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Vaccination: une bonne dose de questions (et de réponses)

1 novembre 2021, 13:00

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Vaccination: une bonne dose de questions (et de réponses)

L’administration de la troisième dose de vaccin a débuté le 23 septembre. Au 22 octobre, 14 868 personnes s’étaient déplacées pour l’injection et les chiffres peinaient à décoller. Si le ministère de la Santé l’a ouverte à tout le monde, plusieurs voix se sont élevées pour demander que les meilleurs vaccins soient administrés aux personnes fragiles.

Selon les chiffres évoqués au Parlement, des 465 732 personnes vaccinés au Sinopharm, 870 ont reçu une troisième dose du même vaccin. Des 155 834 vaccinés à l’AstraZeneca / Covishield, 1 318 ont reçu une dose supplémentaire du même vaccin. Quant aux 99 062 personnes vaccinées au Covaxin, 12 680 d’entre eux ont reçu une dose de Johnson & Johnson. Lors de sa PNQ mardi, Xavier Duval a demandé au ministre de la Santé pourquoi les personnes vaccinées au Sinopharm n’ont pas accès à un autre vaccin car selon une étude du Columbia University, le Sinopharm serait moins efficace que les autres. La réponse du ministre a été que, non seulement on a des difficultés à avoir des vaccins, mais cette décision revient au comité de vaccination et que, de plus, une seule étude ne peut être prise comme référence.

Mais qu’en est-il réellement ? Depuis le début de la campagne vaccinale, il a été établi que le Sinopharm serait moins efficace que les autres. Plusieurs pays, à l’instar d’Abu Dhabi, ont imposé une injection supplémentaire du vaccin chinois après six mois alors que le Bahrein a imposé cette dose supplémentaire à sa population à risque. Les études ont démontré que l’immunité conférée par un cycle complet de Sinopharm s’estompe après quelques mois, voire quelques semaines, chez les immunodéprimés. Une troisième dose permet de multiplier le niveau des anticorps par plus de sept fois, ce qui n’est pas négligeable. Par la suite, le mix vaccinal a été autorisé et la troisième dose a été le Pfizer.

Pour la troisième dose, la position de l’OMS a toujours été ferme : le monde fait toujours face à une pénurie de vaccins et il n’y a pas assez de données pour commencer l’administration d’une troisième dose. Mais les États-Unis et des pays européens ont déjà commencé une campagne pour la population à risque. Cependant, la semaine dernière, l’OMS a surpris plus d’un en soutenant que les personnes de plus de 60 ans vaccinées au Sinopharm sont éligibles à une troisième dose du même vaccin ou d’un autre. La circulation du variant Delta aurait été l’un des arguments pour ce fléchissement dans la position.

Mix vaccinal

À Maurice, pour l’instant, la troisième dose du Sinopharm reste le même vaccin. Au début, les vaccinés au Covishield ou AstraZeneca recevaient le même en dose supplémentaire. Désormais, ils recoivent le Johnson & John- son. Les personnes inoculées au Covaxin le reçoivent également. S’il a été prouvé que les anticorps sont rehaussés avec une troisième dose de Sinopharm, il faut garder en tête que jusqu’à présent, les cocktails les plus efficaces concernent les vaccins élaborés à partir de différentes technologies. Cependant, la plupart des études ne concernent que les vaccins à mRNA (Pfizer et Moderna) et à vecteur viral (AstraZeneca et Johnson). Mais les pays qui ont mélangé les vaccins à virus inactivés (Sinopharm et Covaxin) aux autres ont aussi rapporté une meilleure protection dans les études cliniques.

Troisième vs «booster dose»         

Lorsque le sujet d’inoculation supplémentaire est évoqué, il faut faire la différence entre une troisième dose et une booster dose. La troisième dose est une injection supplémentaire après un cycle vaccinal pour les personnes fragiles, par exemple, la population âgée ou qui ont au moins une comorbidité. Comme leur système est faible, il leur est plus difficile de combattre le virus et une injection supplémentaire aide à renforcer les anticorps.

La booster dose, en revanche, sert de «rappel» au corps. Après un certain temps, le niveau d’anticorps baisse et le corps redevient vulnérable. Dé- pendant du vaccin, ce laps de temps varie. Une booster dose «rappelle» aux cellules qui assurent la défense du corps à quoi ressemble le Sars-Cov 2 et remet à jour leur système de défense.

Cependant, si le niveau d’anticorps agglutinants baisse rapidement, les autres branches du système immunitaire restent toujours actives pendant plus longtemps chez les personnes en bonne santé et c’est la raison pour laquelle l’OMS ne préconise toujours pas une booster dose générale.

Depuis le 6 septembre, le pays a recensé 19 cas locaux du variant Delta et selon les séquençages, ce variant représente plus de 70 % des nouveaux cas. En ce qui concerne les cas detectés, le Dr Kailesh Jagutpal a fait savoir que «…we have seen that many cases have been reported as from August. It will be with time that such an exercise can be done to determine whether the number of cases reported has been more or there has been a surge. Probably, while doing more genetic testing for the variant, we will be able to establish that direct link».

Sur le même sujet, en réponse à la députée Karen Foo-Kune, le Dr Jagutpal expliqué que depuis le début de la pandémie, 789 échantillons ont été récoltés pour le séquençage et 570 analysés avec succès. Parmi, 472 échantillons étaient des cas locaux.

Localement, le séquençage est fait sur une base bimensuelle à intervalle de deux semaines et à chaque fois, une trentaine d’échantillons sont analysés. Des échantillons sont aussi envoyés en Afrique du Sud. Au total, 3,5 % des cas sont séquencés alors que l’OMS recommande le séquençage d’au moins 5 % des cas.

Pourquoi ce retard ? Premièrement, il nous revient que le ministère a eu du mal à se procurer des réactifs pour l’appareil Thermo Fisher. «La pénurie de ce produit est internationale», précise le Dr Zouberr Joomaye. Maurice dispose aussi d’un deuxième appareil, le Nanopore, et la formation des techniciens vient d’être complétée. Et, 45 échantillons sont actuellement en séquençage. De plus, les réactifs pour cet appareil ne sont pas en rupture.

Si la députée du MMM a rappelé que le séquençage est l’un des critères considérés par le Royaume-Uni pour classer les pays sur sa liste à risque, il nous revient toutefois que Maurice ne fait pas figure de mauvais élève car 3.5 % de séquençage reste un score honorable devant d’autres pays tels l’Afrique du Sud. Avec la mise en route du deuxième appareil, le taux de séquençage devrait atteindre les 5 % requis.