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Dépenses excessives de campagne: l'ex-président français Sarkozy condamné à un an de prison ferme

30 septembre 2021, 14:00

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Dépenses excessives de campagne: l'ex-président français Sarkozy condamné à un an de prison ferme

L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Paris à la peine maximale de un an de prison ferme, ce jeudi 30 septembre pour financement illégal de sa campagne pour la présidentielle 2012, dans l'affaire dite «Bygmalion».

La peine sera directement aménagée, a précisé le tribunal. Cette nouvelle condamnation intervient sept mois après celle prononcée à son encontre pour corruption dans l'affaire dite «des écoutes». Il était alors devenu le premier ancien président de la Ve République française à être condamné à de la prison ferme.

Nicolas Sarkozy, 66 ans, nie farouchement dans les deux dossiers, assurant: «je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans».

Dans le dossier des «écoutes», il a été condamné à trois ans d'emprisonnement, et a fait appel du jugement.

Dans le deuxième, dite Bygmalion, il se voit infliger un an de prison ferme pour des dépenses excessives de campagne, la peine maximale encourue. La peine sera directement aménagée, a précisé le tribunal de Paris.

En juin, il avait affirmé à l'audience qu'il n'y avait «pas eu d'emballement» de la campagne en 2012, évoquant «une fable».

Celui que les Français surnomment "Sarko", et dont la présidence fut marquée par une ligne dure sur la sécurité et l'immigration, avait juré qu'on «n'entendrait plus parler de lui», après une humiliante défaite en 2012 face au socialiste François Hollande.

Ses démêlés judiciaires, sa vie médiatique avec l'ex-mannequin franco-italienne et chanteuse Carla Bruni, épousée en 2008, ont fait mentir cette prédiction, tout comme sa popularité toujours forte à droite de l'échiquier politique.

Malgré sa défaite sans appel au premier tour de la primaire de la droite de 2016, son évocation dans les meetings du parti Les Républicains continue de déclencher des tonnerres d'applaudissements et ses livres se vendent comme des petits pains.

«Petit Français de sang-mêlé»

Ce «petit Français de sang-mêlé» (père hongrois, grand-père maternel juif grec) - selon son expression de la campagne victorieuse de 2007 - n'a que 28 ans lorsqu'il s'empare en 1983 de la mairie de Neuilly-sur-Seine, banlieue chic de Paris.

Doté d'un enthousiasme communicatif, d'une fougue verbale liée à une gestuelle débridée, M. Sarkozy a eu, tout au long de sa carrière politique (maire, député, ministre, président de parti, chef de l'État), le don de se faire autant aimer des uns que détester des autres.

Un temps exclu du jeu à droite, il redevient incontournable pour la réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier depuis les rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l'Intérieur, et de s'ouvrir les portes de l'Élysée en 2007.

«Président bling-bling» pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d'autres, il sera le premier président depuis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.

«Une autre époque»

Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour. Dès 2013, un «Sarkothon» permet d'engranger 11 millions d'euros pour compenser l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.

«Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe», affirmait-il en 2013.

Sa condamnation dans le procès des écoutes, qui a suscité «stupéfaction» et «tristesse» chez ses soutiens, est venue écorner l'idée d'un recours en 2022 pour une droite encore convalescente.

Il n'en reste pas moins une figure incontournable, que tous les candidats potentiels à droite tiennent à rencontrer ostensiblement. 

A aucun, Nicolas Sarkozy n'a apporté son soutien, soucieux de sa posture d'ancien chef d'Etat au-dessus de la mêlée.

Certains spéculent sur un éventuel appui à l'actuel président français Emmanuel Macron, avec qui il affiche une entente cordiale. Dans la récente crise des sous-marins, impliquant l'Autralie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, il lui avait apporté son soutien, affirmant que M. Macron avait «eu raison de réagir fermement».

L'hypothèse en fait cependant tiquer plus d'un à droite: «Il veut tirer les ficelles. Mais les temps ont changé», affirme un élu.

«Les tempêtes sont dans ma nature et constituent mon identité», affirmait l'ancien président dans son ouvrage «le Temps des tempêtes», en assurant: «J'ai toujours essayé de me rendre indispensable partout où je me trouvais».