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Aux Assises: le bourreau d’Eléana Gentil écope de 50 ans de prison

9 octobre 2021, 22:00

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Aux Assises: le bourreau d’Eléana Gentil écope de 50 ans de prison

Cinquante ans de prison, c’est la sentence infligée à James Jonathan Ramaswamy, hier, aux Assises par le juge Lutchmyparsad Aujayeb. James Jonathan Ramaswamy était poursuivi pour avoir assassiné la petite Marie Eléana Edwarda Gentil, âgée de 11 ans. L’accusé, âgé de 26 ans au moment des faits, a plaidé coupable lors du procès.

C’est dans une atmosphère pesante que le juge Aujayeb a donné lecture de son jugement. Dans la salle d’audience se trouvaient les proches de la petite Eléana Gentil et ceux de son bourreau. Pour le juge, Eléana Gentil a été victime d’un destin atroce à un âge très tendre. Elle était une enfant très vulnérable et son innocence a été piétinée. «On peut seulement imaginer ce que cette fillette a souffert entre les mains de son bourreau et exécuteur lors de cette nuit fatidique», a souligné le juge.

La présence de fluides retrouvés sur certaines pièces à conviction ne peut exclure la possibilité que la fillette ait été agressée sexuellement avant d’être assassinée sans pitié. Selon le juge Aujayeb, «cette affaire est très révoltante étant donné l’âge tendre de la victime, qui a été privée de son droit de vivre, de grandir et d’accomplir ses rêves», a ajouté le juge.

Pour rappel, le corps sans vie de cette fillette a été découvert par la police, le matin du 15 avril 2015, dans un chasse donnant sur la route royale, La Peyre Hill à Nouvelle-France, à quelque cinq mètres de cette route. Elle était portée manquante depuis le 6 avril 2015 et c’est sa mère, Marie Mirella Gentil, qui a averti de sa disparition au poste de police de Curepipe. Cette dernière a dit à la police que le jour de sa disparition, sa fille portait un T-shirt vert et un short blanc. La veille, mère et fille avaient assisté à une fête chez un proche à la Résidence Anoska, 16e mille, Forest Side. Elle a indiqué à la police que Jonathan Ramaswamy y était présent. Elle considérait l’accusé comme son cousin.

L’accusé et la victime se sont rencontrés en plusieurs occasions avant la fête du 5 avril 2015 étant donné qu’ils habitaient le même voisinage. Cette nuit fatidique, la fête s’est terminée tard et la mère de la victime est rentrée chez elle après minuit. Elle n’était pas au courant si sa fille était restée chez son oncle ou pas.

Le lendemain, elle est allée la récupérer et ne l’a pas trouvée. Une opération montée par la police a permis de découvrir, dix jours plus tard, le corps sans vie d’Eléana Gentil dans un état de décomposition avancée, la tête séparée de son corps. Dans son rapport, le médecin légiste a indiqué que le corps de la fillette portait des morsures d’animaux. Le Senior Forensic Scientist, qui a été entendu lors du procès, a conclu, dans son rapport, que des tests d’ADN effectués sur les ongles trouvés sur les lieux ont démontré que l’accusé «cannot be excluded as being a possible contributor to the DNA in these mixtures.»

L’accusé était bien connu de la victime et de sa famille. Par conséquent, le juge est d’avis que l’accusé a grandement abusé de la confiance, qui avait été établie entre lui et la fillette. Il a pris avantage de cette confiance, «thereby revealing a cold-blooded and calculated move to satisfy his savagely cruel and most depraved instincts». Le juge Aujayeb trouve troublant que l’accusé ait participé aux recherches de la victime et ait même accompagné la famille de la fillette sur les lieux du crime le jour où son petit cadavre a été découvert. Il a également aidé à préparer la tente pour l’enterrement.

Le juge Aujayeb note que l’accusé n’a montré aucun remords lors du procès. Pour le juge, Eléana Gentil a souffert «a most barbarous, vicious, despicable and violent death» entre les mains de son bourreau. D’où sa décision de le condamner à 50 ans de prison.

Mirella Gentil : «Pa les ou zanfan zwé kot ninport ki»

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/mirella_1.jpg" width="620" /></p>

<p>La mère d&rsquo;Eléana Gentil se dit insatisfaite de la peine d&rsquo;emprisonnement de 50 ans infligée à Jonathan James Ramaswamy, l&rsquo;assassin de sa fille Marie Eléana Edwarda Gentil. Tantôt soulagée, tantôt voulant pousser un cri du cœur car elle ne reverra plus sa petite fille qui est partie dans des circonstances les plus atroces à l&rsquo;âge de 11 ans, Mirella Gentil aurait souhaité voir le prévenu condamné à perpétuité au lieu de 50 ans. <em>&laquo;Je respecte la décision de la cour. Je suis soulagée de pouvoir finalement découvrir la vérité. On m&rsquo;avait dit que c&rsquo;est James qui avait commis ce crime atroce mais on était dans le flou&raquo;,</em> dit d&rsquo;emblée la maman meurtrie.</p>

<p>Mirella Gentil faisait confiance à Jonathan James Ramaswamy, qu&rsquo;elle considérait comme un cousin. Bien que justice ait été rendue, elle considère que la sentence est <em>&laquo;minime&raquo;.</em> <em>&laquo;Il avait participé à une battue à la suite de la disparition d&rsquo;Eléana, qui le considérait comme un &lsquo;tonton&rsquo;. Nou manzé bwar ansam. Pa ti krwar enn zour li pou éna sa lintensionla&raquo;,</em> poursuit-elle.</p>

<p>La mère de la victime souhaite que la peine de mort soit à nouveau appliquée pour donner des leçons à ceux commettant des crimes atroces sur les enfants. Quid du message à des mères qui ont perdu leurs enfants dans des circonstances similaires ? &laquo;<em>J&rsquo;ai rassemblé mon courage pour faire face à la situation mais je demande à ces mères de ne pas faire confiance à des proches, des cousins, frères ou oncles. Pa les ou zanfan zwé partou kot ninport ki&raquo;,</em> confie notre interlocutrice, qui comptait acheter une fleur pour aller déposer sur la tombe de son enfant. <em>&laquo;Une fois que je quitterais cette cour de justice, je vais acheter une fleur pour ma petite et vais la déposer au cimetière. Elle reposera en paix une fois enfin et on organisera une petite séance de prière. Et puis, je sonnerai des pétards devant ma maison sachant que le bourreau de ma petite a payé pour ce qu&rsquo;il a fait.&raquo;</em></p>

Marjoree Ramaswamy : «mo léker dir mwa mo garson pa kapav fer enn zafer parey»

<p>Les proches de Jonathan James Ramaswamy ont toujours du mal à croire que cet acte horrible a été commis par l&rsquo;un des leurs. Marjoree Ramaswamy, mère du condamné également présente en cour hier, se demande si son fils n&rsquo;a pas finalement plaidé coupable sous pression. <em>&laquo;Pendant sept ans, je suis allé le voir et lui avais demandé : James, tonn fer sa ? Il m&rsquo;avait répondu par la négative. Mo léker dir mwa non mo garson pa kapav fer enn zafer parey&raquo;</em> avance-t-elle.</p>

<p>Mais elle a quand même une pensée pour les proches d&rsquo;Eléana Gentil. <em>&laquo;Mo sagrin séki finn ariv à la famille victime. Dépi tipti nou ansam, tou finn zwé ansam. Mo sagrin pou zot.&raquo; </em>Pour elle, Jonathan James Ramaswamy était comme le pilier de la famille composée de sept enfants<em>. &laquo;Il n&rsquo;a jamais connu son père mais il a veillé sur ses petits frères. Il leur a donné le bain, il faisait à manger pour eux. Il ne sera plus parmi nous&raquo;,</em> regrettet-elle. Le frère du condamné, Brian Ramaswamy, partage le sentiment de sa mère, mais <em>&laquo;on respecte la décision de la cour&raquo;.</em> Me Taij Dabycharun, avocat de la défense, n&rsquo;a souhaité faire de commentaires, alors que Me Jean Michel Ah-Sen du bureau du Directeur des poursuites publiques se dit satisfait de la sentence. &laquo;<em>C&rsquo;est proportionnée à la gravité de l&rsquo;offense&raquo;</em>, confie-t-il à <em>l&rsquo;express.</em></p>

<p>Jonathan James Ramaswamy, qui est père de famille, a passé 2 256 jours en prison et 23 jours en cellule policière.</p>