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Fin des plans de soutien financier: la crainte des licenciements s’accentue

31 août 2021, 22:30

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Fin des plans de soutien financier: la crainte des licenciements s’accentue

Avec le «Wage Assistance Scheme» et le «Self-Employed Assistance Scheme», diverses entreprises, en particulier du tourisme, étaient sous perfusion. Avec la septaine dès demain et la réouverture des frontières en octobre, cette mesure touche à sa fin. Avec ses répercussions sur le chômage…

Tant attendue, la future réouverture des frontières prévue 1er octobre laisse déjà un goût amer aux prestataires et analystes. Idem pour la septaine pour les arrivants dès septembre 2021. En juillet 2021, 1 242 arrivées touristiques ont été répertoriées par Statistics Mauritius. De janvier à juillet 2021, ce taux totalisait 4 467.

Des chiffres loin de convaincre l’économiste Sanjay Matadeen, également Senior Lecturer à la Middlesex University Mauritius. Hélas, l’emploi risque d’être en péril avec la cessation imminente des plans de soutien comme le Government Wage Assistance Scheme (GWAS) et le Self-Employed Assistance Scheme (SEAS). «Il faut maintenir ces fonds de soutien jusqu’en décembre. Je ne vois pas de croissance touristique ni beaucoup de visiteurs se bousculer. La hausse des contaminations et les décès des personnes positives à Maurice auront un effet boomerang qui ira au détriment du tourisme. On reste optimiste pour janvier 2022.»

Pour l’instant, le chômage a été maintenu artificiellement, préservant des emplois dans cette filière. Selon Statistics Mauritius, ce taux était de 9,8 % au premier trimestre 2021, comparé à 6,9 % en 2020. Au niveau du ministère de l’Emploi, 6 474 cas de «Termination of Employment» ont été enregistrés du 4 janvier au 13 août 2021. Pour cette même période en 2020, ce nombre était de 8 301.

Faillite

L’interruption du GWAS et du SEAS induira un poids financier trop élevé pour certains prestataires qui ne pourront échapper à la faillite, précise-t-il. Pour Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourism Operators (ATO), la catastrophe se présente maintenant. «Avec la réouverture du 1er octobre et les sept nuitées pour la quarantaine dès septembre, seuls quelques hôtels pourront travailler. On est encore dans le flou sur la mise en pratique. Si on enlève le GWAS et maintient la septaine des visiteurs, ce sera le chaos. Car aussitôt, les opérateurs feront face aux coûts fixes, salaires etc. et l’absence de ventes de séjours. Certains travaillent sur leur plan et attendront peut-être 15 jours ou un mois. Si la situation ne s’améliore pas, ils devront sortir les listes qui s’imposent.» Hélas, plus de catégories de travailleurs du tourisme en pâtiront particulièrement, comme les chauffeurs de taxi, les petits et moyens hôtels, tours opérateurs entre autres. Il prévoit davantage de licenciements.

Quant à Thierry Goder, Chief Executive Officer d’Alentaris Co.Ltd, tout dépendra de la trésorerie. Le GWAS était un apport considérable pour le secteur. «Des réservations arrivent. Mais on ne s’arrête pas aux hôtels mais aussi aux sous-traitants. Vont-ils recommencer à travailler immédiatement ? Ce n’est pas certain. Divers opérateurs se sont restructurés pour soutenir l’avenir. Je ne veux pas être l’oiseau de mauvais augure mais cela va être dur. Cela entraînera-t-il des licenciements ? C’est encore trop tôt pour se prononcer.»

Face aux nouveaux impératifs de l’emploi, le ministère du Travail s’active à la mise en place de la National Employment Policy for Mauritius. Ce projet avait été évoqué en 2014 suivi d’un appui de l’International Labour Organisation (ILO). En 2017, la National Employment Act a été promulguée. Cette année, voilà que la National Employment Policy for Mauritius revient de plus belle. Le 23 août 2021, un avis a été émis par le ministère pour le recrutement d’une firme locale pour formuler l’ébauche de cette nouvelle stratégie. Quels en sont les objectifs ? D’abord, celle-ci effectuera une analyse de la situation économique de Maurice. Ensuite, il sera question des stratégies pour 2022 à 2027 et d’élaborer un plan d’action pour une productivité efficiente.

En fait, explique-t-on au ministère de tutelle, il convient de revoir ce qui avait été planifié avant le Covid-19 et après la maladie. «Maintenant, il faudra définir la stratégie dans le nouveau contexte. La policy s’étendra donc sur cinq ans. On a eu des financements dans le Budget 2021/2022 pour recruter la compagnie de consultation.» Selon notre interlocuteur, la stratégie sera présentée l’an prochain et sa formulation effectuée cette année.

Intervenant au Parlement après la présentation du Budget national, Soodesh Callichurn, ministre du Travail, avait déclaré que le chômage, qui demeure un enjeu majeur, nécessite de nouvelles stratégies. Or, selon les axes d’intervention de la National Employment Division rattachée au projet de plan d’action national, figurent une plus grande accessibilité en ligne à ceux en quête d’emplois et de recrutement, la formation et le «re-skilling» entre autres. Des impératifs face aux pertes d’emploi dans la période post-Covid-19.

Comment cette stratégie nationale volera-t-elle à la rescousse des emplois, surtout dans le tourisme ? L’économiste estime qu’il faut prioriser une stratégie économique nationale, ce qui engendrera une demande dérivée pour l’emploi. «C’est en créant des opportunités d’achat de produits et services que l’on pourra générer des emplois. Le Covid-19 induit une crise sans précédent car cela entraîne de grandes incertitudes», avance Sanjay Matadeen.

Pour sa part, Ajay Jhurry appelle à mettre plutôt les bouchées doubles sur le développement direct des idées et des aspects à travailler. «Nous bravons tant de difficultés. C’est bien de venir avec une stratégie mais il faut maximiser le temps pour des solutions immédiates. Des assises nationales pour le tourisme sont nécessaires au lieu d’un travail au piece meal. On a besoin d’un revamping local pour le secteur», déclare le président de l’ATO.

Pour Thierry Goder, toutes les initiatives qui viennent gérer les pertes d’emploi, de «reskilling», «matching» entre autres problèmes récurrents en emploi, sont nécessaires. Mais il convient que tous les acteurs se réunissent pour bien définir le cahier des charges et ne pas se tromper dans l’objectif de la nouvelle approche, indique-t-il.

 

Le sort de 3 723 salariés entre les mains du Redundancy Board

<p>Depuis son instauration en novembre 2019 sous la section 73 de la &laquo;<em>Workers Right Act&raquo;</em> 2019 jusqu&rsquo;au 30 août 2021, le <em>Redundancy Board</em> (RB) a traité 249 dossiers sur 260 dossiers. Ces 260 dossiers concernent 3 273 salariés (destinés à être dégraissés). Selon le RB, sur les 260 cas, 153 dossiers, soit 2 952 salariés font suite à la réduction d&rsquo;effectif ou fermeture d&rsquo;entreprise et 107 cas, soit 324 salariés, font suite à une demande de réintégration ou indemnité de départ. Sur les 153 dossiers de réduction d&rsquo;effectifs ou fermeture d&rsquo;entreprise, 149 ont été réglés où deux cas ne justifiaient pas la réduction des effectifs et quatre dossiers sont en cours. Sur les 107 dossiers de demande de réintégration ou indemnité de départ, 100 dossiers ont été réglés pour lesquels neuf ordonnances ont été rendues (sept demandes d&rsquo;indemnité de départ n&rsquo;étaient pas justifiées et deux étaient justifiées) et sept dossiers sont en cours.</p>

<p><strong>Tourisme : Rs 7,8 milliards déboursées pour le GWAS&nbsp;</strong></p>

<p>Selon la <em>Mauritius Revenue Authority</em>, la somme de Rs 7 779 787 988, soit pratiquement Rs 7,8 milliards, a été payée pour le GWAS pour le secteur touristique, de juin 2020 au 30 août 2021. Quant au SEAS, le montant déboursé est de Rs 240 989 380, équivalant à presque Rs 241 millions, dans cette filière. Sous le GWAS, le nombre d&rsquo;employeurs concernés est de 1 650 alors que les employés se chiffrent à 48 850. En ce qui concerne les bénéficiaires du SEAS, ils totalisent 3 469, d&rsquo;après la MRA.</p>