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Covid-19 dans des dortoirs: Patu, Mohamad et Babul, des Bangladais, se confient

21 juillet 2021, 14:00

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Covid-19 dans des dortoirs: Patu, Mohamad et Babul, des Bangladais, se confient

Ils sont touchés de près par le Covid-19 depuis quelque temps, avec des centaines de cas recensés dans des dortoirs. Depuis le mois dernier, plusieurs Bangladais ont été testés positifs au virus sur leur lieu de travail ou dans leur dortoir, donc. Face aux préjugés et à la peur des Mauriciens, rencontre avec trois d’entre eux avant qu’ils ne rentrent dans leur pays cette semaine…

Village de Notre-Dame, 11 heures. Patu Shutrodhar, Mohamad Kokan et Babul, âgés de 30, 32 et 29 ans respectivement, vont rendre visite à un de leurs amis. Ils ont fait le trajet depuis Ébène car c'est l’heure de dire au revoir à leurs connaissances. En effet, ces Bangladais vont prendre l’avion pour retourner dans leur pays natal, vendredi.

Après avoir passé quatre années à travailler dans la construction à Maurice, ils vont rejoindre leur village, en pleine pandémie de Covid-19. Avec beaucoup d’hésitation, ils nous confient que «c’est l’heure» et qu’ils ne peuvent plus rester à Maurice. Mohamad Kokan et Babul ont chacun une épouse et une petite fille qui les attendent là-bas. Ils sont impatients de regagner leur pays et de retrouver les leurs.

Mais tous les travailleurs bangladais n’ont pas cette chance. Depuis la semaine dernière, d’autres font la une de l’actualité après contracté le Covid-19. D’ailleurs, plusieurs dortoirs sont actuellement fermés. Une situation difficile pour ces Bangladais car le jugement des autres à leur égard est très pénible. Même s’ils n’arrivent pas toujours à comprendre les conversations des Mauriciens, les mimiques, les gestes et la manière dont certains agissent, en les voyant, témoignent de la peur qu’ils inspirent. «Pa nou kinn amenn sa, nou res ant nou, nou travay apré nou al dan nou bann dortwar, lakaz tousala. Bien rar nou sorti pou marsé dan Moris», dira Patu Shrutrodhar en hindi.

Pour ces hommes, le Covid-19 est une maladie à laquelle ils se sont «habitués» à Maurice. Étant majoritairement entre Bangladais, ils disent que c’est la raison pour laquelle ils ne l’ont pas attrapé. Ils expliquent qu’ils n’ont plus peur du virus. Au Bangladesh, avec 1,1 million de cas, ils racontent que leurs familles arrivent à gérer la situation en maintenant les gestes barrières et en prenant les précautions qui s’imposent. «La majorité des cas sont recensés en ville. Dans les petits villages, c’est moins facile de l’attraper. Jusqu’ici aucun membre de ma famille ne l’a eu, heureusement», soutient Mohamad Kokan.

Les trois hommes ont déjà reçu leur première dose de vaccin. La seconde attendra. Pour eux, le plus important est de rentrer à la maison une bonne fois pour toutes. Pourront-ils faire la seconde dose de Sinopharm au Bangladesh ? «On ne sait pas, on va se renseigner en rentrant et aussi en allant faire notre test PCR demain (NdlR,aujourd’hui)», confie Babul timidement. En effet, selon le protocole mis en place, Il faudra que les tests PCR de Patu, Mohamad et Babul soient négatifs pour pouvoir qu’ils puissent prendre l’avion. Leurs sacs sont déjà faits et mentalement ils se sont déjà préparés pour le voyage. «Nous ne reviendrons pas à Maurice pour diverses raisons, mais nous avons beaucoup appris ici. Maintenant, après quatre ans, il est l’heure de retrouver nos familles.»

 

Des habitants de Beau-Bassin inquiets…

<p>Un sentiment d&rsquo;inquiétude semble s&rsquo;être installé à Beau-Bassin, plus précisément au Baboolall Baichoo Lane. En effet, depuis qu&rsquo;une centaine de cas ont été détectés dans une usine à La Tour Koenig, des habitants de Beau-Bassin craignent que les travailleurs étrangers de cette entreprise ne soient porteurs du Covid-19. <em>&laquo;Il y a un dortoir des employés de cette compagnie à Beau-Bassin&raquo;</em>, avance un habitant. Ce porte-parole des résidents de la localité va encore plus loin. <em>&laquo;Ce dortoir serait même illégal car la compagnie n&rsquo;aurait pas eu l&rsquo;autorisation d&rsquo;y opérer.&raquo;</em> La compagnie en question a publié dans les journaux une demande d&rsquo;autorisation d&rsquo;opérer un dortoir dans cette région. <em>&laquo;Dans une pétition, datant du 31 mai 2021, nous avons fait part de notre anxiété que cette demande soit agréée. Nous avons fait comprendre que ces dernières années, ce dortoir, qui avait été utilisé par une autre compagnie de textile, nous avait causé du tort. Nous avons constaté qu&rsquo;il y a une pollution sonore ou encore que les conditions hygiéniques ne sont pas respectées aux abords dudit dortoir. Nous avons donc objecté à ce qu&rsquo;il soit de nouveau utilisé.&raquo;</em> Cette pétition a été déposée le 7 juin, à la municipalité de Beau-Bassin-Rose-Hill. Par ailleurs, au niveau du ministère du Travail, l&rsquo;on apprend que l&rsquo;entreprise en question a obtenu l&rsquo;aval pour accueillir les travailleurs étrangers. Ce dortoir reçoit des travailleuses bangladaises pour une période de 36 mois.</p>