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Eric Milazar: «Il faut être patient avec nos jeunes sportifs…»

30 août 2021, 14:42

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Eric Milazar: «Il faut être patient avec nos jeunes sportifs…»

Quad il était petit, à Maréchal, Eric Milazar allait ramasser les ballons des grands. Il était alors loin de se douter qu’il deviendrait un jour un athlète de renommée internationale, participerait à quatre Jeux olympiques et serait un die hard fan de Manchester United…

Cela fait quelque temps qu’on n’entend plus parler de vous… 
Mo la meme ! (rires) Peut-être pas trop dans l’actu mais c’est ma façon de faire. Mo la meme, mo faire mo travail. Mo ‘adviser coach’ au ministère des Sports mais mo aussi rattaché à la fédération d’athlétisme, en tant que coach de l’équipe nationale, depuis 2014. 

Vous avez l’expérience du haut niveau de l’athlétisme et avez cotoyé les meilleurs. Quel effet ça fait ? 
Au fait, c’est maintenant que je réalise tout ça. Par exemple, pour l’instant je suis le seul champion d’Afrique à avoir remporté trois titres consécutifs, et de temps en temps quand je regarde des grandes compétitions à la télé et qu’on évoque mon nom et cette perf, je me dis : «Waow, c’était vraiment un exploit !» Heureusement qu’il y a vous, les journalistes, pour nous faire revivre ces moments-là !

Les Jeux olympiques 2020 viennent de se terminer. Quand vous regardez le 400m, est-ce que vous éprouvez une pointe de nostalgie ? 
Non, a ene moment tone bisin raccroché… Mais to encore enan sa l’amour la… To senti ene feeling, sirtou quand to lécourse de prédilection vini… Mone faire 4 Jeux olympiques. Même sans public couma dans Tokyo, li reste pli grand compétition sportive au monde. J’ai toujours ce petit frisson au départ de la course… Moi j’ai fait de l’athlétisme juste par passion, mais il se trouve que je suis toujours resté dedans. Mo travail dans mo domaine. Maintenant, comment sortir de ça ? (rires) C’est ancré en moi…

Le Bahaméen Steven Gardiner a été sacré champion olympique sur 400m et les Américains ont fini bredouilles. Comment vous expliquez cela ? 
Aujourd’hui, chaque pays possède des joueurs professionnels, des coaches compétents et chacun évolue, échange, progresse. La technologie y est aussi pour beaucoup dans ce développement et ce partage de connaissances. Et puis les athlètes eux aussi se disent : «Pa tou letan Américain ki pou gagné !» Les générations et le gratin du sport mondial ont changé et les Américains ne dominent plus le sprint comme avant. Et pour finir, on met beaucoup d’emphase pour lutter contre le dopage, je pense que ça ramène plus d’équité entre les sportifs du monde entier. 

Quand on voit un gars des Bahamas champion olympique, et qu’un Milazar ou un Buckland y étaient presque aussi pour Maurice il y a quelques années. Que vous a-til manqué à vous deux pour obtenir une médaille ? 
Dan moi mo contexte mone galoupe ene ta fois dan bane championnats du monde, et kan nou guet à Paris par exemple, quand découvert après compétition qui deux dimoune participants ti dopé, peut-etre qui sa fine bloque nou chance quelque part… Moi mo ti aller toujour ‘clean’. C’est bane aspect qui peut-etre capave explik qui noune rate nou chance.

Aujourd’hui le sport mauricien ne brille plus sur la scène internationale. Pourquoi ? 
C’est pa ki sport mauricien pa briyé. Li la. Mais, je ne sais pas… (il réfléchit) Nou enan tout pourtant. Peut-être qu’il faut donner le temps au temps. Moi-même j’ai pris 10 ans pour émerger. Cot mo pa ti atane, sa ti vine ene sel coup ! On a des jeunes qui sont bons, il faut leur donner du temps. On a aussi eu des générations fortes, avant moi, pendant et juste après. Là il y a un break, mais ça va revenir. Notre génération mettait plus d’emphase sur l’éthique aussi. Aujourd’hui, des enfants émergent en U16-U18 mais après les parents leur mettent la pression pour aller suivre des leçons particulières. Les études passent avant le sport. Mais notre système est comme ça, il faut l’accepter. Avec le sport qui est devenu ‘examinable’ en Form 4 et Form 5 c’est déjà un bon début. Il faudrait un système de sport-études qui aille jusqu’à l’université, comme aux Etats-Unis ou en France…

Et en athlétisme qu’est-ce qui manque à nos jeunes ? 
Ils ont tout, il ne manque pas grand-chose. Nous devons être patients, le monde dans lequel ils vivent c’est le monde de la technologie. Je les comprends. Avant quand on cherchait un mot on prenait un dictionnaire, eux ils vont taper sur Google… (rires) Moi je devais marcher je ne sais combien de kilomètres pour aller à l’entraînement, ‘azordi bane parents alle quitté alle cherché’. Longtemps, to trouve 2 roche lor simé, ene match pé déroulé, azordi zot fairli… online ! (rires) Ziss pouce qui travail, on marche moins, il y a une certaine motricité qu’on ne développe plus. Le travail manuel a disparu… 

Et votre passion pour le football, c’est venu comment ? 
Tout le temps mo ti content football. Quand mo ti Rodrigues, a Maréchal, deux lékip ti pé entrainé 100m ar mo lacaz, mo ti pe alle ramasse boule depi mo l’école primaire. Quand zot fini train lerla nou gagne boule la pou zouer ene tigit.

Et votre amour pour Manchester United ? 
Lepok Coupe du monde, nou ti pe sanz sanz stickers et nous ti pe trouve ca bane noms anglais la. Nou ti content sa dan zenfan. Couma mone vine Manchester ? Mo pa conner, mais ine rentre ladan. Astere mo ene vrai die hard. A fond Manchester ! Sirtou quand Manchester United ti faire triplé en 1999 et qui mo ti Senegal, c’était ene moment extraordinaire cot Sheringham scoré et mo éclate salon ! (rires) Bane zouere kine faire moi vibré c’était Cole, Yorke, Cantona, Schmeichel… 

Qui sera champion d’Angleterre cette saison ? 
Ce sera un match à quatre. Nou gueter ce qui cave tini. Manchester United pou faire bien avec l’effectif li ena, nou pe attaque la League avec trois lekip. Zot encore en rodage, mais kan zouere pou habitier zot pou vine bien fort. Pour moi United favori pou gagne la League acoz li pou capave tourner. Pa blier Rashford et Cavani pou revini apre… w Serez-vous devant votre télé pour suivre le PSG de Messi cette saison ? Je suis fan du PSG aussi ! Moins die hard que pour Man Utd, mais j’aime Paris en France, le Real en Espagne et Milan en Italie. Je ne crois pas que le PSG de Messi va marcher. Neymar inpe trop gourman boule. Ena trois stars, sakene pou rode montré moi ki la ! Li capave ene plus ou ene moins…

Profil

Prénom : Eric
Nom : Milazar
Age : 46
Profession : adviser coach
Habite à : Belle-Etoile
Sport préféré : athlétisme
Equipe préférée : Manchester United
Joueur préféré : pas vraiment de joueur préféré

Equipe de production

Responsable : Andy T. K. Pathan
Assistant de production : Aurélien Benoît
Equipe de production : Kunal Mungry et Lavesh Jogessur
Sponsor maquillage : Khousbu Nunkoo
Maquillage : Priyanka Mungur
Photographes : Styart Click et Arena Studio (Sébastien Benoît et Loïc Adrien)
Sponsors : Dream Dresses et Vigor

L'article paru dans Lékip du 27 août 2021