remand pena okenn obligation travay zot...» Donc, ils errent dans la cour après leur petit déjeuner, ou sinon ils sont invités à participer à des activités proposées par les welfare officers. Ils jouent alors au domino, au Ludo, au carrom ou alors ils peuvent toujours profiter de la télévision. Alors que les détenus condamnés doivent travailler. Cela dans différentes sections. Ils doivent nettoyer la prison à l’intérieur comme à l’exté- rieur, faire la cuisine, s’occuper de la cantine ou suivent des cours dans plusieurs domaines dont la mécanique, la plomberie, la boulangerie et pâtisserie ou encore la menuiserie, entre autres. Des activités qui se terminent à 10 heures au quotidien.

Toutefois, Covid-19 oblige, plusieurs cours ne sont plus dispensés en raison des restrictions sanitaires. A ce moment, les condamnés sont appelés à aider dans le nettoyage et la cuisine, principalement. Puis, à 10 h 30, place au déjeuner, à midi c’est l’heure du thé et à 14 heures, on sert le dîner. Ils sont par la suite reconduits dans leur cellule à 16 h 15 au plus tard et y demeurent jusqu’au lendemain matin. Pour ce qui est du week-end, dont samedi après-midi, dimanche et les congés publics, les nettoyages ‘à l’extérieur’ ne sont pas autorisés. A savoir qu’un prisonnier coûte quelque Rs 746 à l’État au quotidien.

Les garde-chiourmes indiquent que comme Peeroomal Veeren (NdlR, condamné à 34 ans de prison en 2010 pour trafic de drogue et incarcéré à Phoenix, l’un des plus célèbres détenus de Maurice a réussi son A-Level lors de son incarcération), ce n’est pas la première fois que des prisonniers manifestent leur intérêt pour les études. «Dans le passé, il y a même des prisonniers qui avaient obtenu des bourses de l’Open University pour étudier et avaient réussi avec brio.» Et pour la restauration de la plage de La Prairie, ils avancent que cette pratique est courante, et considérée comme un moyen pour eux de repayer leurs dettes à la société. Mais toujours en raison de la pandémie, ce type d’activité avait été stoppé.

A savoir que plusieurs associations sont aussi à pied d’œuvre pour aider à la réinsertion des détenus au sein de la société, après qu’ils ont purgé leur peine, dont Kinouété. Qui offre non seulement un accompagnement psychologique et psychosocial mais qui depuis quelques années, propose des formations dans divers domaines, comme la coiffure, l’esthétique, ou encore l’artisanat et la broderie.

Selon un ancien détenu avec qui nous avons conversé également, en prison, tout est calculé à la minute près. «Pa pans pou dormi 5 minit anplis, pa anvi mem dormi. Au contraire, on compte les heures pour voir le soleil. Quand vous êtes enfermés de 16 heures à 6 heures, toutes sortes de pensées noires vous trottent dans la tête. Le plus dur c’est aussi de penser en permanence à ses proches, à ses erreurs... Il faut avoir un moral d’acier pour ne pas sombrer…»