Publicité

Réouverture des frontières: le tourisme tente de reprendre son envol

14 juillet 2021, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Réouverture des frontières: le tourisme tente de reprendre son envol

Le 15 juillet, Maurice entame son premier virage de réouverture du territoire. Une mesure des plus attendues par les prestataires du tourisme, secteur en souffrance depuis les confinements de 2020 et 2021. À la veille de la reprise, comment s’organisent les choses ? Combien de visiteurs sont attendus sous nos cieux ? État des lieux à J-1.

«Environ 500 à 600 personnes sont attendues à Maurice pour la réouverture du territoire le 15 juillet. Cela inclut des Mauriciens qui reviendront dans l’île», déclare Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals (ATP). Ainsi, dès demain, des vols d’Emirates Airlines et d’Air Mauritius arriveront de Dubaï et de Paris respectivement. «Pour celui d’Emirates, les voyageurs ne proviennent pas uniquement de Dubaï puisqu’il s’agit d’un hub. Les vols s’annoncent bien remplis. En sus des étrangers, il y a des Mauriciens ainsi qu’une clientèle importante – le Visit Family and Relatives (VFR), certains séjours de longue durée entre autres», affirme Arvind Bundhun, directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). D’après le président de l’ATP, les premiers arrivants à Maurice comporteront des gens d’affaires et des étrangers gérant des entreprises locales et qui reviennent dans l’île.

Selon le directeur de la MTPA, cette réouverture sécurisée a été balisée pour pérenniser la reprise intégrale du 1er octobre. «On est très confiants. Évidemment, Maurice demeure tributaire de l’accès aérien. Comparée à l’ère pré-Covid-19, la régularité des vols ne sera plus la même. Toutefois, plusieurs compagnies aériennes ont manifesté leur intérêt à desservir Maurice dès octobre», indique-t-il.

Qu’en est-il des lignes aériennes qui reprendront du service demain ? Umarfarooq Omarjee, Executive Director d’Omarjee Aviation, évoque la reprise d’Air Mauritius, d’Emirates Airlines, de Turkish Airlines et d’Air Austral dès ce 15 juillet. Au niveau d’Emirates Airlines, les vols vers Maurice seront opérés les jeudis et samedis, soit deux sur une base hebdomadaire. À partir du 15 juillet, la ligne sera desservie par un Boeing 777- 300ER, et dès le 1er août, par l’A380 d’Emirates.

«Air France et British Airways reprendront leurs vols en août tandis que Luftansa, Eurowings et Austrian reviendront en octobre. Maurice accueillera probablement de nouveaux venus comme Air Belgium en octobre également. Ces reprises varieront en fonction de la demande des passagers et des mesures sanitaires», affirme-t-il. Dans les prochains jours, les possibilités de reprise des vols d’Alitalia, représentée par notre interlocuteur, seront déterminées. Qu’en est-il de leur fréquence ? Celle-ci sera réduite, soutient-il. Par exemple, de six à sept vols, le taux avoisinera entre un et trois vols par compagnie aérienne au début de la réouverture. De plus, ces entreprises opèreront de plus petits appareils pourvus de moins de sièges pour répondre à la demande appelée à croître progressivement.

Système de couleurs

Un autre défi majeur du secteur est la situation sanitaire de nos marchés touristiques, reprend Arvind Bundhun. À titre d’exemple, La Réunion fait face à un accroissement des cas de Covid-19, ce qui nécessite le retour de l’état d’urgence sanitaire sur l’île sœur, précise-t-il. Ailleurs, les nouveaux variants progressent, poussant certaines nations, dont la France, à favoriser les voyages européens plutôt que les longs courriers.

Face à ces impératifs, infrastructures aéroportuaires, hôteliers, entre autres prestataires mauriciens, mettent les bouchées doubles pour cette reprise très attendue après plus de 15 mois d’inactivité. Un travail de longue haleine, agrémenté d’une collaboration public-privé, pour l’avancement du protocole, ajoute-t-il. «Au niveau de la chaîne du voyage, on est littéralement prêts. Une réunion pour tout peaufiner aura lieu aujourd’hui», déclare le directeur de la MTPA.

À l’aéroport, indique Daniel Saramandif, un système de couleurs ainsi qu’un protocole structuré ont été instaurés. À ce titre, les arrivants, catégorisés comme vaccinés et non-vaccinés, seront canalisés vers deux couloirs sanitaires différents pour rejoindre leurs hôtels. Ils auront ces cartes de couleur en fonction de leur classification vaccinale.

Comment cela se passe au niveau de leur hébergement ? Les voyageurs vaccinés séjourneront au sein de quatorze hôtels certifiés «Safe travels», accédant ainsi aux facilités de l’établisse- ment jusqu’à leur troisième test PCR négatif. Après celui-ci, ils pourront alors explorer l’île. Quant aux voyageurs non vaccinés, ils devront réserver 14 jours dans un des huit hôtels de quarantaine et seront confinés dans leur chambre. Au 14e jour et leur troisième test PCR négatif, ils seront libres de leurs mouvements.

D’après Arvind Bundhun, l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) prévoit un taux d’occupation de 25 % des établissements hôteliers pour commencer. Graduellement, ces chiffres augmenteront. Ce qui fait renchérir l’optimisme des opérateurs. À l’exemple de Stephan Anseline, directeur du Tamassa, qui accueillera les visiteurs dès le 1er août. Les demandes, en particulier de Mauriciens voulant rentrer au pays, se multiplient, avance-t-il. «Comme nous avons débuté une quarantaine le 3 juillet après un vol de rapatriement de Dubaï, nous décontamineront l’hôtel le 17 juillet pour la reprise le 1er août. Une première décontamination est effectuée par le ministère de la Santé suivie d’une seconde par une firme spécialisée. Ensuite, nous effectuons une diversité de tests de surface, d’air, d’eau entre autres afin que tout soit bien conforme. Après l’obtention d’une certification, on rouvrira», explique-t-il.

«Grande victoire» du 1er octobre

Selon lui, la filière touristique s’est rapidement pliée aux exigences sanitaires afin que le touriste s’amuse toujours en dépit du strict protocole qui s’insère au voyage. «On n’a pas travaillé normalement depuis 15 mois. Aussi, les employés montrent leur engouement. Cela dit, il faudra un monitorage continu pour le ‘contact tracing’ et numériser pas mal de procédures avec la reprise post-Covid», soutient-il.

De son côté, Jean-Michel Pitot, Chief Executive Officer d’Attitude Resorts, dont certains hôtels accommoderont les voyageurs vaccinés, et président de l’AHRIM, se dit prêt à accueillir les nouveaux clients. «Avec l’annonce de réouverture partielle le 15 juillet, on s’est bien préparé pour être en adéquation avec le protocole sanitaire. Notre mission est de nous assurer que les hôtels soient bien en état. La maintenance était d’ailleurs bien effectuée. Et comme nous avions des clients mauriciens récemment, cela nous a bien aidés», déclare-t-il. Avec des employés motivés, ce dernier s’active parallèlement à la future «grande victoire» du 1er octobre. Selon lui, la phase intermédiaire du 15 juillet permettra de «régler la machine».

En ce qui concerne les hôtels de quarantaine destinés aux voyageurs non vaccinés, Daniel Saramandif émet certaines réserves. «Comme ces établissements accueilleront les touristes non vaccinés, il y a davantage de risques. Ils n’atteindront pas forcément 50 % de réservations. Vont-ils couvrir leurs frais d’opération ? Cette première étape du 15 juillet servira de tremplin pour la réouverture complète d’ici octobre», déclare-t-il.

Pour Umarfarooq Omarjee, la reprise touristique avait été préparée depuis plusieurs mois. «Graduellement, certains protocoles et la liste des pays en liste rouge ont été mis à jour. Et depuis hier, d’autres consignes sont en vigueur, notamment sur la vaccination autorisée. Par exemple, l’Union européenne accepte l’AstraZeneca d’Oxford mais pas le Covishield. À Maurice, les deux sont autorisés désormais. Aussi, la préparation est continue», déclare-t-il. À son sens, tous les acteurs touristiques sont fin prêts pour la première étape. La seconde phase sera sans doute marquée d’ajustements au gré de l’évolution pandémique mondiale et de l’enthousiasme des visiteurs à revenir sous nos cieux.