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Mobilisation anti-pass: plus de 200 manifestations annoncées samedi

13 août 2021, 19:00

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Mobilisation anti-pass: plus de 200 manifestations annoncées samedi

Jusqu'à quand peuvent-ils continuer ? Quelques jours après la généralisation du pass sanitaire dans la plupart des lieux publics, ses opposants prévoient plus de 200 manifestations en France samedi, à l'occasion d'un cinquième week-end de mobilisation.

Ce mouvement hétéroclite, qui rassemble au-delà de la galaxie vaccino-sceptique ou complotiste, a grossi de manière inédite en plein cœur de l'été.

La semaine dernière, le ministère de l'Intérieur a recensé 237 000 manifestants sur l'ensemble du territoire, deux fois plus que pour les premiers rassemblements d'ampleur nationale le 17 juillet. Samedi, les autorités s'attendent à «une mobilisation du même ordre, voire légèrement supérieure», explique une source policière à l'AFP.

Trois rassemblements sont prévus à Paris avec, comme les semaines précédentes, une division nette entre les deux principaux qui agrègent l'essentiel des manifestants.

D'un côté, le défilé organisé à l'appel de l'ex-numéro 2 du Rassemblement national et désormais président des Patriotes, Florian Philippot, partira de la place de la Catalogne vers 14h30. De l'autre, un cortège déclaré par des «gilets jaunes» rassemblera ceux qui refusent de marcher aux côtés de l'extrême droite, avec un départ depuis la Porte dorée vers 13h00.

Très suivi dans le sud, le mouvement rassemble chaque semaine des foules importantes dans des villes comme Toulon, Montpellier ou Nice, où de nouvelles manifestations sont attendues samedi.

Malgré cette contestation, le pass sanitaire s'est généralisé depuis lundi dans la plupart des lieux publics, après le feu vert donné par le Conseil constitutionnel pour son extension.

Bars, restaurants, cinémas, musées, hôpitaux, transports longue distance... Tous sont tenus de réclamer le QR code qui témoigne d'une vaccination complète, d'un test négatif dans les dernières soixante-douze heures, ou d'un rétablissement face à la maladie lors des six derniers mois.

Dans les cortèges, composés de citoyens très divers, souvent sans affiliation politique ou syndicale, ce dispositif est perçu comme une atteinte aux «libertés» et comme une «obligation vaccinale déguisée». Certains manifestants dénoncent également une «dictature sanitaire».

Société incandescente

Une accusation rejetée en bloc par Emmanuel Macron, en première ligne face à la contestation.

Après avoir tenté de convaincre les plus jeunes directement sur les réseaux sociaux, le président a expliqué mercredi «mesurer les contraintes» liées à l'instauration du pass et a estimé qu'il n'y avait «pas d'autre choix car c'était cela ou la fermeture du pays».

La «situation dramatique» aux Antilles, confrontées à un nouveau pic meurtrier provoqué par le variant Delta alors que la vaccination y est trois fois plus faible qu'en métropole, offre une «démonstration cruelle» de la nécessité du vaccin, selon le chef de l'Etat.

Confronté au défi de convaincre sans stigmatiser, l'exécutif redoute également une radicalisation du mouvement anti-pass.

Mercredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné une surveillance renforcée autour des centres de vaccination, de dépistage ou des pharmacies, à la suite d'une série d'actes de malveillance.

Certains cortèges incluent également une frange antisémite, qui arbore notamment un nouveau slogan: «Mais Qui ?».

Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran a dénoncé depuis la Martinique les manifestants qui protestent «avec des pancartes extrêmement bariolées et des motifs parfois extrêmement douteux, (...) voire complètement crades».

En visite à Carcassonne (Aude), où il a été pris à partie par une passante vaccino-sceptique qui a accusé le gouvernement de «tuer la France», le Premier ministre Jean Castex a reconnu mercredi que «la société est fatiguée, incandescente», après un an et demi de lutte contre la pandémie.

Le gouvernement souhaite tenir son objectif de 50 millions de Français ayant reçu une première injection à la fin du mois d'août. Face à la contestation, il brandit la carte de la majorité silencieuse: depuis la mi-juillet, les prises de rendez-vous dans les centres de vaccination dépassent de très loin le nombre d'opposants mobilisés dans la rue chaque samedi.

Minoritaires selon les sondages, les manifestants ne désarment pas et comptent sur la fin des vacances pour accentuer la pression.

Dès jeudi, Florian Philippot a appelé sur Youtube à un «grand événement unique, national, le samedi 4 septembre prochain», avec «toutes les forces» politiques.