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Santé régionale: les îles déploient des actions pour contrer les maladies

4 novembre 2021, 18:12

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Santé régionale: les îles déploient des actions pour contrer les maladies

Après les débats, place à l’action. Du 25 au 29 octobre, la 4e édition du Comité Technique Régional (CTR) de la Commission de l’océan Indien a longuement échangé sur les maladies transmissibles et non transmissibles, le changement climatique, le séquençage entre autres. Des stratégies ont été évoquées pour s’entraider entre îles et pour contrer ces enjeux de santé. Lesquelles ?

«Nous étions environ 75 experts réunis à Maurice pour la quatrième réunion du Comité Technique Régional (CTR) du Réseau de Surveillance et de Gestion des Alertes (SEGA One Health). L’objectif était d’échanger sur nos diverses expériences sur des pôles thématiques d’excellence, soit des thèmes précis», souligne le Dr Harena Rasamoelina, coordonnateur de l’Unité de veille sanitaire de la Commission de l’océan Indien (COI). En effet, du 25 au 29 octobre, tous ces participants de Maurice, La Réunion, Madagascar et les Comores confirment la richesse des réflexions sur des sujets préoccupants de santé humaine, animale et environnementale.

Au menu des discussions : la surveillance et la riposte aux épidémies, l’impact du changement climatique sur la santé, les tests de laboratoire, en particulier le séquençage pour le Covid-19 et les maladies non transmissibles, thème débattu pour la première fois pour la présente édition. Concrètement, quelle est l’ampleur de ces pathologies sur la région ? Quid des mesures annoncées pour une meilleure gestion médicale ? Et que se passera-t-il par la suite ? Tour d’horizon.

Maladies non transmissibles : le «NCD Survey» arrive en mars 2022

Effectué à intervalle de cinq ans, le NonCommunicable Disease (NCD) survey est en cours, indique le Dr Fazil Khodabocus, Regional Public Health Superintendent de la Communicable Disease Control Unit du ministère de la Santé. Les résultats devront tomber vers mars 2022. En 2015, une certaine stabilisation du diabète qui restait sur les 22,5 % de la population était observée. Six ans plus tard, il est impératif de dresser une cartographie actualisée.

«On ne sait si le confinement a eu un impact sur les Mauriciens. Face à cela, un mode de vie sain est crucial, avec des repas équilibrés et de l’activité physique. Le tabagisme doit aussi être considéré. Le NCD survey de 202-2022 tombe à point pour identifier les nouvelles tendances des maladies non transmissibles, qui incluent aussi les cancers, maladies cardiovasculaires, etc.» D’ailleurs, parmi les victimes du Covid-19, les plus affectées étaient celles ayant des comorbidités, indique-t-il. D’où l’urgence de nouvelles données et stratégies pour Maurice mais aussi pour la région.

«C’est un sujet préoccupant. D’autant que ces maladies non transmissibles représentent sept des dix premières causes de mortalité mondiale. Lors des échanges, chaque pays a élaboré sur la récente évolution de ces pathologies et les dispositifs de lutte etc. À l’issue des ateliers, on s’est accordé sur la concentration des efforts sur le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques ainsi que leurs complications associées», souligne le Dr Harena Rasamoelina. Il évoque des entraides possibles entre pays de la COI ainsi qu’un expert qui sera dépêché pour une mission régionale. Ce dernier fera le tour des îles pour affiner les plans d’action.

Une maîtrise en épidémiologie

«Le Covid-19 témoigne de l’émergence et de la résurgence des maladies transmissibles. Tout pays est à risque. Afin de renforcer ses capacités, la formation continue est vitale», déclare le Dr Fazil Khodabocus. D’ailleurs, une formation de la COI est actuellement dispensée à une trentaine de membres du personnel médical mauricien sur la santé humaine et animale. De plus, le CTR s’est aligné sur une maîtrise spécialisée en épidémiologie. «On s’est entendu sur le contenu de ce programme qui se tiendra dans chaque pays membre de la COI», indique le Dr Harena Rasamoelina.

D’après Jean-Louis Solet, les bénéficiaires seront formés dans leurs pays respectifs pour deux ans. L’expert espère que ce programme débute en 2022. «Il y aura une vingtaine de participants au total, avec un quota précis par pays. Deux stages sont prévus, à raison de deux mois chacun, à Madagascar et à la Réunion.»

Changement climatique : vers la création d’une unité spécialisée à Maurice.

Il n’y a pas que la nature qui est en danger face au changement climatique. La santé des êtres vivants est aussi à risque. «L’institution d’une Climate Change Unit a été proposée au sein du ministère. Nous avons déjà élaboré notre projet et attendons qu’il se matérialise. Il nous faut également avoir des formations d’expertise dans ce domaine», soutient le Dr Fazil Khodabocus. Le changement climatique caractérise un défi pour Maurice face à des vecteurs comme la Dengue et le Chikungunya. Ces risques peuvent s’accélérer avec les vagues de chaleur estivales et affecter divers segments de la population qui est de plus en plus vieillissante de surcroît.

D’ailleurs, poursuit Jean-Louis Solet, épidémiologiste de la Cellule Réunion de Santé publique France, les récentes canicules ont été lourdes de conséquences en métropole avec des mortalités. «Si la température augmente, on peut avoir une hausse de la population des moustiques. À La Réunion, par exemple, les moustiques audessous de 800 mètres d’altitude sont beaucoup moins fréquents à cause d’une température plus fraîche. Si celle-ci augmente, ces insectes monteront également en altitude, déployant un risque vectoriel plus important.»

Parallèlement, le changement climatique peut se répercuter sur la production agricole, avec un volume restreint, tant local d’international pour le riz, le blé etc. Ajoutez à cela des risques de dénutrition et malnutrition accélérés par la sécheresse. La montée des eaux ne nous épargnera pas non plus. Des inondations sur des zones du littoral, réductions de zones habitables entre autres dangers nous guettent, poursuit Jean-Louis Solet. «Il faut voir les spécificités communes sur l’Océan Indien sur lesquelles nous pouvons travailler ainsi que des mesures de prévention.»

Tests de laboratoires : vers l’alignement des pratiques de séquençage

Selon le Dr Manuela Christophine Vololoniaina Nivoarisoa, directrice de la veille sanitaire, de la surveillance épidémiologique et riposte au sein du ministère de la Santé publique de Madagascar, la Grande île doit s’outiller davantage en matière de séquençage. Les échanges du CTR convergent dans ce sens. «Cette 4e réunion a permis d’échanger sur les obstacles, expériences et moyens d’améliorer la santé. Pour Madagascar, le séquençage commence. C’est une opportunité de voir pourquoi certains pays sont bien partis et comment ils peuvent nous donner des idées pour être sur le même niveau d’activités.» Elle affirme d’ailleurs que pour le moment, la Grande île est encore sur les deux variants – Alpha et Beta. Toutefois, la surveillance est accrue au niveau du Covid-19. Qu’en est-il de la performance mauricienne en la matière ? «Avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), nous augmentons nos capacités de séquençage et mettons l’accent sur la qualité», répond l’interlocuteur mauricien.

Santé animale : une riposte à succès

Selon le Dr Onzade Charafonddine, médecin vétérinaire des Comores, des maladies contagieuses animales n’épargnent pas la région. «Comme à Maurice, et surtout Rodrigues, qui a connu la fièvre aphteuse, et Madagascar, avec la fièvre de la vallée du Rift, les Comores ont reçu un appui pour ces maladies. Dans notre pays, on essaie d’instaurer des mesures restrictives aux frontières en termes d’importations d’origine animale. On protège au mieux les pays et on s’entraide à travers la COI.» D’ailleurs, au niveau du contrôle sanitaire aux frontières, une harmonisation des pratiques a été discutée, confie Jean-Louis Solet. «On a eu des retours sur des réussites en termes de riposte contre la fièvre de la vallée du Rift qui a touché Madagascar et de la fièvre aphteuse à Rodrigues. Il reste encore du travail à faire.»

Que se passe-t-il après la 4e réunion du CTR ?

Après les ateliers, la planification des activités de 2022 commence. Les recommandations seront considérées pour l’action régionale en santé lors du Conseil des ministres de la COI en novembre prochain. De plus, un programme sera défini pour les prochaines stratégies. Il sera présenté pour validation au comité de pilotage en décembre 2021 à l’île de la Réunion.