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Covid-19: l’immunité collective, c’est pour quand ?

7 novembre 2021, 19:00

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Covid-19: l’immunité collective, c’est pour quand ?

Cela fait des mois qu’on en parle. L’immunité collective était présentée comme le ‘graal’, l’objectif à atteindre dans le combat contre ce satané virus. Mais si les chiffres concernant la vaccination ont bien été atteints, le nombre de cas et de décès est alarmant. Pourquoi? Comment?

Pendant plusieurs mois, l’objectif majeur du gouvernement a été d’atteindre l’immunité collective. C’était même l’une des conditions permettant la réouverture complète des frontières. Mais le nombre de cas grimpe en flèche, tout comme le nombre de décès. Est-ce la faute du Delta ?

L’immunité collective serait-elle donc un mirage ? Le Dr Zouberr Joomaye, président du National Covid Vaccination Committee, avait déclaré sur les ondes d’une radio privée qu’une fois la barre des 800 000 Mauriciens vaccinés franchie, l’immunité collective contre le Covid-19 serait alors atteinte. Or, selon les derniers chiffres annoncés vendredi lors de la conférence de presse du National Communication Committee (NCC), 858 131 personnes sont désormais «fully vaccinated». Et entre-temps, le nombre de personnes qui décèdent du Covid-19 continue de grimper. En une semaine, 42 personnes ayant contracté le virus ont perdu la vie. Un record pour le pays. Sans parler du nombre de cas, soit 17 526 cas recensés depuis mars 2021, les chiffres ayant été annoncés par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, mercredi cette fois.

Pour le Dr. Farhad Aumeer, l’immunité collective est un échec total. «Nous assistons ces derniers jours à une flambée du nombre de cas, qui affecte même les jeunes comme les moins jeunes, les vaccinés comme les non-vaccinés. Mais personne ne vient expliquer le pourquoi. Selon moi, cette immunité collective est un échec total.» Il s’explique. «A Maurice, on a utilisé cinq vaccins pour avoir des anticorps. Et aujourd’hui, le virus dans sa pathologie et sa biologie normales, va se redécouvrir pour devenir encore plus virulent, changer sa couche de protéine. Et nous avons un ‘subtype’ du variant Delta qui est en train de faire des ravages. La virulence de la contagion donne des frissons !»

Le Dr. Aumeer reconnaît que le pays a atteint l’immunité collective annoncée par le gouvernement. «Mais on a inoculé des vaccins différents à différents intervalles. Et sur différentes personnes, du coup le virus est devenu plus ‘malin’. Mais ce qui a été mal-organisé c’est le temps, la durée de la campagne.» Il rappelle que celle-ci a débuté en mars avec un vaccin, puis avril les vaccinés ont eu droit à un autre vaccin, et ainsi de suite. « L’efficacité du vaccin dans le corps dure un moment, mais au bout d’un moment, elle s’estompe. Quand le seuil d’anticorps atteint les 20 %, il n’y a pratiquement plus aucun effet. Et c’est ce qui se passe actuellement.» Nous avons beau cher- cher sur la Toile, il n’y a pas de chiffres qui font état du taux d’anticorps pour chaque vaccin après 4-5-6 mois, voire 1 an.

Recommencer une campagne de vaccination

Le Dr. Aumeer met d’ailleurs le doigt sur l’efficacité des vaccins. «L’on sait que certains sont moins efficaces que d’autres. Mais il faudrait savoir pourquoi les 25 % de la population n’ont pas encore été vaccinés ?»

Il existe selon lui une solution. «Il faut recommencer une campagne de vaccination, et tout reprendre à zéro. Et l’on doit utiliser le Pfizer-BioNTech car c’est le vaccin le plus efficace selon les données. Et il faut aussi commencer le traitement antiviral et ne pas encore attendre quatre mois. Lancer les Emergency Procurements. Certes, il faut écouter l’OMS mais ne pas la suivre aveuglement.» Autres mesures pour éviter encore des milliers de contaminations: «Je préconise un couvre-feu partiel de 18 heures à 6 heures du matin, afin d’éviter la transmission et la contagion. Et pourquoi pas faire un ‘mini-confinement’ de dix jours ? Car la situation est hors de contrôle.»

Autre intervenant, autre déclaration. Selon le Dr. Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, le pays n’a pas encore atteint l’immunité collective…. «L’OMS parle d’immunité collective quand elle atteint les 80 % de vaccinés. On a constaté que malgré la vaccination, l’on peut attraper le virus et contaminer les gens. C’est une particularité du virus. Mais il faut continuer à respecter les gestes barrières.» Il demande aux Mauriciens de se faire vacciner. «Chaque décès est déplorable. Et nous savons que plusieurs décès sont attribués aux comorbidités, aux personnes âgées et/ou non-vaccinées.»

Revenons sur l’efficacité des vaccins. Le Dr. Shameem Jaumdally, virologue, affirme que les auteurs de différentes études ont du mal à accorder leurs violons. «Pour le moment, nous savons que l’efficacité de Pfizer est de plus de 85 % en ce qu’il s’agit d’éviter les mortalités et l’hospitalisation. Celui de Johnson & Johnson l’est à 78 % pour éviter les cas graves.»

Pour ce qui est des anticorps, c’est une autre histoire. Selon la documentation qu’il a obtenue, pour ceux qui ont reçu des doses d’AstraZeneca et de Moderna, le taux d’anticorps diminue six mois après. «L’efficacité à combattre le virus baisse. Pour ce qui est de Johnson & Johnson, il faut compter de sept à huit mois après la vaccination. Par contre, aucune donnée n’a été recensée pour ce qui est du Covaxin et du Sinopharm. Ces vaccins ont été produits pour venir en aide aux pays en développement.»

Ce qui est certain, c’est que le virus, lui, continue à se ‘développer’…

L’Espagne s’en approche

<p>Selon la revue scientifique <em>The Lancet,</em> l&rsquo;Espagne est le premier pays d&rsquo;Europe à atteindre l&rsquo;immunité collective face au coronavirus. Un seuil atteint grâce au succès de la campagne de vaccination dans le pays. Les chiffres de l&rsquo;épidémie sont surprenants, et encourageants. Depuis deux mois, les chiffres du Covid restent bas et aucune reprise de l&rsquo;épidémie n&rsquo;est observée, à l&rsquo;inverse d&rsquo;une bonne partie de l&rsquo;Europe. Là-bas, le taux d&rsquo;incidence s&rsquo;est stabilisé autour de 25 cas pour 100 000 habitants, soit deux fois moins qu&rsquo;en France. Ces bons chiffres s&rsquo;expliquent avant tout par le succès de la campagne de vaccination : 80 % des Espagnols ont ainsi reçu leurs deux doses, contre un peu moins de 75 % en France.</p>

<p>(Source Europe1.fr)</p>

Qu’est-ce ?

<p>Alors que l&rsquo;épidémie de Covid-19 est en cours, il est important de faire un point sur l&rsquo;immunité collective. Comment se calcule-t-elle ? A quoi sert-elle ? Voici quelques explications.</p>

<p>L&rsquo;immunité collective correspond au pourcentage d&rsquo;une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d&rsquo;une personne en moyenne, amenant de fait l&rsquo;épidémie à l&rsquo;extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l&rsquo;infection naturelle ou par la vaccination (s&rsquo;il existe un vaccin bien entendu).</p>

<p>Le niveau nécessaire pour passer ou rester sous le seuil d&rsquo;immunité collective dépend du nombre de reproduction de base de la maladie (R0), c&rsquo;est-à-dire du nombre moyen d&rsquo;individus immunologiquement naïfs qu&rsquo;un sujet va infecter après contact. Plus ce taux de reproduction de base est élevé, plus le pourcentage de sujets immunisés doit être élevé. Par exemple, le R0 de la grippe saisonnière = 2 ; de Covid-19 = 3 avec le virus historique, pourrait être de 4 ou plus avec les variants anglais (B.1.1.7) ou indien (B.1.617.2); de la rougeole = 12-20.</p>

<p>Le pourcentage de sujets immunisés nécessaire pour obtenir l&rsquo;immunité collective est calculé comme suit : Immunité collective = 1 - 1/R0 Par conséquent, le calcul pour obtenir ce pourcentage permet d&rsquo;obtenir les résultats suivants : 50 % pour la grippe, 80 % pour Covid-19 avec les nouveaux variants, 90 à 95 % pour la rougeole.</p>

<p>Il faut bien sûr que l&rsquo;immunité acquise reste efficace au cours du temps. Si ce n&rsquo;est pas le cas, des rappels de vaccination sont nécessaires.</p>

<p>(source : institut Pasteur)</p>