Publicité

Industrie du bâtiment: un contrôle des prix des matériaux de construction envisagé

10 septembre 2021, 20:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Industrie du bâtiment: un contrôle des prix des matériaux de construction envisagé

Ultimatum du ministère du Commerce aux importateurs et aux détaillants de ciment et de fers de construction. Ils ont jusqu’au 1er octobre pour revoir leurs prix à la baisse ; passé ce délai, le ministère devra sévir pour stabiliser les prix sur le marché. En effet, selon l’enquête et les recherches sur le terrain du ministère, il ressort que, depuis juin 2020, le prix de ces matériaux n’a fait qu’augmenter crescendo, alors que les facteurs externes, à l’instar du coût du fret, entre autres, n’expliquent pas totalement cette hausse. Résultat, le Mauricien qui construit sa maison voit sa facture initiale gonfler au fil du temps ; en cause, principalement, le prix exorbitant des matériaux de construction. 

Pour commencer, il faut noter que ce problème affecte plusieurs pays dans le monde. En juin, BFM TV faisait ressortir l’inquiétude des opérateurs français face à cette flambée des prix de presque tous les matériaux de construction, tels les produits de l’acier qui ont augmenté de 30 % entre décembre 2020 et avril 2021 ; le cuivre qui a augmenté de 20 % et le bois de 30 %, entre autres. Au Royaume-Uni, on parle d’une hausse de 20 % entre juillet 2020 et juillet 2021 du prix des matériaux de construction. 

Quid de la situation locale ? La situation n’est pas au beau fixe, comme nous l’explique le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn. «Les techniciens du ministère ont pris en compte tous les facteurs, incluant la tendance du marché international et le coût du fret, entre autres. Par la suite, nous avons réuni les importateurs et les détaillants pour une consultation afin de mieux cerner ce problème. Or, de notre point de vue, le prix pratiqué par les opérateurs pour la vente des matériaux de construction ne reflète pas la tendance internationale. Nous envisageons donc de contrôler les prix, que cela soit par un prix fixe, un prix maximal ou par d’autres moyens.» Selon nos recoupements, il ressort que de juin 2020 à ce jour, il y a eu pas moins de quatre augmentations du prix du ciment, représentant une hausse de 15 %. Nous avons essayé d’en savoir plus auprès des deux importateurs, Lafarge et Kolos, mais sommes toujours en attente d’une réponse. 

Donc, les représentants du ministère du Commerce ont rencontré ces importateurs pour avoir toutes les données nécessaires, incluant leurs coûts d’importations. Leur analyse finale est que la hausse des coûts de revente n’est pas justifiée. Conséquence, les importateurs ont encore quelques semaines pour annuler les dernières augmentations et revoir leurs prix. Au cas contraire, le ministère prendra les choses en main pour contrôler les prix. Pour ce faire, l’État peut imposer un prix maximum, un prix fixe ou une limite de la marge des importateurs, entre autres possibilités, mais dans tous les cas, le ministère compte fermement stabiliser les prix sur le marché. 

On se rappellera la mise en garde de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) en août. Dans une communication au ministère du Commerce, les représentants de l’association indiquaient avoir appris qu’il y aurait une augmentation du prix de revente du ciment à partir du 1er septembre en raison du coût du fret et que Kolos et Lafarge augmenteraient tous deux leurs prix, ce qui certainement augmenterait le coût de la construction de manière générale. Compte tenu de ces augmentations, l’ACIM demandait que l’on envisage la nécessité de limiter les augmentations en introduisant un contrôle des prix. 

Cependant, il faut noter qu’outre le ciment, la barre de fer de construction accuse aussi une hausse de prix. Que pensent les opérateurs d’un éventuel contrôle des prix ? La fixation des prix est une bonne idée mais la question est comment elle se fera, se demande un des directeurs de Samlo Koyenco Steel Co. Ltd, Mahen Gowressoo. Le problème, indique-t-il, est que divers facteurs influencent le prix. Pour la production de barres de fer dédiées à la construction, les matières premières sont principalement importées d’Inde et de Chine et les prix proposés affichent une tendance à la hausse. Jusqu’ici, il y a eu une hausse d’environ 50 % à 60 %, sans compter le fret qui coûte dix fois plus cher. S’ajoutent à cela, les problèmes pour se procurer un conteneur et les retards pour les recevoir. Pas des moindres, la hausse du prix du diesel a aussi un impact. «À cause de ces problèmes, l’usine sera fermée à partir du 10 septembre (NdlR : aujourd’hui) pour rouvrir le 27 septembre.» Mahen Gowressoo est d’avis qu’il faudrait aborder la situation avec les acteurs concernés pour discuter des problèmes auxquels font face les fournisseurs locaux de ces matériaux. 

Premier à ressentir l’impact de ces coups, ce sont encore les consommateurs qui passent à la caisse. Le président de l’Association of Small Contractors, Gérard Uckoor, explique que celui qui fait construire sa maison risque de payer entre 15 % et 20 % plus cher. «Si vous construisez une maison simple sans étage de disons 1 500 pieds carrés, vous pouvez payer jusqu’à Rs 500 000 plus cher. Rien que pour la fondation, il faut 200 pochettes de ciment et pour compléter la maison, au moins 1 000 pochettes de ciment. Maintenant il y a le coût des fers et tout le reste. C’est clair que le ministère doit contrôler, quitte à importer luimême pour stabiliser le marché, cela conduira à moins d’abus.» 

Peut-on s’attendre que la State Trading Corporation (STC) entre dans le jeu ? Affaire à suivre...