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Kobudo d’Okinawa – Frédéric Guérin : « La meilleure des batailles c’est lorsqu’on ne la fait pas »

25 septembre 2021, 16:48

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Kobudo d’Okinawa – Frédéric Guérin : « La meilleure des batailles c’est lorsqu’on ne la fait pas »

 

Vous avez sans doute entendu parler de karaté, de Taekwondo ou de Kyokushinkai. Mais connaissez-vous le Kobudo d’Okinawa ? Cet art martial – où un certain nombre d’armes traditionnelles sont utilisées- se fait en complément du karaté Shorin Ryu d’Okinawa enseigné par le sensei Frédéric Guérin, dans son dojo, à Pailles depuis 2012. Il a accepté de nous parler de cet art martial paradoxalement pacifiant.

 Kobudo est un terme général qui veut dire art martial ancien. Ko (ancien), Budo (art martial). « Le karaté et le kobudo somme comme frère et sœur. Pour les Okinawaiens, la pratique du karaté et du kobudo, ça va de soi. Tout le monde les pratique» poursuit Frédéric Guérin. Depuis qu’il a ouvert son dojo, le ‘Pailles Uchinadi Dojo’ à Pailles, à l’étage de sa maison, en 2012, le Français y enseigne donc le karaté mais aussi le Kobudo. « Le Kobudo est plutôt un grand mix des pratiques des armes okinawaiennes et chinoises. Ces dernières restent dans le dojo et ne quittent pas le dojo. Il n’y a pas de permis spécifique pour les manipuler. Pour le besoin d’une démonstration ou d’un voyage, elles doivent être emballées et aller dans un dans un sac qui sera fermé et mis dans un autre sac. Et ce, pour que les armes (NDLR : seules deux sont coupantes, les faucilles et les machettes) ne doivent pas être facilement prises par la main » précise Frédéric Guérin.

Technique d’attaque avec machette et bouclier (à g.) et riposte avec des tonfas

Aux dires de Frédéric Guérin, la structure du cours de kobudo est la même qu’en karaté. Les pratiquants commencent avec cinq premières armes de base (voir hors-texte). Ils apprennent deux ou trois premières techniques (les ki-hon) ainsi que les katas de base. Et que dire de la difficulté que représente cette discipline ? Pour le Français, la synchronisation des mouvements est plus difficile parce qu’on a une arme ou un objet dangereux entre les mains. Et qu’y a—t-il comme philosophie derrière le kobudo ? Comme on peut s’y attendre, le kobudo, en tant qu’art martial, est un art de vie. Mais il peut paradoxalement pacifier les choses pour éviter la confrontation. « Le kobudo comporte un aspect dissuasif. Lorsque l’on fait peur à un adversaire, lorsqu’on sème le doute dans son esprit, on peut lui faire peur. La meilleure des batailles c’est lorsqu’on ne la fait pas » maintient Frédéric Guérin.

Cela dit, le sensei du ‘Pailles Uchinadi Dojo’ a-t-il des objectifs pour son école d’arts martiaux ? A entendre Frédéric Guérin, ils ne sont nullement commerciaux. Le Français veut transmettre toutes ces techniques - qui lui ont apporté énormément sur le plan mental, physique et comme satisfaction personnelle - à ses élèves pour qu’à leur tour ils puissent l’enseigner et « faire perdurer le Kobudo et le Karaté » de son école. « Le but est de transmettre. Quand on devient ceinture noire, on apprend les bases. De 1er à 5e Dan, on a compris les bases et on fait ses propres recherches. A partir de 5e Dan on continue à faire ses recherches et on transmet ». En somme, ce qui ressort de tout cela, c’est que la tradition okinawaïenne de cette discipline sera pérennisée à Maurice.

Kata exécuté avec les saïs, sorte de tridents

 

Parcours de Frédéric Guérin

Cela fait 40 ans que Frédéric Guérin (48 ans, manager en informatique dans une société française à Maurice) a été initié aux arts martiaux. Il habitait alors à Levallois-Perret non loin de Paris. Dès huit ans, il a pratiqué le karaté dans un dojo de quartier. Mais deux années après, son sensei a été remercié par la ville puisque c’était un club municipal. C’est là qu’il va faire la connaissance d’un autre maître d’arts martiaux en la personne du Japonais Seisuke Adaniya. Il était à la base envoyé du Japon pour présenter le karaté et le kobudo en France. « Le kobudo je l’ai commencé à l’âge de 14 ans (Entre 8 et 14 ans, je n’ai fait que du karaté) avec Seisuke Adaniya qui avait lui-même été l’élève de Shuguro Nagazato, 10e Dan, en karaté et celui de Shinpo Matayashi, en kobudo, 10e Dan également » précise Frédéric Guérin qui n’oublie pas de mentionner que ces deux maîtres d’arts martiaux étaient illustres au Japon. Avant de venir à Maurice, en 2011, Frédéric Guérin était l’assistant de son sensei. Il donnait des cours pour les enfants et je donnais des cours pour les adultes. Il était 4e Dan, grade français. Aujourd’hui, il est 6e Dan, grade okinawaien, équivalent au 5e Dan français. « Je suis affilié à l’AMKF (All Mauritius Karate Federation); je suis aussi enregistré au bureau des associations à Port Louis. J’ai fait authentifier un grade de 4e Dan ici pour pouvoir enseigner, avoir un grade officiel. Il n’y a pas de fédération de Kobudo ici mais les grades son reconnus par mon sensei et reconnus à Okinawa. Il y a une remise de diplômes » signale Frédéric Guérin. A noter qu’une  vingtaine d’enfants et une quinzaine d’adultes pratiquant le karaté et le Kobudo sont déjà inscrits au ‘Pailles Uchinadi Dojo’. Mais en ce moment, seuls pratiquent les adultes, restrictions sanitaires oblige.

 

Nom des armes maniées selon les grades y associés

Ceinture blanche – Bo (bâton)

Ceinture jaune – Saï (Tridents)

Ceinture orage – Tonfa (Matraques de policiers)

Ceinture verte – Nunchaku

Ceinture marron – Eku (rame de pécheur)

Ceinture noire 1er Dan – Kama (Faucilles utilisées par paire)

Autres armes utilisées dans les autres niveaux de la ceinture noire : Kuwa (pioche) ; Suruchin (corde + pierre) ; Nagakama (bâton + faucille) ; Timbe seryuto (bouclier + sabre) ; Tekko (poing américain qui est, à la base, un étrier)

A noter que le plus haut niveau est le 10e Dan en Kobudo okinawaïen où aucun katana n’est utilisé. « A la différence du kobudo japonais qui est la discipline enseignée au samouraï, le kobudo okinawaien n’utilise pas de katana » précise Frédéric Guérin.

Frédéric Guérin, muni de son sansetsukon, bloquant une attaque au sabre de l’un de ses élèves
et de l’eku (rame de pêcheur) de l’autre

 

A propos du karaté Shorin Ryu  et du Kobudo d’Okinawa

Historiquement le karaté vient d’Okinawa qui est le berceau du karaté et du Kobudo. C’était un royaume indépendant, vassal de la Chine. Il y a eu beaucoup d’échanges culturels entre la Chine et Okinawa. Plusieurs familles chinoises sont venues s’installer à Okinawa, apportant leur savoir-faire, leur culture et les arts martiaux. En outre, « il y a une mixité des arts martiaux chinois et locaux qui étaient assez basiques. Ce qui a donné un embryon de karaté à l’époque » laisse savoir Frédéric Guérin.