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Economie: la reprise reste lente pour l’instant

1 novembre 2021, 18:00

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Economie: la reprise reste lente pour l’instant

Rs 4,4 milliards. C’est le montant des investissements directs étrangers dans le pays au premier semestre 2021, contre Rs 6,5 milliards en 2020. Ce montant interpelle, au vu de la croissance économique mondiale, sans compter les campagnes de vaccination à Maurice et ailleurs. Cependant, quand on pense que nos frontières ne sont ouvertes que depuis un mois, la situation ne peut que s’améliorer.

Dans tous les secteurs confondus, la réouverture des frontières reste l’évènement clé des objectifs de croissance économique. Or, qui dit croissance, implique, entre autres, l’entrée de devises étrangères dans le pays, par les touristes ou les investissements directs étrangers (IDE). En attendant, le flux d’IDE dans le pays reste timide. Selon les chiffres de la Banque centrale (BoM), nous n’avons pu attirer que Rs 4,4 milliards pour le premier semestre de 2021, contre Rs 6,5 milliards pour la même période en 2020, soit une baisse d’un peu plus de 30 %, alors que 2021 connaît une croissance mondiale estimée à 5,9 %, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Toutefois, s’il faut souligner que l’ouverture des frontières devrait donner un bon coup de fouet aux entrées d’IDE, il faut aussi tenir compte des inquiétudes grandissantes dans le monde sur la montée de l’inflation et une croissance mondiale appelée à chuter à 4,9 % en 2022. D’abord, les montants affichés d’IDE sont influencés par les fluctuations de la roupie, par rapport aux devises étrangères qui continuent de s’apprécier.

«Les investissements du secteur privé au premier semestre 2021 devraient s’élever à Rs 30 milliards, contre Rs 22,9 milliards l’année dernière.»

Que peut-on dire de l’évolution des flux d’IDE ? «Il faut en effet voir le montant des IDE en devises. Avant le Covid-19, nous approchions les USD 600 millions, qui sont passés en 2020 à USD 300 millions et nous voyons que le montant est redescendu à USD 100 millions au premier semestre 2021. Sur la dernière décennie, nos flux d’IDE ont tourné autour de USD 600 millions sur une année calendaire et nous n’avons pas pu dépasser cette limite malgré nos réformes. À titre d’exemple, l’Economic Development Board a plus de ressources mais nous n’arrivons pas encore à dépasser ce seuil. Il nous faut faire plus d’efforts pour aller chercher ces investissements et travailler avec des personnes qui ont un réseau international, qui savent où et comment chercher ces investissements. Il nous faut une approche plus internationale», répond l’économiste Kevin Teeroovengadum. Selon lui, dans les économies développées, au premier semestre 2021, les IDE sont déjà trois fois plus élevés qu’en 2020. Ils tournent autour de USD 425 milliards et leurs perspectives mondiales pour 2021 se sont améliorées, ce qui contraste avec Maurice.

Pour l’instant, il est clair que le porte-drapeau de nos IDE reste le segment immobilier, ayant attiré Rs 3,5 milliards au premier semestre de 2021, et l’ouverture des frontières devrait aider à booster les ventes dans l’immobilier. L’EDB nous donne plus de détails. «La baisse d’IDE au 1er semestre 2021 est en grande partie liée à la fermeture des frontières depuis mars 2020 et le second confinement en mars 2021. Les chiffres du 1er semestre 2021 ne sont pas comparables à ceux de 2020 puisque l’année dernière, l’économie nationale et mondiale étaient pleinement opérationnelles pendant presque tout le 1er trimestre. Néanmoins, on estime qu’avec la réouverture des frontières, les IDE devraient dépasser les chiffres de 2020 sur l’ensemble de l’année calendaire, avant de revenir aux chiffres prépandémiques en 2022.» À l’EDB, on souligne que pendant la fermeture des frontières, un gros effort a été fait pour conserver et réaliser les projets existants, tout en incitant les investisseurs à réinvestir dans l’économie.

Il ne faut pas non plus négliger l’investissement local. «On estime que les investissements du secteur privé pour le premier semestre s’élèveront à Rs 30 milliards, contre Rs 22,9 milliards l’année dernière. En fait, selon les chiffres de Statistics Mauritius, l’investissement du secteur privé pour l’année calendaire 2021 devrait atteindre Rs 69,9 milliards contre Rs 58,5 milliards l’année dernière», dit-on à l’EDB.

L’organisme ajoute qu’en termes de promotion des investissements, plusieurs facteurs entrent en jeu, dont les efforts pour promouvoir l’image du pays et les initiatives comme le Premium Visa, entre autres axes de la stratégie pour améliorer l’attrait et l’offre mauricienne. «Malgré la fermeture des frontières et les restrictions de voyage, l’EDB est resté en contact étroit avec la communauté internationale des investisseurs. Maintenant, avec la levée des restrictions de voyage, les investisseurs ont commencé à venir physiquement à Maurice. Par exemple, au courant de ce mois d’octobre, l’EDB a accueilli une délégation d’investisseurs sud-africains qui ont manifesté un vif intérêt pour investir à Maurice. L’EDB est également présent de manière permanente à l’Expo 2020 de Dubaï, avec une série d’événements, de forums d’affaires et de réunions sur six mois pour promouvoir les différents secteurs.»

Quid des marchés à cibler ? Selon l’économiste Bhavish Jugurnauth, l’immobilier représente près de 75 % des IDE et plus de la moitié des IDE viennent d’Europe. «Avec la pandémie, le marché immobilier a vu une réduction du nombre d’acquisitions par des acheteurs étrangers. Cela est principalement dû à l’incapacité des acheteurs de venir voir les propriétés disponibles sur le marché et l’Europe, notre principal marché d’IDE, est fortement touché par la pandémie. Les opportunités d’investissement étant faibles en Europe et l’immobilier étant un investissement susceptible de s’apprécier, les Européens seront certainement tentés d’investir chez nous.»

Ce dernier met l’accent sur l’importance des diverses mesures budgétaires, comme l’extension du permis d’occupation de trois à dix ans, pour attirer les étrangers à s’installer pour vivre et travailler à Maurice. «Je crois que nous pouvons nous attendre à une augmentation des investissements à partir de ce mois-ci, avec l’ouverture des frontières. Cependant, je pense que dans une stratégie à long terme, Maurice devrait également essayer d’attirer davantage d’IDE dans d’autres secteurs clés, tels que l’industrie manufacturière et les services financiers, en tenant compte que Maurice est une plateforme pour investir en Afrique. Le marché africain est un facteur non négligeable pour les IDE à Maurice.» Il nous faudra aussi suivre de près l’évolution de la situation internationale, car nous ne serons pas épargnés par ces facteurs qui affectent les grandes économies, bien au contraire.