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Constitution de l’empire volant: dimensions politiques conséquentes !

9 octobre 2021, 08:31

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Constitution de l’empire volant: dimensions politiques conséquentes !

On veut nous faire croire que le principal problème dans la construction de l’empire volant, soit le méga merger des quatre entités MK, ATOL, AML et MDFP, a trait aux compétences de son CEO fraîchement nommé. Dans les médias, y compris sur les réseaux sociaux, est souligné surtout cet aspect, relatif aux qualifications qu’il détient pour assumer une telle position. Alors que le problème, il est ailleurs : le renforcement d’un système usé et abusé par tout parti politique au pouvoir. 

Mais que faire, du moment où règnent le sensationnalisme et la légèreté et que l’opinion cherche surtout à ne connaître que les petits détails concernant la personne, en fouinant dans son passé pour voir quelque faute ou encore ce qu’il exerçait comme fonctions à MK ? L’on s’intéresse à des détails, épargnant un regard profond sur la décision cruciale de regroupement dans un holding, des quatre entités précitées, aux conséquences politiques extrêmement importantes. 

Portée électoraliste 

Lorsqu’un empire est constitué, brassant des milliards, et qui sera une source d’emplois, de postes à pourvoir, et aussi source de contrats, petits, moyens et grands, comment ne pas penser qu’il ne puisse pas devenir une arme politique conséquente, une arme électoraliste de grande portée, et qui à coup sûr sera utilisée le moment venu ? Un méga pourvoyeur d’emplois ne lance-t-il pas aussi un signal menaçant à ceux qui affichent et qui s’engagent contre le parti au pouvoir, leur intimant de dire adieu à toute perspective de se retrouver un jour à Plaisance dans les locaux de Mauritius Duty Free Paradise ou encore à Air Mauritius ? Et ne parlons pas de l’adieu à des contrats, aussi petits soient-ils, de ceux qui ne montrent aucune affinité pour quelque couleur au pouvoir. 

Personne ne peut nier la réalité dans notre pays, ni feindre ne pas savoir qu’emplois et contrats déterminent aussi le vote, quel que soit le régime en place. Évidemment, les possibilités de recruter et d’octroyer des contrats sur la base des affinités politiques constituent un des arguments qui peuvent figurer dans une pétition électorale et faire annuler une élection, sur la base de violation des lois électorales. Mais lorsqu’un bribe électoral est offert trois ou deux ans avant les élections, impossible de dire, dans notre système de justice, qu’il a été déterminant dans les résultats du scrutin. Ainsi, tout ce qui est semé peut être récolté des années après, lorsqu’il sera impossible de retracer l’acte d’origine, contrat ou emploi, et l’attacher à un résultat du vote. 

Concentration de pouvoirs 

Mais plus grave, la nomination, à la tête d’une entité susceptible d’influencer les élections, d’un personnage, non pas en fonction de ses compétences, mais pour sa loyauté, relève d’une stratégie de concentration de pouvoir autour d’une personne, le chef du parti politique au pouvoir. C’est une tentation qui caractérise notre culture politique : le pays est piégé, condamné à une situation que personne ne veut changer. 

Chaque parti politique nous amène sa basse-cour, son lot de canards pour mieux asseoir son pouvoir sur un peuple qui ne dira rien, essayant de trouver, lui aussi, son bout. Alors à quoi bon tirer sur le canard riant alors qu’un peuple de canards boiteux cautionnent le système, et restent silencieux lorsque se constitue un vaste empire volant. Je vole, tu voles, nous volons !