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Afghanistan : plusieurs morts à l'aéroport de Kaboul, une naissance à bord d'un avion

22 août 2021, 18:30

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Afghanistan : plusieurs morts à l'aéroport de Kaboul, une naissance à bord d'un avion

 

Le chaos à l'aéroport de Kaboul, où des milliers de personnes se pressent depuis la prise de pouvoir par les Taliban, a fait ses premiers morts samedi. Au moins sept personnes sont décédées. Le même jour, une Afghane a donné naissance à une petite fille à bord d'un avion militaire américain qui l'évacuait vers l'Allemagne.

Sept Afghans sont morts dans le chaos près de l'aéroport de Kaboul, a annoncé dimanche le ministère britannique de la Défense. Des milliers de personnes s'y massent depuis plusieurs jours pour tenter d'évacuer l'Afghanistan après la prise de pouvoir des Taliban.

«Nos pensées les plus sincères vont aux familles des sept civils afghans qui sont malheureusement morts dans la foule à Kaboul», a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense dans un communiqué. «Les conditions sur le terrain restent extrêmement difficiles, mais nous faisons tout notre possible pour gérer la situation de la manière la plus sûre et la plus sécurisée possible», a-t-il ajouté.

Samedi, les routes menant à l'aéroport de Kaboul continuaient d'être congestionnées. Des milliers de familles se massaient encore devant l'aérodrome, espérant monter par miracle dans un avion. Devant elles, des militaires américains et une brigade des forces spéciales afghanes se tenaient aux aguets pour les dissuader d'envahir les lieux.

Derrière eux, des Taliban, désormais accusés de traquer des Afghans ayant travaillé pour l'Otan pour les arrêter et de restreindre l'accès à l'aéroport, observaient la scène.

 

«De potentielles menaces»

Samedi, l'ambassade américaine à Kaboul a par ailleurs appelé ses ressortissants à éviter de s'approcher de l'aéroport pour cause de "potentielles menaces de sécurité".

La nature de ces menaces n'a pas été précisée, mais un responsable de la Maison Blanche a fait savoir que Joe Biden avait discuté samedi matin avec de hauts responsables de son gouvernement «de la situation sécuritaire en Afghanistan et des opérations de contre-terrorisme, y compris l'EI», le groupe État islamique.

«Nous conseillons aux citoyens américains d'éviter de se déplacer vers l'aéroport et d'éviter les portes de l'aéroport pour le moment, à moins que vous ne receviez des instructions individuelles d'un représentant du gouvernement américain pour ce faire», détaille le bulletin publié sur le site Internet de l'ambassade.

Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, il sera "impossible" d'évacuer tous les collaborateurs afghans des pouvoirs occidentaux avant le 31 août.

L'administration américaine a fixé à cette date le retrait définitif de ses forces d'Afghanistan, et espère évacuer d'ici là tous les Américains (entre 10 000 et 15 000 personnes), et faire de même pour les alliés Afghans des États-Unis et leurs familles (entre 50 000 et 65 000 personnes).

«Nous nous battons à la fois contre le temps et l'espace», a reconnu samedi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Depuis le 14 août, quelque 17 000 personnes ont été évacuées par les États-Unis, dont 2 500 Américains. Des milliers d'autres ont été exfiltrées à bord d'avions militaires étrangers.

Naissance à bord d'un avion

Au beau milieu de ces nombreuses opérations d'évacuation par les airs, une Afghane a donné naissance à une petite fille dans un avion militaire américain qui l'évacuait vers la base de Ramstein, en Allemagne, a annoncé le commandement mobile aérien de l'US Air Force sur Twitter.

En plein vol samedi depuis une base américaine au Moyen-Orient et à destination de l'Allemagne, la femme enceinte a commencé à ressentir des contractions et "des complications", selon ce tweet.

 

Le commandant de l'avion a alors «décidé de descendre en altitude pour augmenter la pression dans l'avion, ce qui a permis (...) de sauver la vie de la mère», poursuit l'Air Mobility Command sur le réseau social.

Juste après l'atterrissage, des militaires américains ont aidé l'Afghane à mettre au monde son bébé dans l'avion avant qu'elle ne soit transportée avec son nouveau-né vers un établissement hospitalier proche. La mère et la petite fille "sont en bonne santé", selon ce tweet.

En France, toutes les demandes d'exfiltration d'Afghans "instruites"

Les cas de tous les Afghans qui sollicitent les autorités françaises pour demander à être exfiltrés de leur pays tombé aux mains des Taliban sont examinés, a quant à lui assuré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

«Tous les cas qui se sont manifestés, et leur nombre s'allonge de jour en jour avec des centaines de noms, sont instruits», a déclaré le ministre dans le Journal du dimanche.

L'Armée de l'air a déjà transporté jusqu'à Paris plus de 600 personnes sur quatre vols, dont une très large majorité d'Afghans, auxquels s'ajoutent 625 personnes qui avaient été transférés entre mai et juillet en prévision de la prise de pouvoir des Taliban.

«Notre seul problème, c'est l'accès jusqu'à l'aéroport, avec les checkpoints talibans, puis l'entrée dans l'aéroport, où c'est le chaos avec plus d'une dizaine de milliers de personnes qui se pressent à ses portes», a déclaré le ministre.

Dans ces conditions, «tant que l'aéroport reste ouvert, tant que nos personnels y sont en sécurité, nous restons. Notre responsabilité morale collective est de faire en sorte que les Afghans menacés en raison de leurs engagements antérieurs soient évacués», a-t-il estimé.

À cet égard, il a exhorté les États-Unis, qui tiennent l'aéroport, à poursuivre leur opération. «Je leur ai demandé, avec beaucoup de mes collègues, qu'ils prennent leurs responsabilités en faisant en sorte de permettre et de faciliter l'évacuation de l'ensemble des ressortissants et des auxiliaires afghans mais aussi, au même niveau, de l'ensemble des Afghans dont la vie est menacée. Et que la coordination avec les alliés s'opère de façon plus efficace et plus renforcée. Ceci suppose que l'opération en cours se poursuive le temps nécessaire.»

Vers un gouvernement "inclusif" ?

Pendant que les évacuations se poursuivent, le cofondateur et numéro deux des Taliban, Abdul Ghani Baradar, est arrivé samedi à Kaboul après avoir passé deux jours à Kandahar, berceau du mouvement.

Ce mollah, qui dirigeait jusque là le bureau politique des Taliban au Qatar, va «rencontrer des responsables jihadistes et des responsables politiques pour l'établissement d'un gouvernement inclusif», a déclaré à l'AFP un haut responsable taliban.