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Consommation: ces prix qui vont encore flamber

24 octobre 2021, 21:37

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Consommation: ces prix qui vont encore flamber

Les prix ne cessent de grimper. Le caddie et le porte-monnaie souffrent. Hélas, les consommateurs ne sont pas au bout de leurs peines. Car de nouvelles hausses sont à prévoir.

«C’est de plus en plus difficile. Juste quelques articles coûtent les yeux de la tête. Et là, les commerçants disent que d’autres produits vont augmenter. Je ne sais jusqu’à quand on tiendra», confie Mala, 62 ans à la sortie d’un supermarché. Depuis cette semaine, Jean, 46 ans, technicien, n’achète que le strict minimum. « J’ai entendu que le poulet et d’autres produits risquent de connaître une hausse. Déjà que je ne prends que ceux qui sont les moins chers, je me demande comment on s’en sortira. La vie devient amère.» Comme eux, bien des Mauriciens craignent les futures majorations d’articles alimentaires.

Par exemple, dès demain, soit le 25 octobre, les prix vont rajouter de l’huile sur le feu. En effet, le prix de l’huile Lesieur Soja augmentera d’environ 12 %. La raison étant que le prix de l’huile végétale brute flambe sur le marché international, déclare Moroil, qui en assure l’importation. Toutefois, précise cette société, cette huile représente 1% de part de marché local. «Au rayon de l’huile comestible, il est peu probable, sauf imprévu, que les prix augmentent. En fait, le cours mondial de l’huile de soja a reculé en septembre mais l’huile de palme a subi une hausse pour le troisième mois consécutif», déclare Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP).

Quels autres produits sont concernés par les hausses ? «Malgré le contrôle des prix du beurre, l’on peut déjà relever une hausse conséquente de ce produit», ajoute-t-il. Il cite une marque offerte désormais à Rs 103, contre Rs 99, il y a quelques mois. Sur le plan international, poursuit-il, il y aurait un faible stock de beurre et de lait écrémé. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que le prix du beurre maintienne une tendance à la hausse. Quant au lait écrémé, il existe déjà une pénurie pour certaines marques

Au rayon lait en poudre, la hausse pourrait ne pas être très conséquente, mais hausse il y aura. Car d’après l’indice de la Food and Agriculture Organisation (FAO) des prix des produits alimentaires pour septembre 2021, les tarifs du lait entier en poudre et du fromage ont enregistré une progression modérée due à une conjonction de facteurs : production restreinte, stocks bas et demande interne en Europe.

Rebondissant sur la question, Jean-Marc Sik Yuen, directeur du supermarché Sik Yuen, souligne que les fournisseurs étrangers du vieux continent, notamment, ont du mal à approvisionner les produits en raison de problèmes logistiques et d’un manque de matières premières. «Par exemple, pour le lait et le beurre, cela risque d’être compliqué au niveau de l’approvisionnement. Cela s’applique également au fromage et produits dérivés», soutient-il. Pour Jacques Li Wan Po, Managing Director de Sungold Trading et du groupe Jacques Li Wan Po, l’inflation internationale a également un impact considérable sur la majorité des produits. «Tout dépend aussi de la période de réception. Chaque cargaison reçue risque de coûter plus cher.» Ce qui fait que les augmentations sont transférées aux consommateurs. Mais s’il existe des stocks précédents, les prix peuvent être maintenus.

En termes de produits frigorifiés, divers pays d’Asie étaient récemment en confinement complet et peinent à fournir tous les partenaires du marché, ce qui entraînera une nouvelle pénurie. D’après le président de la CAP, des produits à base de blé et de céréales en particulier devraient être impactés. L’Indice FAO des prix des céréales affichait une valeur moyenne de 132,5 points en septembre, soit 2,6 points de plus qu’en août dernier et 28,5 points de plus qu’en septembre 2020. Parmi les principales céréales, les prix du blé figurent parmi ceux ayant le plus augmenté en septembre, avec une progression de 4 %, comparé à août dernier.

Mosadeq Sahebdin constate également une hausse importante des produits végétariens importés d’Afrique du Sud tels que les saucisses, burgers, nuggets, entre autres. «Il n’y a pas de contrôle sur ces articles. Désormais, leurs prix seront au-delà de Rs 100», précise-t-il. Hélas, les produits en conserve ne seront pas épargnés par les majorations. Les raisons évoquées : habituels problèmes du fret, des devises, indisponibilité des conteneurs, hausse des matières premières à l’étranger. Certes, une série de facteurs internationaux que Maurice ne peut guère contrôler.

Pour Pierre Dinan, économiste, la situation mondiale reflète une economy of shortages. Selon lui, pour produire des biens, il faut des gens qui y travaillent. Or, avec les aides financières accordées mondialement durant la pandémie, certains ne veulent pas retourner à leur emploi. De l’autre côté, la production accuse un retard considérable avec une offre inférieure à la demande pour certains produits. «Ces deux raisons internationales expliquent l’augmentation des prix. S’agissant de Maurice, là où nous sommes placés, nous dépendons tellement des produits importés que lorsque le fret augmente, nous sommes coincés», affirme-t-il. Le Covid-19 est venu modifier les manières de produire et la fourniture des articles.

Ces flambées sont-elles bien parties pour durer ? En fait, indique Jean-Marc Sik Yuen, le manque de place à bord des conteneurs pour l’expédition des produits est conséquent. D’ailleurs, avec les arrivées touristiques depuis le 1er octobre, les hôteliers sollicitent le recours à la voie aérienne pour la livraison du beurre et du fromage pour leurs clients étrangers venus sous nos cieux. Mais comme ce mode de transport est plus coûteux, certains Mauriciens trouveront ces prix trop élevés. Pour Pierre Dinan, l’interruption de la chaîne de production avec le Covid-19 est non négligeable. Aussi, graduellement, la machine se remet en marche, ce qui nécessite aussi le rassemblement de la main-d’œuvre nécessaire à cet escient. Parallèlement, on peut se demander si ces difficultés de production résultent d’une mauvaise récolte des produits agricoles.

Selon Jacques Li Wan Po, il est difficile de prévoir la durée des hausses de prix face aux perturbations dans l’acheminement des produits à Maurice. «Avec le Covid-19, tous les confinements sont lourds de conséquences. La production n’a pu s’accomplir pour une stabilité dans la fourniture des articles. On essaie de rattraper ce retard mais tout le monde se réveille en même temps. Il faut gérer ce bottleneck qui retarde l’approvisionnement des produits.»

Pour faire face au contexte difficile, les consommateurs devront favoriser les produits locaux. «Se défaire de la fidélité aux marques devrait être la devise», conclut le président de la CAP.

 

La chair de poule

<p>Augmentera, augmentera pas? La récente évocation d&rsquo;une hausse du prix du poulet est une préoccupation majeure pour les consommateurs. De quoi leur donner la chair de poule. Or, précise un haut cadre d&rsquo;Innodis, à ce stade, une augmentation généralisée du prix du poulet de table n&rsquo;est pas à l&rsquo;agenda. <em>&laquo;Cela dit, nous suivons la situation de près car il est vrai que nous avons subi des augmentations des prix en termes d&rsquo;aliments pour la volaille. Nous les avons largement absorbées jusqu&rsquo;à présent, sachant que le pouvoir d&rsquo;achat des consommateurs a été bien affecté durant ces derniers mois.&raquo;</em> Aussi, avance-t-il, la compagnie souhaite retarder au maximum toute augmentation du prix du poulet dans la mesure du possible. De son côté, Yovan Jankee, <em>Head of Strategy &amp; Communication </em>de <em>Panagora Marketing Ltd</em>, précise qu&rsquo;à l&rsquo;heure actuelle, les prix du poulet n&rsquo;ont pas été majorés. &laquo;<em>Cependant notre fournisseur a subi l&rsquo;impact de facteurs externes comme la hausse des prix des céréales et travaille sur les conséquences. Nous informerons rapidement nos clients des changements.&raquo;</em></p>