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Rapport de l’ombudsperson for children: les enquêtes de terrain impératives pour protéger les enfants

7 octobre 2021, 21:00

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Rapport de l’ombudsperson for children: les enquêtes de terrain impératives pour protéger les enfants

Travail de fourmi accompli par l’«Ombudsperson for Children», Rita Venkatasawmy, et son équipe pour traiter les 468 plaintes reçues en 2020-2021 et en résoudre 374 (80 %). De plus, les 100 cas les plus pertinents sont présentés dans le volumineux rapport annuel, publié hier matin.

Trois thèmes importants sont abordés dans le rapport de 444 pages pour l’année 2020-2021 qu’a soumis l’Ombudsperson for Children (OC), hier: la protection de l’enfant à la résidence Anoska ; l’exploitation et l’abus sexuels en ligne ; et l’impact du Covid-19 sur les enfants à besoins spéciaux et en situation de handicap. Dans tous les cas de figure, Rita Venkatasawmy plaide pour que des enquêtes systémiques préalables soient menées afin d’obtenir une vue d’ensemble des problèmes à traiter et ainsi mieux cibler les interventions.

Conflits familiaux en hausse

Les 468 plaintes reçues concernaient des problèmes scolaires, sociaux, familiaux, de violence domestique, de négligence et de pauvreté. Mais dans ce classement, les conflits dans les familles brisées sont en hausse, le parent ayant obtenu la garde de l’enfant ne respectant pas souvent le droit de visite de l’ex-conjoint. Rita Venkatasawmy a souligné que les médiations qu’elle est légalement autorisée à mener «ont parfois réussi.»

Cette année, le bureau de l’OC a innové en menant des enquêtes systémiques. «Si l’on veut améliorer les conditions de vie des enfants à Maurice, on ne peut faire l’économie de données quantitatives et qualitatives». Rita Venkatasawmy a ainsi choisi de se concentrer sur la résidence Anoska en raison des drames à répétition qui s’y sont déroulés, notamment l’assassinat d’Eleana Gentil en 2015, l’agression sexuelle d’une enfant de trois ans en 2020 et à cause du nombre grandissant de plaintes relatives à la négligence d’enfants dans cette localité que le bureau de l’OC reçoit.

Elle et le personnel de son bureau ont soumis chaque famille de la résidence Anoska à un questionnaire comprenant 11 interrogations. Ils ont aussi recueilli des informations sur le terrain, mené des interviews de groupes, fait une revue de presse écrite et audiovisuelle, tout comme ils ont été à l’écoute active des habitants et des enfants de la localité, des 12 organisations non gouvernementales et trois agences d’État qui y œuvrent.

Une étude réalisée en 2011 par Eric Mangar, fondateur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire, sur le déménagement des 77 familles de La Pipe et leur réinstallation à la résidence Anoska, a aussi permis de mieux cerner le contexte historique de ce déplacement. Bien que les 77 familles aient obtenu de l’État de jolies maisonnettes sur un terrain de quelques perches chacune, elles n’avaient plus de terre pour planter, ni de bassin pour pêcher et ainsi suppléer à leurs difficultés économiques, comme c’était le cas à La Pipe. De plus, depuis 1999, le nombre de familles vivant à résidence Anoska a augmenté. De 77, elles sont passées à 163 familles, soit 558 individus. Parmi ces familles, 21 sont monoparentales. La résidence Anoska compte 195 enfants, dont 38 qui ont moins de quatre ans.

Problème de logement

Bien qu’il y ait eu des ajouts en hauteur ou en largeur aux logements initiaux, un problème de logement a fini par se poser, engendrant la promiscuité, l’insalubrité, la pollution et une dégradation de l’environnement. L’OC a aussi noté l’absence d’espaces verts, un centre social qui ne joue pas son rôle, des infrastructures qui ont besoin d’être rénovées, notamment un terrain de football et un jardin d’enfants, des routes qui doivent être refaites et un service de transport devant être amélioré. 60 % de ces familles ne reçoivent pas d’aide sociale.

Encadrement insuffisant

Rita Venkatasawmy a invité les agences de l’État et les ONG à être à l’écoute des habitants et surtout des en- fants, qui, dit-elle, ne manquent pas de talents, et à examiner toutes les données recueillies par son bureau pour monter des projets, cibler leurs actions et ainsi éviter des doublons. «Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’encadrement pour les enfants à Anoska. Il y en a, mais c’est insuffisant. Il faut un plan d’action sérieux contre la pauvreté dans cette localité. Il faut rendre aux habitants leurs capacités d’agriculture pour leur survie.»

Accès trop facile des enfants à l’Internet Le deuxième thème abordé a été l’exploitation et l’abus sexuels des enfants en ligne dans le sillage de la dénonciation des prédateurs sexuels à l’œuvre sur la plateforme Telegram. Après la mise au jour de ce scandale, le bureau de l’OC a invité le public à donner son avis. Plus de 269 personnes, dont des parlementaires, l’ont fait. Mais ce qui a le plus perturbé Rita Venkatasawmy, c’est le contenu d’une lettre anonyme venant de consommateurs de ces plateformes en ligne, qui se sont justifiés par le fait qu’ils ne peuvent vivre leur sexualité normalement. Parmi eux, figure une personne en situation de handicap.

Le constat de l’OC après enquête est que les enfants ont un accès trop facile à l’Internet et que leurs parents ne maîtrisent pas suffisamment l’outil informatique et l’Internet pour superviser ce qu’ils font. Comme 80 % des personnes, qui ont réagi, se sont plaintes du manque d’éducation sexuelle, l’OC recommande l’utilisation d’un outil spécial pour l’éducation sexuelle, élaboré par l’Unesco, une formation de formateurs à l’éducation sexuelle à être dispensée aux enfants, des campagnes régulières de sensibilisation à ces questions et un contrôle parental strict de l’Internet.

Le dernier thème abordé par l’OC a été l’impact des confinements au plus fort de la pandémie de Covid-19 sur les enfants à besoins spéciaux ou en situation de handicap. Si Rita Venkatasawmy estime que ces confinements étaient nécessaires, les enfants susmentionnés, notamment les non-voyants et malvoyants, n’ont pas bénéficié de technologies adaptées pour leur permettre de poursuivre leur scolarité en ligne. Une lacune à laquelle il faut remédier.