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Mauritius Investment Corporation: Avinash Gopee joue et gagne à tous les coups

30 juillet 2021, 10:40

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Mauritius Investment Corporation: Avinash Gopee joue et gagne à tous les coups

Son père Nundun Gopee était proche des Jugnauth. Le fils a conservé ces précieuses relations et en a bénéficié énormément. Prêts, pas géométriques, terrains de l’État à bail, des routes… Dernière bonté du gouvernement, des prêts de la MIC.

Avec Akai Fisheries Ltd, c’est le nom d’Avinash Gopee comme bénéficiaire des largesses de la Mauritius Investment Corporation (MIC) qui aura entaché cette institution. D’abord parce que ses compagnies ne semblaient pas satisfaire les critères pour obtenir l’argent puisé des réserves de la banque centrale, ensuite parce que ses projets n’avaient pas été approuvés par l’Investment Committee de la MIC. C’est ce qu’a affirmé en tout cas Xavier Duval lors de sa conférence de presse de mardi dernier. Et Avinash Gopee a d’autres projets immobiliers en cours, comme celui d’Asmara aux Salines Pilot à Rivière-Noire pour lesquels il a été tout aussi gâté par le gouvernement. Nous nous y sommes rendus lundi.

Une nouvelle route au coût de Rs 350 millions a été construite menant à ce complexe résidentiel. On ne sait pas si les promoteurs Beachcomber, Avinash Gopee et Hyvec ont contribué au financement. Le rapport de l’audit de 2019 en faisait état et exigeait que ces promoteurs remboursent à l’État leur part dans la construction de cette route. «Le gouvernement s’est chargé d’amorcer les dégâts à les Salines Rivière-Noire en entreprenant la construction de la route qui traverse le site et tout cela sans EIA, en toute opacité. À se demander aussi si en plus des dégâts, est-ce que tous les promoteurs se sont acquittés de leur contribution pour la construction de cette route»? se demande Carina Gounden d’AKNL.

Et l’on ne sait pas non plus comment le projet d’Asmara a obtenu son certificat EIA avec ses 60 unités...

Érosion à vue d’oeil

«17 townhouses, sept penthouses, 28 apartments and huit villas, this oceanview residence within lushly landscaped gardens enjoy unobstructed views in Les Salines facing the sandy beach of La Preneuse.» C’est ce que l’on peut lire sur le site d’Asmara Beachfront Residences. Or, pour tout sandy beach, nous n’avons constaté qu’une étroite bande de sable couverte de coraux et de détritus apportés par les vagues. Le plus préoccupant, c’est la vitesse à laquelle s’érode cette plage car dépourvue d’arbres et autres lianes de batatran, qui servaient à retenir le sable. «Montée des eaux, changement climatique nous dira-t-on», ironise un écologiste.

En fait, toute cette région des Salines Pilot est considérée comme une zone sensible. Marécages, zones inondables, mangroves, vasières (mudflats), tout y passe et sera recouvert de béton, nous dit Percy Yip Tong que nous avons contacté. Il nous explique qu’en période de pluie, l’eau s’accu- mule partout. Il se demande si ces villas de luxe ne seraient pas pieds dans l’eau quand il pleut…

La hache d’arme vous souhaite la bienvenue Mais il y a plus. Pour Percy Yip Tong, la publicité d’Asmara est mensongère. «On montre une plage blanche, l’eau turquoise et la possibilité de s’y baigner ou d’y faire du kite surf. En fait, l’eau est vaseuse car la plage est située devant l’estuaire de la Rivière-Noire, qui charrie de la boue des montagnes et des autres régions.» Il nous indique aussi la présence en grand nombre des redoutables hache d’armes, un genre de coquillage en forme de cône enterré dans le sable et dont seul le bord tranchant comme une arme dépasse. «On ne peut marcher dans l’eau sans risquer de se blesser gravement sauf si l’on chausse des bottes en caoutchouc.» Des villas devant une plage qui s’érode à vue d’œil, la présence dans l’eau de hache d’armes et autres bestioles comme le cordon qui vous colle à la peau, un lagon boueux et le ballet incessant de bateaux bruyants. «Mais tout cela n’est pas mentionné sur le site», nous dit Percy Yip Tong. «D’ailleurs, les habitants du coin ne nagent pas ici…»

À moins, ajoute-t-il inquiet, «que l’on y passe un bulldozer pour enlever tous les organismes vivants et creuser un chenal. Mais cela, ils n’ont pas le droit de le faire. Mais on ne sait jamais.» S’ils le font, de nombreux pêcheurs et ramasseuses de ces mêmes hache d’armes seront privés de ces coquillages. D’ailleurs, on a croisé deux jeunes filles, Nathalia et Juliana, qui s’en vont quotidiennement ramasser les hache d’armes qu’elles nettoient avant de les revendre. Quand elles n’arrivent pas à trouver de clients, elles s’en servent pour leur repas. Que ferontelles et le pêcheur Michael si ces ressources disparaissaient ?

Les copains d’abord

En construisant cette route d’accès, le gouvernement a fait une première victime : les Salines Pilot, qui ont dû céder aux sirènes du ‘développement.’ Le pays doit maintenant importer du sel. Encore un pas en direction de l’autosuffisance alimentaire ! Des rumeurs circulent à l’effet que trois de ces villas ont déjà été réservées.

À propos du père

Nundun Gopee, le patriarche, aurait été mêlé à d’autres trafics dans les années 80. Le rapport de la commission d’enquête Rault sur la drogue faisait état des biens dont disposait Nundun Gopee à l’époque et qui ne s’expliquaient pas par ses revenus comme contracteur. Le juge Maurice Rault a conclu à la page 25 que le contracteur était un trafiquant de drogue. Mais en octobre 1987, la Cour suprême devait blanchir Nundun Gopee en enlevant la section le concernant dans le rapport Rault.