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Canada: un rapport pointe le rôle du racisme dans la mort d'une femme autochtone à l'hôpital

1 octobre 2021, 20:22

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Canada: un rapport pointe le rôle du racisme dans la mort d'une femme autochtone à l'hôpital

 

La mort accidentelle dans un hôpital québécois d'une femme autochtone, qui avait choqué tout le pays l'an dernier, s'explique en partie par le racisme dont est victime cette minorité, selon un rapport des services de médecine légale publié vendredi.

Joyce Echaquan, une autochtone âgée de 37 ans, est décédée le 28 septembre 2020 après avoir été admise pour des douleurs au ventre à l'hôpital de Joliette, près de Montréal. Peu avant sa mort, cette mère de sept enfants avait filmé avec son téléphone une vidéo de sept minutes diffusée sur Facebook dans laquelle on voyait deux membres du personnel hospitalier lui crier des injures racistes. 

«Le racisme et les préjugés auxquels Mme Echaquan a fait face ont certainement» contribué à son décès, indique Géhane Kamel, la coroner (fonctionnaire chargée d'enquêter sur des décès) dans son rapport de 28 pages. Cette dernière rappelle toutefois que le décès de la femme atikamekw (une des 11 nations autochtones du Québec) est lié à «des suites d'un œdème pulmonaire».

«Mme Echaquan est rapidement étiquetée comme narcodépendante (par le personnel médical, ndlr) et, sur la base de ce préjugé, il en découle que ses appels à l'aide ne seront malheureusement pas pris au sérieux», précise la coroner.

Joyce Echaquan ne consommait pourtant «que les narcotiques dûment prescrits» et en «quantité insuffisante pour créer une dépendance», selon le rapport.

Dans ce contexte, Géhane Kamel appelle au gouvernement du Québec à reconnaitre «l'existence du racisme systémique au sein de [ses] institutions» et à prendre «l'engagement de contribuer à son élimination».

Le Premier ministre du Québec François Legault a toujours refusé de reconnaître l'existence du "racisme sytémique" dans les institutions publiques québécoises, malgré les demandes répétées de nombreux citoyens et partis d'opposition et l'émotion suscitée par le décès de Joyce Echaquan.

Le dépôt de ce rapport d'enquête survient un an presque jour pour jour après le premier anniversaire de la mort de Joyce Echaquan. Plus tôt cette semaine, le conseil de discipline de l'Ordre des infirmières du Québec a annoncé que la soignante qui devait traiter Joyce Echaquan a été radiée par son ordre professionnel pendant un an.

Par ailleurs, le Canada a marqué jeudi sa toute première Journée nationale de la Vérité et de la Réconciliation, où des mobilisations ont été organisées d'un bout à l'autre du pays en soutien aux autochtones. Une foule immense s'est rassemblée pour une marche à Montréal, lors de laquelle certains participants brandissaient une banderole avec les mots "Uni.e.s pour Joyce".