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Vinod Busjeet: «J’espère que les groupes politiques ont compris qu’entretenir de vieilles rancœurs ne sert à rien»

6 septembre 2021, 16:00

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Vinod Busjeet: «J’espère que les groupes politiques ont compris qu’entretenir de vieilles rancœurs ne sert à rien»

Le premier roman de Vinod Busjeet, Silent Winds, Dry Seas, est paru chez Doubleday New York le 17 août. Ce roman est inspiré de l’enfance et de l’adolescence de ce Mauricien qui vit aux États-Unis depuis 1971. Par courriel, il a répondu aux questions sur ce roman qui vous happe dans la moiteur de l’île d’avant le cyclone Carol. Jusqu’à l’Indépendance. Entre l’enfer de la vie des laboureurs dans les champs de canne et l’étouffement dû aux mentalités.

Le père, malade, est allongé dans la chambre d’à côté. La mère ouvre les vannes. Celles du souvenir. Ce qui déclenche une avalanche de sensations chez le narrateur. Il se mettra à nu. Racontant jusqu’à la dépression nerveuse surmontée à l’adolescence. Ainsi démarre Silent Winds, Dry Seas, le roman de Vinod Busjeet. L’ouvrage est sorti le 17 août chez Doubleday New York.

Ce texte est trèssensible à la condition des femmes. Le narrateur, Vishnu Bhushan (il a les mêmes initiales que l’auteur et s’inspire largement de son vécu), nous raconte un cas extrême de violence domestique. Dans cet épisode, l’épouse, Kajal, 17 ans, est mariée à un homme beaucoup plus vieux qu’elle. Il sera son bourreau.

Si Vinod Busjeet n’est pas revenu dans son île natale depuis 2013, il se tient informé de l’actualité locale. «Je lis des histoires de violence domestique dans les médias. C’est malheureux que dans un cas comme celui de Kajal, sa mère et ses frères sont complices de la violence qu’elle subit.» Dans Silent Winds, Dry Seas, nous assistons à l’éveil de la conscience politique du narrateur. Vinod Busjeet utilise la métaphore d’une bagarre entre deux frères. L’un portant du rouge et l’autre du bleu. «Dans ce roman, c’est à la fois le pays et le narrateur qui deviennent adulte.»

Le roman mentionne les bagarres raciales pré-indépendance entre des groupes qui «se sentent menacés dans un climat de frayeur de l’hégémonie hindoue entretenue par certains politiciens et certains journaux». Vinod Busjeet affirme que plus de 50 ans après l’Indépendance, il «aimerait croire que les relations intercommunautaires sont meilleures à Maurice. Que tous les groupes politiques et ethniques ont compris qu’entretenir de vieilles rancœurs ne sert à rien».

Au fil de l’histoire, on croise le Dr Maurice Curé et Harold Walter. Sans oublier Gaëtan Duval décrit comme faisant le joli cœur en satin rose, dans une ambassade. Vinod Busjeet confirme : «Le Dr Curé s’est bien occupé de moi bébé. Des laboureurs racontaient qu’il ne leur faisait pas payer la consultation. Il leur disait d’utiliser l’argent pour s’acheter des médicaments. Je parle de lui parce que les jeunes lecteurs ne connaissent pas sa contribution à l’histoire de Maurice».

L’auteur confirme également avoir assisté à des meetings, à Mahébourg, où Harold Walter a pris la parole. «Il était un orateur exceptionnel, de la trempe de Barack Obama, mais en plus combatif.» Dans le cas de Gaëtan Duval, l’auteur l’a bien rencontré à une réception d’ambassade à Washington. «Je ne vois pas d’un bon œil son action, mais je dois reconnaître son charisme indéniable, voire irrésistible selon certains.»

Ce roman, publié en Amérique est un texte en anglais où résonnent des mots en français, en hindi, en kreol. Jurons compris. Les chapitres sont rythmés par des poèmes. «Je fais confiance à l’intelligence du lecteur pour qu’il comprenne le sens dépendant du contexte, et dans certains cas, à travers une explication. Le défi était de garder le rythme. J’ai suivi le conseil de l’éditeur en enlevant la plupart des italiques. Avec des mots en italiques c’est traiter la langue comme un objet exotique plutôt qu’un outil que l’on utilise couramment. Je veux montrer que les Mauriciens maîtrisent plusieurs langues.»

Le carcan de la religion

<p>Les dérives de la religion, autre thème central du roman. Faut-il voir dans Silent Winds, Dry Seas une mise en garde ? Vinod Busjeet confesse : <em>&laquo;Je suis un athée élevé avec des valeurs hindoues et des valeurs judéo-chrétiennes acquises à travers l&rsquo;éducation et les lectures personnelles. Les penseurs de la Renaissance m&rsquo;ont poussé à adopter une approche rationnelle face aux questions fondamentales sur le sens de la vie, la mort et l&rsquo;au-delà&raquo;. </em></p>

<p><em>Il ajoute que son &laquo;problème&raquo; avec la religion &ndash; peu importe laquelle &ndash;, c&rsquo;est qu&rsquo;elle joue &laquo;un rôle majeur dans l&rsquo;élaboration de normes répressives qui empêchent l&rsquo;épanouissement de l&rsquo;individu&raquo;.</em></p>

<p>Pour l&rsquo;auteur, la religion renforce le patriarcat. <em>&laquo;Ce n&rsquo;est pas spécifique à Maurice, où il y a un accord tacite entre la classe politique et les groupes religieux.&raquo;</em></p>

<p><strong>Parcours. Du RCPLl à la banque mondiale</strong></p>

<p>Après ses études secondaires au Collège Royal de Port-Louis, Vinod Busjeet s&rsquo;envole pour l&rsquo;université Charles de Gaulle à Madagascar. Avant d&rsquo;être inscrit au Wesleyan University (Connecticut), à la New York University, puis à Harvard. Il a fait carrière pendant 29 ans comme international banker à la Banque mondiale et à l&rsquo;International Finance Corporation à Washington. C&rsquo;est après ce riche parcours que Vinod Busjeet s&rsquo;est mis à l&rsquo;écriture. Il a commencé par le scénario d&rsquo;un <em>&laquo;thriller écologiste</em>&raquo;. Et est à la recherche d&rsquo;un producteur. Silent Winds, Dry Seas est son premier roman.</p>

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