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Le blues des natifs de l’île autonome

14 août 2021, 22:00

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Le blues des natifs de l’île autonome

Les Rodriguais qui se trouvent toujours dans l’île principale de la République vont de mal en pis. L’un d’eux a été admis à l’unité des soins intensifs cette semaine. En même temps, leur île natale est ébranlée par une affaire de pédopornographie. Une marche a eu lieu hier pour dénoncer ce fléau. Les manifestants en ont profité pour s’attaquer également à celui des grossesses précoces.

Pédopornographie et grossesse précoce : des milliers de vidéos indécentes

Ils étaient nombreux hier après-midi à défiler dans les rues de Rodrigues pour exprimer leur mécontentement face à l’affaire de pédopornographie qui secoue l’île depuis plus d’une semaine. Ils en ont également profité pour sensibiliser la population et les jeunes à la grossesse précoce. Toutefois, c’est la déclaration de la commissaire du Développement de l’enfant, Franchette Gaspard-Pierre-Louis, qui a fait comprendre que la situation est extrêmement grave. Prenant la parole à cet événement, elle a indiqué que l’affaire aurait pu ne concerner que quelques personnes abusant de femmes et de mineures, mais la situation est tout autre. «Nous avons beaucoup de victimes. Il y a probablement des milliers de données et des vidéos qui ont été faites à Rodrigues abusant nos filles en bas âge. Il y a des filles de 10 ans et des moins jeunes. Il y a des adultes âgées entre 55 et 60 ans qui sont des victimes. Je suis bouleversée», fait-elle ressortir.

Un garçon de 12 ans est devenu père

Pour la grossesse précoce, la commissaire a mis les parents devant les faits et leurs responsabilités. De janvier 2021 à fin juillet 2021, 57 mineures ont accouché. Il y a même un garçon de 12 ans qui est devenu père alors qu’une fille de 15 ans a attrapé des maladies sexuellement transmissibles. «Ce n’est pas possible que des mineures quittent la maison de leur mari pour aller à l’école alors que les parents ne disent rien, les voisins ne disent rien ni la société. Il y a des jeunes garçons qui quittent la maison de leurs beaux-parents pour se rendre à l’école. Les parents ne doivent plus prendre comme prétexte les droits des enfants pour ne plus exercer leur autorité. Il est temps que les parents fassent régner l’autorité dans leur maison», martèle Franchette Gaspard-Pierre-Louis.

Les messages des participants étaient clairs. Il faut dénoncer les prédateurs sexuels et il faut identifier les adultes qui ont des comportements inappropriés envers les enfants. Après une minute de silence observée pour exprimer leur solidarité aux victimes, Christian Léopold, enseignant et un des organisateurs de cet événement, a pris la parole. «Il ne faut pas toucher à nos enfants. Non à la grossesse précoce qui fait beaucoup de ravages», a-t-il maintenu.

Par la suite, le recteur de Rodrigues College, Nanrock Perrine, a déclaré qu’un groupe d’élèves et d’enseignants est venu lui dire qu’il ne peut pas rester insensible à cette affaire qui frappe Rodrigues. C’est à partir de là qu’il a organisé un forum avec des associations de Rodrigues et d’autres collèges. «Il ne faut pas passer à l’acte sexuel dès votre jeune âge. Nous disons non à l’acte sexuel avant l’âge», a-t-il insisté.

Pour rappel, depuis la semaine dernière, la police enquête sur une affaire de pédopornographie et de viols d’adultes après que les enquêteurs ont récupéré des images obscènes sur le portable d’un ancien animateur-caméraman de la MBC. Il y a même des photos intimes et des vidéos filmées à l’insu des adultes.

Bloqués à Maurice : l’angoisse et la maladie guettent les Rodriguais

	<p><em>&laquo;Mo anvi trouv mo ser avan mo ferm mo lizié. Rétrouv mo péi. </em><em>Mo mem monn fek opéré.&raquo;</em> Des larmes aux yeux, Abraham Félicité, 64 ans, un des Rodriguais bloqués à Maurice, avait émis ce souhait aux journalistes de l&rsquo;<em>express</em> en juin&nbsp;alors qu&rsquo;il venait de remettre une lettre au Premier ministre. Il voulait aussi rentrer chez lui pour voir son frère&nbsp;qui s&rsquo;est fait amputer d&rsquo;une jambe à la suite d&rsquo;une intervention chirurgicale alors qu&rsquo;un autre frère a dsparu en mer en mars, quelques semaines après son arrivée à Maurice.</p>

	<p>Malheureusement, le sexagénaire a été admis aux soins intensifs le 10 août. Les Rodriguais qui l&rsquo;ont côtoyé affirment que ce sont le stress et la dépression qui l&rsquo;ont conduit à l&rsquo;hôpital. <em>&laquo;Il était en bonne santé, mais il était très triste car après son opération, il ne savait pas s&rsquo;il allait pouvoir rentrer chez lui. Il était chagrin et fatigué. Il ne pouvait pas non plus faire le deuil de son frère&raquo;,</em> témoigne Joyce Jhabeemissur, qui était à ses côtés quand ils ont déposé la lettre au Premier ministre.</p>

	<p>Ce jour-là, il avait confié à l&rsquo;express qu&rsquo;il se sentait coupable. Venu à Maurice à ses propres frais avec un billet ouvert pour une opération chirurgicale, il était accompagné de sa sœur. <em>&laquo;Elle a laissé son mari de 85 ans seul, maintenant à cause de moi, elle n&rsquo;a pas pu rentrer. Je sens un poids sur moi car elle est bloquée à cause de moi&raquo;,</em> disait-t-il. Comme le gouvernement régional de Rodrigues accorde priorité à ceux ayant un billet aller-retour, il n&rsquo;était pas sûr qu&rsquo;il y aurait un dénouement de sitôt car il est arrivé en mars avec un billet ouvert. D&rsquo;ailleurs, il avait tenu une autre conférence de presse le 8 août pour exprimer sa tristesse avant de tomber malade alors qu&rsquo;il y a un groupe de Rodriguais qui entre en quarantaine aujourd&rsquo;hui. Ils pourront être chez eux dans 15 jours.</p>

	<p><strong>&laquo;Critère condamnable sous l&rsquo;Equal Opportunities Act&raquo;</strong></p>

	<p>Cependant, beaucoup d&rsquo;autres Rodriguais sont en attente. Parmi eux, une femme qui a dû accoucher à Maurice loin de son mari. La plupart d&rsquo;entre eux ne veulent pas parler ouvertement craignant d&rsquo;être persécutés. D&rsquo;ailleurs, il y a également des natifs de &nbsp;Maurice et des étrangers résidant à Rodrigues qui ne peuvent regagner leur demeure. Et ils ne savent pas quand ils seront à Rodrigues car le gouvernement régional leur a fait comprendre qu&rsquo;ils ne sont pas des natifs de cette île. Ils jugent ce critère condamnable sous l&rsquo;<em>Equal Opportunities Act</em>. Quelques-uns affirment que l&rsquo;angoisse est insupportable car leur demeure est à Rodrigues.</p>

	<p>En attendant que les vols commerciaux reprennent entre les deux îles, trois patients rodriguais sont décédés de cancer à Maurice cette semaine. Leurs funérailles ont eu lieu à Rodrigues après que le Dornier a rapatrié leur corps. Un autre patient mort le 13 juin sera prochainement rapatrié.</p>
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