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Manque d’hygiène à ENT: des dialysés font entendre leur voix

26 août 2021, 17:00

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Manque d’hygiène à ENT: des dialysés font entendre leur voix

Après avoir été testée positive au Covid-19, Gabrielle* (nom d’emprunt) a été admise à l’hôpital ENT depuis une semaine. Cette patiente, qui est en insuffisance rénale et a besoin de sessions régulières de dialyse, s’est retrouvée en salle de pédiatrie en compagnie de 11 autres femmes dont cinq sont également des dialysées. Toutefois, cette salle est mixte. «Les hommes sont certes dans un autre compartiment mais nous sommes tous dans la même salle. Le manque d’intimité est gênant.» Ce qu’elle et les autres femmes déplorent aussi, c’est l’absence d’hygiène. «Nous nous sommes retrouvées à devoir nettoyer la salle.»

Elle a également dû aider une patiente alitée. «Après lui avoir donné le bain, un membre du personnel soignant a déposé sa couche sale dans le sac où elle conserve sa brosse à dents et son dentier. Comme la salle empestait, nous avons cru que la dame s’était à nouveau salie. Nous l’avons donc aidée en lui redonnant un bain et en changeant sa couche. Or, ce n’est qu’au bout de quelques heures et du fait que l’odeur nauséabonde persistait, que nous avons réalisé la gaffe du personnel soignant», raconte Gabrielle.

Toutefois, comme elle le souligne, une autre équipe médicale a pris la relève, mardi, et il n’y a eu aucun reproche à faire à celle-ci. «Ils ont tout nettoyé et ont fait le nécessaire dans la salle. Aucune critique à leur faire. Pourquoi toutes les équipes ne travaillent pas de la même façon ?»

Une autre patiente, Sheila* raconte son calvaire pour faire changer son pansement. Cette dernière, opérée de l’appendicite, allègue avoir été contaminée lors de son séjour à l’hôpital Victoria. Transférée à l’hôpital ENT, elle confie que, lundi, aux alentours de minuit, son pansement n’avait toujours pas été changé alors qu’il doit l’être tous les jours. Elle s’est alors plainte auprès de l’administration. «Le lendemain, un membre du personnel soignant m’a parlé sur un ton grossier en venant servir le repas. Je pense qu’il a dû être réprimandé par la direction pour le manque de rigueur en salle.» Elle reproche aussi aux infirmiers de ne pas suivre les recommandations laissées par l’équipe précédente.

Toutefois, les patients reconnaissent que l’administration respecte les horaires pour leur dialyse et que les repas sont équilibrés. En revanche, les patients craignent une nouvelle contamination entre eux. Ils s’expliquent. «Nous sommes tous dans la même salle et nous circulons tout au long de la journée. Et si les tests prouvent que nous sommes à nouveau négatifs, en fréquentant d’autres patients positifs, ne risque-t-on pas de redevenir positifs ?»

Nous avons interrogé le Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur de l’hôpital de Vacoas, à ce sujet. «Pour faciliter le travail du néphrologue et de son personnel, nous avons regroupé tous les patients dans la même salle. Vu que c’est une salle de pédiatrie, les toilettes pour les enfants sont différentes de celles des adultes. Mais chaque groupe, hommes comme femmes, a des toilettes séparées. Toutefois, avant de les regrouper dans la même salle, nous les avons informés que nous allions le faire et ils étaient tous d’accord.»

Pour le risque de contamination, le praticien se veut rassurant. «Personne ne peut réinfecter l’autre. Trois patients ont déjà obtenu leur décharge et je pense que d’autres suivront. En étant ensemble, je pense qu’ils peuvent être d’un soutien pour les autres et qu’ils pourront ainsi mieux combattre le virus.»

Pour l’hygiène, le Dr Sok Appadu explique qu’au niveau de l’hôpital ENT, il n’y a pas de personnel dédié. «Toutes les semaines, le personnel change. Il est issu des différents hôpitaux régionaux. Mon challenge, chaque semaine, est de briefer les nouveaux arrivants et leur expliquer comment le travail doit se faire. Malheureusement, certains n’ont pas le même dévouement et le sens du travail bien fait que les autres. Toutefois, ce personnel a déjà une expérience du métier et il sait comment gérer la situation, en particulier pour les dialysés.» Il a donné l’assurance que l’administration fera tout le nécessaire pour éviter que ce genre de problème ne devienne récurrent.

Sept bébés naissent à ENT en une semaine

En une semaine, sept bébés ont vu le jour à l’hôpital ENT. Le Dr Sok Appadu confie que deux patientes, qui ont donné naissance, ont déjà regagné leur domicile avec leur nourrisson après que leurs tests de dépistage du Covid-19 ont été négatifs. Mais il reconnaît que faire naître des petits dans ces conditions restera à tout jamais gravé dans son esprit. «Au total, il y avait dix femmes, qui devaient accoucher. Pour le moment, sept ont déjà donné naissance. Le gynécologue est venu à l’hôpital ENT pour les aider. Certaines ont dû passer par une césarienne. Mais le plus important est que tout se soit bien passé.» Il confie qu’il y a également une infirmière, qui s’occupe essentiellement des bébés en compagnie de deux sages-femmes. «Nous encourageons les mères à allaiter leur bébé. La mère porte un masque, et à travers l’allaitement, elle donne les anticorps que son corps a développés à son bébé. En tout cas, nous vivons des évènements uniques et très «challenging» à l’hôpital ENT.»

Des travailleurs craignent pour leur santé

Ils sont une centaine d’employés d’une usine à Goodlands à craindre pour leur santé. En effet, en début de semaine, ils ont appris qu’une dizaine de leurs collègues ont été testés positifs au Covid-19. «D’autres employés se sont sentis mal, se plaignant de maux de gorge, mais on ne sait pas si tout cela est lié au Covid-19.» Ils ont voulu savoir de la direction si elle prévoyait de faire une désinfection du bâtiment. Grande a été leur surprise d’apprendre que cette désinfection n’était pas prévue. «On a demandé si l’on pouvait, durant cette période, ne pas pointer lors de notre arrivée et lors de notre départ de l’établissement pour éviter la contamination mais la direction ne l’entend pas de cette oreille.»